Quelles solutions pour favoriser le logement et donc l'emploi ?

L'impact de la problématique du logement sur les ressources humaines est énorme. En filigrane, ce sont la mobilité des salariés, leur avancement professionnel, mais aussi la capacité des entreprises à attirer de nouveaux collaborateurs ou à se développer qui sont remises en question. Une table ronde organisée à Bordeaux a permis de dégager quelques pistes.
Eric Sarrat (GT Logistics), Marc Coquart (groupe La Poste), Tony Lourenço (Territoires TH) et Jean-François Leu (Action Logement)

Faciliter l'accès au logement pour favoriser l'emploi : l'événement organisé en début de semaine par Action Logement en partenariat avec La Tribune, a permis de faire le point sur ce sujet brûlant dans les zones denses où l'accès à l'habitat est de plus en plus complexe, comme sur la métropole bordelaise, autant que dans des territoires plus isolés.

Gérant paritairement la participation des employeurs à l'effort de construction (PEEC), Actions Logement agit autour de deux axes : construire et financer des logements sociaux et intermédiaires en priorité dans les zones tendues, et accompagner les salariés dans leur mobilité résidentielle et professionnelle à travers une batterie de services et d'aides. Elle détient 500 filiales immobilières dont 72 entreprises sociales pour l'habitat (ESH) et capitalise sur un parc d'un million de logements. Ces éléments ont été rappelés par Philippe Déjean, président du Comité régional d'Action Logement en Nouvelle-Aquitaine, précisant qu'Action Logement avait profondément changé au 1er janvier 2017, avec le regroupement sous cette seule marque des 20 CIL qui assuraient précédemment la collecte de la PEEC et la distribution d'aides et de services, et un redécoupage collant aux régions administratives. "Nous comptabilisons 35.000 salariés aidés, dont 5.600 en mobilité. Au moins 40 % des salariés auront un jour bénéficié d'une aide d'Action Logement", a ainsi précisé Philippe Déjean, précisant à juste titre que "tout ne peut pas être misé sur les métropoles" et que les territoires plus isolés ne devaient pas être négligés.

Les réalités bordelaises

Président et dirigeant fondateur du cabinet de recrutement Territoires RH, Tony Lourenço a ensuite dressé un portrait équilibré de la métropole bordelaise, dont l'attractivité "cache les réalités de l'arrivée des cadres à Bordeaux". La problématique est désormais connue : dans le cadre d'une mobilité, le conjoint subit souvent "une année de passage à blanc" avant de retrouver du travail. Pour Tony Lourenço, "emploi et logement sont intimement liés et ce dernier peut clairement être un frein". La montée en flèche des prix de l'immobilier à Bordeaux génère un excentrage de la population qui, tout en travaillant dans la ville-centre, se retrouve à loger aux confins de la métropole voire au-delà, enchérissant d'autant les temps de trajet et le coût domicile / travail.

"Le logement est une donnée importante dans l'équation familiale, résume Tony Lourenço, au même titre que la baisse de salaire d'un cadre quand il quitte Paris, environ 900 € en moyenne, l'emploi du conjoint qui peut freiner la mobilité. Il ne faut pas non plus éluder certains éléments très prosaïques qui vont de la présence d'écoles, collèges et lycées à proximité ou celle d'un entourage proche. Dans un cas sur quatre, la mobilité est liée à une envie de se rapprocher de la famille et des amis."

Marc Coquart, directeur logement Sud-Ouest du groupe La Poste, a par la suite posé sa problématique :

"Nous gérons la question du logement pour 19.000 postiers de Nouvelle-Aquitaine, dont 6.000 rien que sur Bordeaux, comparativement à 240 dans tout le département de la Creuse par exemple. Les situations sont donc très différentes. Sur certains territoires le parc privé suffit, pour d'autres comme à Bordeaux ce n'est pas le cas. Nous déployons donc toute une série d'offres pour faciliter la mobilité et l'évolution professionnelle de nos équipes : bonifications de prêts immobiliers, dispositifs d'aides en cas de difficulté..."

Des chalets pour pallier le manque de logements

Eric Sarrat a lui aussi témoigné de son expérience. Le président de la société girondine GT Logistics a déjà une solide expérience de la difficulté à embaucher et a la capacité à toujours trouver de nouvelles voies. Il n'a par exemple pas hésité à recruter au bord des plages pour un nouveau site logistique créé à Biganos :

"Les salaires étaient assez bas, on a donc saisi quelques logements disponibles et on a payé les cautions pour nos nouveaux employés. L'idée était que ces derniers puissent avoir accès à leur habitation à pied ou en vélo. Généralement, notre problématique est qu'on peut former nos futurs employés, on peut leur donner un CDI, mais on est en difficulté sur le logement."

Le dirigeant tente actuellement de mettre en œuvre un modèle original à Annecy, où là aussi le coût du logement devient exorbitant. Pour le patron de GT Logistics, présent sur 35 sites industriels de ses clients et comptant 1.000 collaborateurs en cette fin d'année :

"Pas de salariés = pas de contrat pour nous, c'est aussi simple que cela. La liste d'attente pour avoir des disponibilités de logements équivaut à trois ans et demi d'attente. On va donc acheter des terrains et y faire construire des chalets en bois, bien isolés. Nous parlons bien d'un parc résidentiel privé d'une dizaine de chalets, accessibles à partir de 400 € pour nos futurs salariés célibataires et 550 € pour les familles. L'opération coûtera un million d'euros."

De son côté Jean-François Leu, directeur de la délégation régionale Action Logement Nouvelle-Aquitaine, a insisté sur la nécessité d'anticiper ces questions de mobilité et de logement tout en rappelant "la capacité d'Action Logement à mettre en place des plans d'action spécifiques". Il a également fixé le cap : "Le développement du logement social, intermédiaire et en plus temporaire. Nous devons tendre vers plus de réactivité. L'objectif à long terme est d'augmenter nos capacités." Pas n'importe où :

"Nous allons avoir la possibilité de mieux cibler les besoins, les projets des entreprises, et de territorialiser les données. Nous conventionnons avec les collectivités pour travailler autour de leur développement. C'est notre problématique : trouver le bon logement au bon endroit au bon moment."

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