Comment l'industriel Babcock Wanson a survécu et innove

Le leader français de la chaudière industrielle vient d'investir dans son usine de Nérac, dans le Lot-et-Garonne, afin de gagner en productivité. Directeur général de Babcock Wanson France, Cyril Fournier-Montgieux décrypte l'évolution du positionnement de la société, qui a vu ses concurrents directs français tomber. Il dévoile les projets qui sortent des cartons, entre de nouveaux produits connectés et un ambitieux projet de stockage thermique d'électricité.
Filiale du groupe CNIM, Babcock Wanson produit des chaudières industrielles et des brûleurs

A Nérac (47) depuis plus de 60 ans, où elle compte une usine et elle a installé son siège social, Babcock Wanson fait partie du patrimoine industriel lot-et-garonnais. Près de 150 personnes travaillent sur ce site de fabrication, "pièce maîtresse" de l'organisation de Babcock Wanson International (une branche France ainsi que plusieurs entités en Europe et au Maghreb). Babcock Wanson France réalise à elle seule 50 M€ sur les 90 M€ de chiffre d'affaires réalisé par l'ensemble.

A Nérac, la société fabrique des chaudières industrielles et des brûleurs. Une activité "qui pèse de moins en moins lourd dans notre chiffre d'affaires mais qui reste primordiale", affirme Cyril Fournier-Montgieux. Il faut bien produire des équipements industriels pour que l'activité services, qui représente 70 % du business, puisse fonctionner. Nérac sort tout juste d'un important plan d'investissements : passage au lean, achat de matériel et formation intensive du personnel.

Base de services

"Nous sommes les derniers constructeurs français de chaudières et brûleurs, poursuit Cyril Fournier-Montgieux. Tous les autres sont morts."

Selon le dirigeant, ce qui a sauvé Babcock Wanson, filiale du groupe CNIM, tient en trois points :

"Le développement et la maîtrise d'une base de services large, qui a donné de la récurrence au chiffre d'affaires. La valeur ajoutée de nos équipements : nous avons développé de nouveaux modes d'exploitation des chaudières, avec beaucoup de technologies embarquées, de l'automatisation. Et enfin, nous transformons des équipements basiques en objets intelligents connectés avec des microprocesseurs, des systèmes de communication, des logiciels et du cloud... Notre plateforme de webservices permet à l'exploitant de la chaudière de suivre les performances de l'équipement, le traitement de l'eau... En cas de défaut, un SMS peut être envoyé à l'un de nos techniciens qui arrive sur place avec un pré-diagnostic déjà réalisé."

Parmi les différents projets de R&D menés par Babcock Wanson, deux attirent l'attention. Le premier, nommé Demoxya, a reçu le soutien de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) et vise à créer les "brûleurs de demain", en collaboration notamment avec Bertin Technologies, autre filiale du groupe CNIM. Deux objectifs sont ici poursuivis : la réduction des émissions d'oxydes d'azote, nocifs, et l'amélioration de l'efficacité énergétique des brûleurs.

Stockage d'énergie : un pilote en 2018

L'autre projet, EMR'Stock, montre encore plus d'ambition : il s'agit d'un dispositif de stockage thermique de quantités importantes d'électricité. "De nombreux verrous technologiques et industriels demeurent pour rendre cette technologie compétitive, convient Babcock Wanson. L'objectif est de lever ces verrous pour mettre au point un dispositif qui permette d'optimiser la production d'énergie des installations d'énergie renouvelable, particulièrement les fermes éoliennes ou les grosses centrales solaires", les phases de production et de consommation de ces ressources électriques ne coïncidant pas toujours.

"Le stockage de l'énergie peut se faire grâce à plusieurs moyens, détaille Cyril Fournier-Montgieux : avec des batteries, mais le coût est très important. Avec un barrage, mais encore faut-il en trouver un à proximité. Ou grâce au stockage thermique, qui présente des coûts et des verrous technologiques abordables. Le principe est de faire chauffer un fluide grâce à une chaudière, de stocker ce dernier porté à grande température grâce à un lit de roches, puis de le faire passer, en fonction des besoins, dans un échangeur fluide / vapeur. La chaleur stockée est au final valorisée directement ou transformée en énergie électrique."

Travaillant sur le sujet avec d'autres ramifications du groupe CNIM et le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), Babcock Wanson pourrait fabriquer une large part du dispositif et souhaite présenter un système de stockage pilote, fonctionnant avec des modules standardisés de 20 MWh, d'ici 2018.

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