Pour le patron de Lectra, "le cash ne ment pas"

Le groupe Lectra, à Cestas (Gironde) et Paris, coté en Bourse, a encore accéléré sa croissance au 3e trimestre 2015, alors que deux de ses marchés clé, la Chine et le segment de l’automobile, sont en recul.
Daniel Harari, à droite, DG de Lectra, à Shangai le 23 septembre dernier

Daniel Harari, directeur général de Lectra, qu'il codirige avec son frère André (président), a commenté pour La Tribune - Objectif Aquitaine les résultats de ce 3e trimestre hier soir après la clôture des marchés. Lectra (1.500 salariés dont 600 à Cestas), leader mondial en conception et développement de systèmes de découpe (progiciels, machines) pour les industries utilisatrices de matériaux souples, comme la mode, mais aussi l'automobile (revêtement des sièges) et l'ameublement, ne s'est jamais aussi bien porté. Après une hausse de + 15 % au 2e trimestre 2015 par rapport à la même période en 2014, le chiffre d'affaires du groupe a progressé de + 10 % au 3e trimestre, également sur un an, à 59,3 M€.

Forte hausse de l'activité

"Le point noir c'est la baisse des commandes, en Chine et dans l'automobile, qui sont deux points forts de Lectra. Nos prévisions concernant les commandes de nouveaux systèmes s'établissaient à + 15 % et nous avons réalisé - 9 %, à données constantes. Notre chiffre d'affaires est boosté par nos commandes précédentes", éclaire Daniel Harari. Pour autant Lectra n'est pas en train de surfer sur la crête de la vague en attendant d'être happé par un creux abyssal.

C'est tout le paradoxe de la situation. La hausse sur trois mois de 33 % du résultat opérationnel, à 9,8 M€, et celle du résultat net, qui gagne 35 %, à 7 M€, vont de pair avec la production d'un cash flow libre de 10,8 M€ pendant le trimestre. Une évolution parfaitement conforme à la trajectoire suivie pendant les neuf premiers mois de l'année qui ont permis au groupe de réaliser un chiffre d'affaires de 175,7 M€, en hausse de 14 % sur un an, tandis que le résultat opérationnel bondissait de 73 %, à 23 M€.

Solidité des fondamentaux

"Au terme des neuf premiers mois de l'année, nos capitaux propres atteignent 105,3 M€. Nous ne sommes pas endettés et nos fondamentaux sont plus solides qu'ils ne l'ont jamais été, c'est historique. Pourtant nous devons faire face à une alerte conjoncturelle qui va rendre plus difficile notre quatrième trimestre, analyse Daniel Harari. Notre chiffre d'affaires annuel, au lieu d'atteindre la barre des 240 M€, poursuit-il, va osciller entre 235 et 238 M€. La consolation c'est que notre résultat net va dépasser les 29 M€ annoncés pour être compris entre 30 et 32 M€. Comme nos fonds propres et notre trésorerie vont continuer à augmenter, ce tassement de l'activité n'aura pas d'impact sur nos fondamentaux. Le cash ne ment pas."

Sur le plan macroéconomique, le consensus chez Lectra est que le recul brutal du marché automobile est essentiellement lié à la baisse de la croissance en Chine et aux contrecoups de l'affaire Volkswagen, deux facteurs qui ont provoqué l'attentisme des investisseurs.

Explosion de l'ameublement

"La Chine représente deux-tiers des commandes automobiles. Nos compensations, nous les avons eues en Amérique du nord, en forte progression, et à nos ventes dans l'ameublement, qui ont été multipliées par trois grâce au lancement, il y a trois ans, du système de découpe Versalis", relève le directeur général. Versalis, qui dispose d'un système automatique d'analyse des peaux avant découpe, est utilisé non seulement dans l'ameublement (canapés...) mais aussi dans l'automobile.

Sur les neuf premiers mois de 2015, l'automobile a représenté 30 % de l'activité de Lectra, en recul de 13 %, l'ameublement 12 % de l'activité (contre 4 % à la même période en 2014) et la mode plus de 52 %, en progression de 5 %. Daniel Harari se félicite du virage économique pris par la nouvelle direction du Parti communiste chinois, qui, avec le plan "Made in China 2025", a décidé de réorienter l'outil de production vers le marché intérieur au lieu de rester dépendant des exportations.

La Chine aussi chère que les Etats-Unis

"A court terme nous n'avons pas de visibilité sur le marché chinois. Mais à moyen terme la situation est très favorable. En se tournant vers son marché intérieur l'économie chinoise va devenir plus solide et l'annonce faite aujourd'hui par les instances du Parti communiste de l'abandon de la politique de l'enfant unique est une très bonne nouvelle", juge Daniel Harari.

Si selon lui produire en Chine coûte aujourd'hui aussi cher qu'aux Etats-Unis mais moins cher qu'en Europe et en France, ce Polytechnicien, qui a refusé avec son frère de délocaliser Lectra en Chine il y a quelques années, savoure aujourd'hui sa victoire. Plus coûteux que les autres, les systèmes de Lectra, développés et fabriqués en Gironde, se sont imposés comme la référence technologique mondiale sur ce marché.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.