Le groupe Lectra, à Paris et Cestas (Gironde), spécialiste de la conception et fabrication de systèmes de découpe de matériaux souples (confection textile, revêtements de sièges auto, airbags, mobilier), dont il est le leader mondial, démarre l'année sur les chapeaux de roues, avec un chiffre d'affaires de 62,2 M€, en hausse de 12 % sur un an et un bénéfice net qui explose de + 38 %, à 5,1 M€.

"Ces résultats sont particulièrement sympas mais la conjoncture reste fragile, ce qui n'empêche quand même pas d'être heureux. Nos systèmes de découpe de tissu Vector ont enregistré" un nombre de commandes record et nous avons vendu deux FocusQuantum, des machines à 1,5 M€ l'unité, qui servent à fabriquer les airbags", explique Daniel Harari.

Avec GST, quitte ou double ?

En mars dernier HMT, fabricant chinois d'airbags, a été le premier industriel à faire l'acquisition d'un FocusQuantum one-piece-woven (une seule pièce tissée -OPW). Ce qui porte à trois le nombre des ventes pendant ce 1er trimestre. Les deux machines vendues d'un coup l'ont été au groupe allemand GST (Global safety textiles), dirigé par Christophe Dervyn, leader mondial chez les indépendants de la production des sacs et tissus pour l'industrie de l'airbag.

"Notre machine a été testée par Dervyn en Pologne pendant six mois avant d'être certifiée par ses ingénieurs. Au prix où elle est vendue cette machine ne suscite pas de débats sur son intérêt mais sur ce qu'elle coûte. Avec GST on ne sait pas ce qui va arriver, mais les ventes risquent d'être exponentielles. Ces machines quasiment personne ne les avait vues l'an dernier, elles n'existaient pas, et les budgets des ont été bouclés sans. Pourtant nous en avons vendus trois pendant le trimestre", décortique Daniel Harari.

6 M€ d'investissement à Cestas

Le DG de Lectra préfère cependant ne pas se perdre en conjectures. Les ventes de Vector, qui ont atteint le nombre de 84 pendant le trimestre, ont également battu tous les records. Autant de bonnes nouvelles qui alimentent la hausse des commandes : nouveaux systèmes (+ 23 %, à 26,1 M€) et équipements de CFAO (conception et fabrication assistée par ordinateur), à 17,5 M€ (+ 41 %). L'absence de grands projets a toutefois limité l'activité sur les licences de logiciels, qui sont stables.

Ce "clignotant orange", selon Daniel Harari, entraine un recul de la formation et du conseil, à 2,5 M€ (- 6 %). Le groupe poursuit à Cestas un programme d'investissement d'environ 6 M€ sur deux ans qui va se solder au final par un agrandissement de 2.000 m2 de l'unité de production des machines ou encore la rénovation du bâtiment de recherche.

La valse des monnaies

La situation internationale, marquée en particulier par des situations de crise économique et souvent politiques, au Brésil, en Chine ou en Turquie incite Daniel Harari à une certaine prudence. Il table néanmoins sur une croissance d'activité de + 6 à + 12 % en 2016 et ne croit pas que l'on puisse dire que la croissance rebondit. Habitué à suivre de très près la variation des monnaies au plan international, Daniel Harari ne comprend pas que les Français puissent penser que le yuan, la monnaie chinoise, a baissé par rapport à l'euro.

"Le yuan a baissé de 5 % entre février et avril par rapport au dollar américain mais il est remonté de 15 % par rapport à l'euro. Du point de vue chinois, le yuan n'a pas cessé de s'apprécier depuis le début de l'année. Lectra ne profite plus de la baisse de l'euro par rapport au dollar à cause des mouvements de ces monnaies périphériques, avec le yuan mais aussi le yen japonais. Heureusement ça ne touche que 1 % de notre CA", analyse Daniel Harari.

Le DG de Lectra reste très optimiste pour le 1er semestre 2016.