Viticulture : la Nouvelle-Aquitaine se positionne sur l'innovation

Lutte contre l'usage des pesticides, expérimentations dans la production, nouveaux outils financiers : la Région Nouvelle-Aquitaine et les professionnels réfléchissent à la viticulture de demain. Un activisme récompensé par une présélection dans le cadre d'un appel à projets national. Si la candidature régionale arrive à transformer l'essai en fin d'année, elle pourrait décrocher une aide de 45 M€ sur dix ans.
Vignoble à Bergerac.
Vignoble à Bergerac. (Crédits : CIVRB)

La Région Nouvelle-Aquitaine est bien décidée à rester, à l'horizon 2050,  "un territoire viticole d'excellence, dynamique et attractif". C'est donc pour préparer l'avenir dès aujourd'hui que la collectivité a fédéré tous les acteurs de ce secteur - qui pèse 30 % du chiffre d'affaires agricole régional - autour d'une candidature unique à un appel à projets national du programme d'investissements d'avenir (PIA). Dans le cadre de ce concours, baptisé "Territoires d'innovation de grande ambition", le dossier néo-aquitain sur "la viticulture responsable et innovante" figure parmi les 24 candidats retenus sur les 117 candidatures déposées. C'est également le cas des dossiers portés par Bordeaux Métropole et par l'agglomération de La Rochelle (lire ci-dessous).

45 M€ à saisir en dix ans

Les 24 présélectionnés bénéficieront en 2018 d'un accompagnement financier en ingénierie de développement de projet pouvant atteindre 400.000 €. En fin d'année, seulement dix dossiers seront retenus définitivement et se partageront une dotation de 450 M€ sur dix ans composée de 150 M€ de subventions et de 300 M€ de fonds propres. En clair, la Région et les acteurs viticoles espèrent décrocher un accompagnement de 4,5 M€ par an de 2019 à 2029. "Avec ce montant de 45 M€, que nous considérons comme un accélérateur, on estime que l'effet de levier permettra de mobiliser au total 150 à 180 M€ auprès de tous les partenaires publics et privés qui participent au projet", souligne Thibaut Richebois, le directeur général adjoint de la Région.

Mais au-delà de l'attrait financier, les acteurs néo-aquitains saluent d'ores et déjà le dynamisme et le dialogue nés ces derniers mois autour de la candidature. "L'objectif est d'abord de coordonner les nombreuses initiatives existantes, d'identifier les bonnes pratiques locales reproductibles et de les massifier", explique Lydia Héraud, conseillère régionale déléguée à la viticulture et aux spiritueux et cheville ouvrière du projet. Ce dernier fédère toutes les interprofessions viticoles et chambres d'agriculture de Nouvelle-Aquitaine ainsi que nombre d'acteurs de la recherche : Institut des sciences de la vigne et du vin (ISVV), Institut français de la vigne et du vin (IFV), Bordeaux Sciences Agro, l'INRA, etc.

Vignobles de Nouvelle-Aquitaine

La viticulture, qui rassemble 13.000 professionnels et 80.000 emplois directs et indirects, est présente dans dix des douze départements néo-aquitains.

Réduire l'utilisation des pesticides

"L'objectif est de contribuer à la réduction à grande échelle de l'usage des pesticides pour atteindre une viticulture durable et de qualité", observe Jean-Pierre Raynaud, le vice-président du Conseil régional en charge de l'agriculture et de l'agroalimentaire. "C'est une exigence sociétale très forte mais aussi une demande des viticulteurs et de leurs salariés, qui sont les premiers concernés, et une attente du marché. C'est un mouvement de fond inéluctable", insiste Bernard Artigue, le président de la Chambre d'agriculture de la Gironde. La lutte contre les pesticides, intrants chimiques et désherbants sera donc l'un des axes majeurs de la candidature "pour que dans dix ans nous puissions considérer collectivement que la question ne se pose plus", espère Olivier Lavialle, le directeur de Bordeaux Sciences Agro.

Parallèlement, le projet prévoit la création de douze laboratoires d'innovation territoriale, sur la base du volontariat, "pour être au plus près des problématiques et des besoins des viticulteurs et expérimenter localement", précise Lydia Héraud. La candidature comporte également un volet numérique pour aller vers une "viticulture digitale et collaborative" notamment par l'exploitation et le partage des données (climat, pluviométrie, pesticides, sols, pluviométrie, etc...). S'y ajoute un focus sur les innovations techniques et technologiques, notamment via un soutien aux startups et à des plateformes d'essai.

De nouveaux outils financiers

Enfin, pour accompagner les exploitants et les centres de recherche dans toutes ces démarches d'innovation et de transformation, la Région souhaite développer de nouveaux outils financiers :

"L'innovation sur les méthodes de production entraîne une prise de risque, notamment pour les petits exploitants, que nous voulons réduire, voire même prendre en charge", détaille Thibaut Richebois, le DGA de la Région. "Cela peut passer par des outils individuels ou collectifs tels que des apports en fonds propres, de la mutualisation, des fonds de garantie pour les investissements. On réfléchit à une logique quasi-assurantielle."

Le verdict définitif tombera fin 2018 ou début 2019. "Une sélection serait un accélérateur indéniable pour nos projets mais quoi qu'il arrive nous continuerons à travailler ensemble sur tous ces dossiers", promet Jean-Pierre Raynaud au titre du conseil régional.

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Bordeaux Métropole et La Rochelle parmi les 24 lauréats

Trois des 24 projets retenus sont issus de Nouvelle-Aquitaine. Outre le projet sur la viticulture porté par la région, les candidatures de Bordeaux Métropole - "Première métropole à énergie positive" - et de la communauté d'agglomération de La Rochelle - "Vers un littoral urbain zéro carbone" - font également partie des dossiers présélectionnés. Le premier met en avant les économies d'énergie, les énergies renouvelables et la ville intelligente tandis que le second est axé sur la relation entre le carbone et l'océan, les mobilités durables, les énergies renouvelables, la rénovation du bâti et le traitement des déchets.

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Commentaire 1
à écrit le 04/01/2023 à 20:32
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Investir dans la viticulture #sud Loire # alors que à cause du changement climatique de la vallée du Loir abandonnent les cèpages traditionnels contre ceux du midi , syrah par exemple me laisse perplexe, il faudra sans doute irriguer et chercher des ...

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