Hammel, le quincailler devenu roi du robinet 4.0

Innovante depuis sa création, en 1948, près de Périgueux (Dordogne), la quincaillerie et robinetterie familiale Hammel est devenue un groupe au rayonnement international, préparant l’avenir en pariant sur la R&D et ses investissements dans les startups disruptives. A l’occasion du Petit Déjeuner interactif de La Tribune, organisé au Mercure Cité mondiale de Bordeaux, en collaboration avec Crédit agricole Aquitaine, Raymond Hammel, son PDG, interrogé par Jean-Philippe Déjean, a décrit sa stratégie de développement.
Préparant sa succession à la tête du groupe qu'il a contribué à développer, notamment à l'export, Raymond Hammel conduit néanmoins ses nouveaux chantiers innovants comme le développement de la R&D, la digitalisation de services ou encore les collaborations avec les startups.

C'est en quincaillers de quartier, près de Périgueux, après avoir été, comme 250.000 autres Strasbourgeois, déplacés vers la région Aquitaine, car non "protégés" par la ligne Maginot... que Rolph Hammel  et sa femme Lucie se sont lancés dans l'aventure entrepreneuriale en 48.
Portée par le boom économique des Trente Glorieuses, mais aussi par un coup de génie commercial, la proposition des produits via la vente par correspondance aux plombiers et chauffagistes locaux, la société Hammel s'est rapidement imposée comme un acteur majeur de la robinetterie générale.
Une vente par correspondance qui est devenue nationale sous l'impulsion de Raymond, leur fils, pionnier, à son tour, du commerce électronique dans les années 80, avec le Minitel, puis, dès la fin des années 90, avec Internet.
C'est aussi sous l'impulsion de ce fils, devenu président, que la société florissante est devenue un groupe de 15 sociétés, 400 salariés et actuellement 150 M€ de chiffre d'affaires.

"Notre force est sans doute d'avoir, depuis Périgueux, su dès le départ répondre aux besoins immédiats des professionnels de la gestion des fluides, et donc d'avoir posé les bases, sans le savoir vraiment, de ce qu'on appelle la supply chain, la logistique et, grâce au Minitel, déjà, innové dans la relation client", analyse Raymond Hammel, PDG du groupe.

Asie, Europe de l'Est et Amérique du Sud dans le collimateur

Au travers de plusieurs secteurs d'activités, la robinetterie, activité historique, les produits techniques de chauffage et de sécurité de l'eau (Somatherm), le pôle traitement de l'eau (Merkur, Aqua Filtres, DMZ) ou encore les salles de bains et douche (Aqua+), le groupe Hammel rayonne internationalement dans une grande partie de l'Europe (Italie, Espagne, Benelux...). Aujourd'hui, il réalise 30 % de son CA à l'export, mais l'internationalisation est encore en cours...

"Nous voulons que l'export pèse à hauteur de 50 % de notre CA à l'horizon 2020. Nous venons d'ouvrir une filiale en Chine, qui emploie 10 personnes à ce jour. De là, une fois que nous aurons pris des positions commerciales sur place, nous adresserons d'autres marchés asiatiques."

Raymond Hammel reconnaît également étudier, plusieurs nouveaux dossiers d'opérations de croissance externe, tous étrangers, qui vont pouvoir ouvrir au groupe de nouveaux marchés en Europe de l'Est notamment.
Déjà présent en Pologne, véritable tête de pont pour partir à la conquête de la Roumanie, la Tchéquie, le groupe Hammel lorgne également sur l'Inde et l'Amérique du Sud.

"Pour les premiers tout reste à faire mais il fait prendre des positions le plus tôt possible. Pour les seconds, Brésil et Argentine par exemple, nous sommes dans l'attente de meilleures situations économiques", reconnaît le PDG.

R&D, numérique et digital

Au-delà de l'expansion géographique, le groupe Hammel travaille, depuis des décennies, sur le développement de produits. L'équipe de R&D comptant 10 ingénieurs dispose d'une enveloppe moyenne de 3 M€ pour, cela fut surtout le cas par le passé, améliorer des produits existants, et désormais concevoir les produits innovants du groupe.

"Nous sommes devenus un fabricant intégré. Aujourd'hui, 50 % des produits que nous distribuons sont nos propres produits, nos innovations. Nous disposons de 100 brevets en portefeuille...", assure Raymond Hammel.

Des produits qui s'adressent aux professionnels, plombiers, installateurs - "nous faisons en sorte que nos innovations facilitent leur vie" - mais aussi pour le grand public, de plus en plus bricoleur, qui trouve les produits du groupe sous marque propre ou sous une des 44 marques de distributeur dans la grande distribution de bricolage.
Pour pousser encore plus loin sa stratégie innovante, le groupe Hammel s'est lancé il y a quelques années et sous l'impulsion de la génération suivante - deux des trois enfants de Raymond Hammel- dans le soutien financiers aux entreprises innovantes.

"Nous savons que les produits que nous distribuerons dans moins de 10 ans n'existent pas encore. Nous savons aussi que l'évolution de nos métiers vient tout juste de commencer. Nos opérations de croissance externe, nos diversifications, notre internationalisation ont toujours pour but de croître en nous émancipant au maximum des phénomène conjoncturels comme le ralentissement de l'activité du bâtiment de ces dernières années", souligne Raymond Hammel.

Des huiles essentielles dans les colonnes de douche ?

"La décision de s'ouvrir au monde des startups, via des prises de participation, du co-développement, la décision de créer un pôle numérique et digital qui mobilise 10 personnes en interne va dans ce sens !", assure le PDG.

Dans les faits, le groupe Hammel développe, en interne et aussi via les startups qu'il accompagne, de nouveaux services, applications innovantes, qu'il est prêt à lancer sur les marchés, notamment celui de la domotique et de l'Internet des objets.
Des innovations tous azimuts, comme des applications permettant de détecter les fuites d'eau, où qu'elles soient, des services qui relient la consommation d'eau du domicile à l'état de santé d'un usager ( !), voire la création de colonnes de douche capables de diffuser des huiles essentielles...

"Nous travaillons avec une startup qui commercialise par Internet des cartouches d'huiles essentielles. Nous étudions la possibilité d'intégrer son système à nos colonnes de douche", raconte Raymond Hammel.

Après s'être appuyé sur l'explosion du marché français, les opérations de croissance externe, l'internationalisation, le groupe Hammel parie sur l'innovation, voire la révolution des usages pour bâtir une partie de sa croissance à venir.
Une croissance qui pourrait aussi être portée par le marché français.
Vigie de l'activité du bâtiment, le dirigeant estime que la situation connaît un mieux notable depuis le début de l'année 2016.

"Les périodes de crise, pour nous, se sont soldées par des successions rapides de hausses et de baisses d'activité. Là, depuis le mois de janvier, la croissance est constante, elle ne connaît plus de soubresauts, et le mois de mai a été bon..."

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