C'est sur du classique, la chaussure confort pour femmes, que la PME Jmg Houcke a bâti son modèle d'entreprise. Classique aussi est sa distribution : 200 points de vente, uniquement des détaillants indépendants. Une seule boutique en propre, à Excideuil, en Dordogne, à deux pas d'un l'atelier qui emploie 11 personnes toute l'année.
Georges Houcke avait fondé la société en 1960. Jean-Michel son fils en est depuis 2002 le dirigeant.

Une société dont le discours semble en total décalage avec les aspirations de toutes les entreprises d'aujourd'hui. Pourtant, si elle est loin d'appartenir au passé, elle ne s'en réclame pas non plus. Pas de nostalgie, par rapport au glorieux passé de la chaussure périgourdine, aujourd'hui quasi uniquement porté par la célèbre marque Repetto, revenue des enfers sous la houlette d'un patron génial, Jean-Marc Gaucher.

Pas de réseau social pour Jmg Houcke, pas de e-commerce, pas de stratégie 2.0 à part un site Internet "plaquette", pas de stratégie de com ultra élaborée, pas de marketing viral.
Jmg Houcke n'est pas une marque connue, elle ne cherche pas à l'être, peut-être faute de moyens disponibles pour cela. C'est une marque reconnue par les commerçants de la chaussure et ses clientes généralement fidèles. C'est une entreprise qui se veut juste efficace.
Pas de stratégie de développement à l'export non plus. "C'est une orientation possible", lâche Jean-Michel Houcke, avant de conclure aussitôt : "Mais nous n'en avons pas besoin."
Ses actions commerciales sont concentrées sur les salons professionnels de Toulouse, Colmar, Martigues, Villefranche/Saône... loin, très loin des fashion weeks de Paris, Milan, Londres et New York.

Qualité, conseil, proximité

Jmg Houcke parie tout sur la qualité de sa production, le conseil, la proximité. Rien de spectaculaire, rien qui fasse rêver les magazines de mode féminins, mais cela marche.
La petite société de Dordogne vend 15.000 paires de chaussures, qui peuvent être, à la demande, réalisées sur mesure, pour les pieds les plus compliqués à chausser. On appelle cela le sur-mesure orthopédique.
Ce chiffre de ventes lui permet de vivre correctement et de faire vivre celles et ceux qui fabriquent les deux collections par an (été/hiver) dessinées par Jean-Michel Houcke et qui collent à l'air du temps. Cette année, par exemple, ce sont des ballerines avec des bleus électrique et bleus lagon qui s'imposent dans la collection. On peut être classique dans son organisation, sa distribution, sans pour autant être ringard.
On peut faire du made in France et adapter ses prix à la clientèle des détaillants indépendants, proposer du sur-mesure à celles qui viennent dans l'atelier d'Excideuil, en faisant au passage du tourisme industriel, et livrer, partout en France, en 4 ou 5 jours.
Et dans le fond, sur le marché de la chaussure made in France, quelle PME française dit mieux aujourd'hui ?