"La France, un formidable laboratoire pour l’économie collaborative"

[#Biznext] Phénomène du moment, ultra-médiatisé, l’essor de la consommation collaborative interroge autant qu’elle intéresse. Que sera la viabilité à long terme de ces startups ? Comment cherchent-elles à faire évoluer les comportements du grand public ? Stéphane Savouré, président fondateur de Koolicar, un des principaux services d’autopartage en France, donne son point de vue. Il animera la masterclass "Consommer autrement" lors de Biznext Bordeaux le 17 décembre.
Stéphane Savouré, président de Koolicar

Ingénieur, Stéphane Savouré a exercé pendant vingt ans dans le secteur ferroviaire et les télécoms. Vice-président Opérations d'Alstom à Montréal pendant onze ans, il fonde, avec Alexandre Bol, Koolicar en 2011. Plutôt que de rajouter des voitures dans les rues, la plateforme s'intéresse au partage de véhicules entre particuliers et met au point la Koolbox, un boîtier connecté installé dans l'habitacle permettant d'éviter l'échange de clé. Koolicar fédère aujourd'hui une communauté de 50.000 utilisateurs. Stéphane Savouré animera la masterclass "Consommer autrement" lors de la 1re édition de Biznext, le 17 décembre à Bordeaux. Inscrivez-vous et venez lui poser vos questions en direct !

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Stéphane Savouré, peut-on résumer Koolicar en quelques chiffres ?

"Notre startup est née en 2011, elle compte aujourd'hui 21 collaborateurs, pour une moitié en France (marketing, service client...) et pour l'autre moitié au Canada (développement du site, etc.). Koolicar compte 50.000 inscrits à l'heure actuelle, contre 1.500 membres à l'été 2014, quand nous sommes sortis de l'ombre à l'occasion d'une levée de fonds de 2,8 M€ avec l'assureur Maif. Nous venions alors de boucler plusieurs expérimentations, dont une à Bègles près de Bordeaux."

L'enjeu pour les acteurs de la consommation collaborative est d'atteindre une certaine masse critique. Quelle est votre stratégie pour l'acquérir ?

"Nous avons opté pour une approche "écosystème" en travaillant avec d'autres acteurs de la mobilité, des collectivités, des assureurs... L'exemple de la Maif est très représentatif. Cet assureur, c'est 3 millions de personnes assurées. C'est aussi 3 millions de clients potentiels pour nous, Koolicar. Si c'est votre assureur qui vous parle de nos services, vous aurez plus confiance.
Je pars du principe que pour changer durablement les comportements, il faut garantir une alternative à la voiture solo. Une société seule n'apportera pas cette garantie. C'est pour cette raison que nous collaborons avec les collectivités locales, avec d'autres acteurs tels que Citiz, le groupe Bolloré et ses Bluecars... Sans être certain d'avoir une solution fiable pour répondre à son besoin, l'utilisateur n'abandonnera pas son véhicule personnel."

Voyez-vous un phénomène de concentration arriver dans l'autopartage, comme dans d'autres secteurs tels que la fintech ?

N'oublions pas que nous en sommes au tout début de l'aventure. Il y a un contraste assez frappant entre l'écho que la presse et d'autres se font de l'économie collaborative, et la réalité. Aujourd'hui, il n'y a pas 10 millions de Français qui attendent de pouvoir partager leur voiture. Ce n'est pas vrai. L'Hexagone compte environ 35 millions de voitures privées, si 100.000 sont partagées, c'est un maximum. C'est une goutte d'eau dans un marché gigantesque. Les acteurs qui survivront seront ceux qui résisteront alors que l'inertie est très importante malgré les attentes des nouvelles générations. Cette dernière est en partie liée à la durée de vie d'une voiture, de l'ordre de 8 ans. Ce qui veut dire qu'il faudra peut-être attendre 8 ans pour que vous abandonniez votre véhicule personnel..."

Alors que beaucoup fustigent les lourdeurs françaises, vous dîtes pourtant que notre pays est plutôt précurseur en matière d'autopartage ?

"La France est effectivement un véritable laboratoire pour l'autopartage mais plus globalement pour la consommation collaborative. C'est en partie dû à la réglementation, avec une législation sur les assurances qui nous permet d'aller plus vite qu'aux Etats-Unis, et à un monde politique qui a favorisé tout cela. Je pense notamment au programme Investissements d'avenir, unique au monde, et qui a permis à des startups, des collectivités, des grands groupes, de travailler ensemble. C'est ce que nous avons fait avec Citiz, la ville de Bordeaux..."

Quelle est votre stratégie BtoB ?

"Nous avons déjà quelques contrats BtoB dans le monde. J'ai coutume de dire que notre métier, aujourd'hui, est de mettre de l'intelligence dans des voitures qui n'en ont pas encore. La Koolbox, ce n'est rien d'autre qu'un petit ordinateur sur lequel on télécharge une application d'autopartage, Koolicar. Demain ce sera une application permettant de conduire plus écologique, de gérer une flotte de véhicules... On peut parler de voiture servicielle, et c'est là que l'on retrouve le dénominateur commun avec Koolicar.
Nous travaillons par exemple avec La Poste sur une solution interne de partage de sa flotte de véhicules. Mais notre partenariat est imaginé de sorte que demain, cette même flotte pourrait être ouverte à la communauté Koolicar. Allons plus loin : pourquoi ne pas imaginer, demain, une mairie qui met à la disposition de ses administrés ses propres véhicules, quand les circonstances le permettent ? Avec le partage, avec la voiture servicielle, je crois fermement que l'on va assister à une nouvelle révolution de l'automobile, d'une ampleur similaire au passage des chevaux aux autos à moteur."

Biznext, 150 minutes pour décoder l'économie 4.0, le 17 décembre à partir de 18 h à la Cité mondiale de Bordeaux. Au programme : une keynote, 5 masterclass durant lesquelles le public pourra directement poser ses questions aux experts, et une remise de prix. Inscription gratuite et obligatoire.

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