L'Enseirb-Matmeca veut accueillir davantage d'entreprises

Plus importante école d'ingénieurs de Nouvelle-Aquitaine avec 1.200 étudiants et 6 filières, l'Enseirb-Matmeca, installée à Talence près de Bordeaux, entend développer ses partenariats avec les entreprises, notamment en créant de nouvelles chaires industrielles. Mais aussi en accueillant davantage de startups dans ses murs.
Pierre Fabrie, directeur de l'Enseirb-Matmeca
Pierre Fabrie, directeur de l'Enseirb-Matmeca (Crédits : Bordeaux INP)

Il faudrait dire Ecole nationale supérieure d'électronique, informatique, télécommunications, mathématique et mécanique de Bordeaux. Dans les faits, son petit nom est l'Enseirb-Matmeca. L'école d'ingénieurs est un des piliers de Bordeaux INP (Institut national polytechnique), et son directeur Pierre Fabrie, arrivé aux commandes en novembre dernier à la suite de Marc Phalippou, le dit sans ambages :

"Notre rôle est de participer au développement économique de la région et à son rayonnement, en attirant des étudiants d'autres territoires et en fournissant les meilleurs profils possibles aux entreprises."

L'Enseirb-Matmeca pèse lourd : plus de 1.200 élèves ingénieurs, 6 spécialités (4 sous statut étudiant : électronique, informatique, télécommunications et mathématique et mécanique, 2 par alternance : réseaux et systèmes d'information d'une part et systèmes électroniques embarqués d'autre part). Mais aussi 110 enseignants et enseignants-chercheurs, autant d'intervenants industriels, 4 laboratoires de recherche adossés, 1 plateau technique et 1 fablab.

Que l'on parle de l'Université ou des écoles d'ingénieurs, on entend parfois dans la bouche d'entrepreneurs la petite musique qui les dit en retard et incapables de leur fournir en nombre suffisant des salariés pointus en matière d'intelligence artificielle ou de big data. Pierre Fabrie a une réponse toute trouvée : les moyens contraints des écoles.

"J'aimerai beaucoup mais je ne peux pas rajouter de formations, reprend Pierre Fabrie. En revanche, je peux les faire migrer. Par exemple, il n'est pas impossible qu'on fasse migrer une option génie logiciel et big data vers les transports intelligents. Tout l'enjeu est d'adapter nos enseignements aux nouveaux besoins des entreprises, et de le faire rapidement. Mais ce qui nous limite, c'est le budget de l'école. Pour ouvrir de nouvelles formations et répondre à la demande, il nous faudrait davantage de postes d'enseignants. Hors, l'Etat n'en crée pas !"

Hors masse salariale et fonctionnaires, le budget annuel de l'école atteint 2 M€.

Deux chaires industrielles en projet

Se pose alors la question de la place des entreprises dans les enseignements. Historiquement, la France est assez frileuse sur le sujet, bien plus que sa voisine l'Allemagne par exemple où le monde entrepreneurial est par exemple bien plus présent à l'université. Pas de frilosité sur le sujet de la part de Pierre Fabrie :

"Nous faisons déjà en sorte que l'industrie intervienne dans nos formations ou soutiennent l'école. Je peux citer en exemple le projet bien avancé de deux chaires industrielles, une sur la cybersécurité et une autre sur les objets connectés, soutenues par des industriels et qui participent à la recherche, à la pédagogie... Une ouverture sur l'extérieur est primordiale. Un des rôles de l'université est de former des penseurs au sens large. La finalité des écoles d'ingénieurs est différente. Y a-t-il des réticences ? Oui. Nous accueillons déjà plusieurs entreprises dans nos locaux. Pour autant, alors que je projette d'ouvrir des locaux supplémentaires pour héberger davantage de sociétés innovantes, il y a des craintes de la part d'une partie des équipes que cela se fasse au détriment des élèves ou des enseignants-chercheurs. J'aimerai que fin 2018 ou début 2019, au 3e étage du bâtiment historique de l'école, l'on puisse réhabiliter quelques bureaux pour donner de meilleures conditions de travail aux enseignants vacataires et accueillir également 5 ou 6 startups."

Le directeur de l'Enseirb-Matmeca cadre tout de suite les choses : "Notre vocation n'est pas de louer des surfaces. Il faut que ce soit donnant-donnant : de l'hébergement adossé à une expertise dont pourrait profiter l'école." Un projet qui va s'ajouter à 3 priorités définies par Pierre Fabrie pour le début de son mandat de 5 ans : "Finaliser le modèle économique pour les filières par alternance avec le CFA sup Nouvelle-Aquitaine (ex-Centre de formation des apprentis de l'enseignement supérieur recherche Poitou-Charentes, nouveau partenaire de Bordeaux INP pour les filières par alternance, NDLR), développer nos partenariats avec les entreprises avec une action particulière pour la création de chaires industrielles et accompagner, en fonction de nos moyens, les priorités du Conseil régional en matière de formation d'ingénieurs dans nos domaines d'expertise".

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