Le rachat par les groupes de presse La Dépêche du Midi, à Toulouse, et Centre France, à Clermont-Ferrand, de 52 % des actions détenues par GSO (Groupe Sud Ouest), dans le capital du groupe Midi Libre, à Saint-Jean-de-Vedas (banlieue de Montpellier), doit être bouclé le 1er mai. Pivot du pôle Journaux du Midi au sein de GSO, le groupe Midi Libre se compose notamment de plusieurs publications, dont les quotidiens Midi Libre, L'Indépendant et Centre Presse Aveyron. Informés une première fois le 30 janvier sur le déroulement de l'opération, les syndicats du groupe Midi Libre seront réunis en comité central d'entreprise le 4 mars pour connaître les derniers détails du changement d'actionnaires en cours. Jean-Michel Baylet, PDG de la Dépêche du Midi, a été mandaté le 30 janvier dernier par son conseil d'administration pour "finaliser la reprise du Groupe Les Journaux du Midi" comme cela a été annoncé aux salariés du groupe de presse toulousain.
L'impact du retrait
Pas possible dans l'immédiat d'avoir la plus petite précision par rapport au communiqué officiel.
"Dans notre alliance avec La Dépêche du Midi, nous sommes minoritaires mais je ne vous donnerai pas de détails à ce sujet, ma parole n'est pas encore libre", confirme ainsi Alain Védrine, directeur général du groupe Centre France.
Le silence radio est absolu à la direction générale de La Dépêche du Midi et à la présidence de GSO. Le 28 août dernier, quand l'annonce de la cession du groupe Midi Libre a été faite par GSO, La Dépêche du Midi et Centre France, les plus optimistes pouvaient estimer que le dossier serait réglé en décembre. Mais le 30 janvier, GSO, dont Olivier Gerolami est le PDG, a fait savoir qu'il allait céder la totalité des actions qu'il détient dans le groupe héraultais, représentant 97 % du capital de cet ensemble. Coup de théâtre d'autant plus frappant que GSO devait au départ conserver une minorité de blocage dans le capital du groupe Midi Libre, soit 33,4 % des actions. Un des enjeux centraux de la négociation a ainsi été modifié rendant les pourparlers forcément plus complexes.
"La Dépêche et Centre France vont reprendre 52 % des 97 % d'actions possédées par GSO, ce qui fait qu'il reste 48 % du capital à céder" précise Catherine Rocher, déléguée syndicale SNJ (Syndicat national des journalistes) à Midi Libre.
Entre 30 et 40 M€ ?
Le fait que le prix de cession du groupe Midi Libre n'ait pas été divulgué le 30 janvier milite pour l'hypothèse d'un durcissement des négociations. De fait, la nouvelle géométrie du tour de table, générée par la volonté de GSO de se retirer du groupe Midi Libre, crée un vide qui n'avait pas été comblé fin janvier. L'homme d'affaires montpelliérain Louis Nicollin a bien accepté de participer à ce nouveau tour de table en tant qu'actionnaire minoritaire, mais visiblement pas pour se porter acquéreur de la totalité des 48 % de capital restant.
En juillet dernier, Olivier Gerolami avait refusé de confirmer à La Tribune - Objectif Aquitaine le montant de 40 M€ comme prix de cession du groupe Midi Libre, alors annoncé par France 3 Languedoc-Roussillon. Fin août, le quotidien Le Monde indiquait de son côté que, selon des sources syndicales, Jean-Michel Baylet n'investirait pas plus de 15 M€ dans la reprise du groupe Midi Libre, dont la valorisation serait alors ressortie à 30 M€... Des estimations qui n'ont pas valeur d'audit mais semblent indiquer une tendance.
La crainte de licenciements
En 2013, les principales sociétés constituant le groupe Midi Libre, avec en particulier la régie publicitaire et l'imprimerie (en plus des trois quotidiens), ont généré un chiffre d'affaires cumulé de l'ordre de 200 M€ pour un résultat net global d'un peu plus de 2 M€, soit 3,1 M€ amputé par près de 900.000 € de pertes de la régie publicitaire Midimédias. GSO a acquis le groupe Midi Libre en 2007 pour un montant de 90 M€ au cours d'un rachat qui devait être mené à bien par le groupe bordelais de concert avec La Dépêche du Midi. Le groupe toulousain s'est retiré des négociations alors qu'elles étaient bien engagées, laissant GSO seul repreneur du groupe Midi Libre.
Egalement confronté aux effets de la crise et sérieusement endetté, GSO, qui a dû procéder à des réductions d'effectifs au sein de son périmètre historique, en particulier le quotidien Sud Ouest, a également restructuré le groupe Midi Libre (revenu à l'équilibre en 2013), qui a enregistré de nombreux licenciements, dans un climat social tendu. Les syndicats craignent aujourd'hui le déclenchement de nouvelles vagues de licenciements une fois que le rachat du groupe Midi Libre aura été conclu, par le biais des économies d'échelle. L'exemple sans doute le plus emblématique étant celui du département de l'Aude, où la Dépêche du Midi, l'Indépendant et Midi Libre disposent chacun d'une rédaction. Reste qu'à très court terme, le bouclage du tour de table pour la reprise du groupe Midi Libre constitue encore un obstacle majeur.
Sujets les + commentés