Daohe Group, le Chinois qui vend Bordeaux en 72 h

Si le rythme des acquisitions de vignobles bordelais connaît une accélération brutale dans les mois qui viennent cela pourrait être une des conséquences d’une visite éclair en Bordelais de 80 fortunes chinoises. Une mission totalement commerciale conduite par le milliardaire chinois Xijian Zhou, PDG de Daohe Group, lui-même récent propriétaire en Entre-deux-Mers.
Entrée triomphale dans le hall d'honneur du Palais de la Bourse pour le milliardaire Xijian Zhou, nouveau propriétaire chinois en Bordelais et organisateur du voyage d'affaires pour 80 partenaires et associés à qui il a souhaité "vendre" Bordeaux en 3 jours seulement.

A 10 h du matin, ce mercredi, le moment avait quelque chose de surréaliste, mais il était le point d'orgue d'une visite de trois jours elle-même hors du commun.
80 chinois fortunés en costumes et robes de soirée, généralement jeunes, entre 20 et 40 ans, attablés dans le salon d'honneur du Palais de la Bourse à Bordeaux, lui-même en costume d'apparat et flanqué d'un orchestre de chambre et des figurants, européens, en costumes de style renaissance.
Il ne fallait pas s'y tromper, si ces 80 Chinois, passant leur temps sur leur smartphone, enchaînant les selfies et les poses avantageuses dans le cadre majestueux du Palais de la Bourse, ressemblaient, dans le fond, à beaucoup de jeunes, mais aussi et surtout à des touristes chinois... il n'en était rien.
Quel que soit leur âge, ils étaient tous des investisseurs, ou représentants d'investisseurs tout à fait capables de s'offrir un bout de terre et d'une histoire de France dans laquelle ils ont d'ailleurs pu s'immerger en assistant, la veille, à une reconstitution de spectacle médiéval coordonnée par Eric Le Collen, créateur et metteur en scène de la "Bataille de Castillon."

Une "visite-sommet-éclair" consacrée à l'investissement "France"

Leur passage éclair (3 jours !) en Bordelais a été initié et financé par un milliardaire chinois : Xijian Zhou. Le groupe qu'il dirige, Daohe Group, emploie 10.000 personnes dans le monde dans des secteurs aussi variés que le transport aérien, le cinéma, l'évènementiel sportif, la santé (purificateurs d'air et d'eau). Xijian Zhou est, depuis juin dernier, le nouveau propriétaire du Domaine de Couteillac, vignoble situé en Entre-deux-Mers, et, ceci expliquant cela, il vient aussi de créer une filiale d'importation de vins et spiritueux vers la Chine.
Pour cette filiale, Daohe Wines & Spirit, Xijian Zhou est ambitieux et c'est aussi pour cela qu'il a fait de l'inauguration officielle et de sa première visite du domaine bordelais un prétexte pour ce qui ressemble beaucoup plus à un voyage d'affaires qu'à une escapade festive.
Si les repas à l'Hostellerie de Plaisance, les nuits à Smith Haut Lafitte et au Grand Hôtel, les diners à la Coorniche, les visites au pas de charge d'Arcachon, Saint-Emilion et de la Cité du Vin témoignent, outre d'une véritable aisance financière, d'un goût pour les bonnes et belles choses, la conclusion du séjour, ce matin, à l'occasion d'un déjeuner bordelais baptisé "Daohe Wine Summit 2016 - Summit of French Investment" ne cachait rien de la volonté de son initiateur : faire naître l'envie de vin français auprès de partenaires commerciaux et/ou financiers de son immense groupe qui sont aussi des leaders d'opinion dans leur pays.

Daohe Group

Derrière la façade de la place de la Bourse, costumes d'époque et orchestre de chambre pour le sommet des investissements français organisé à Bordeaux par le Chinois Daohe Group

La Croix Bossugan, nouvelle marque dévolue au marché chinois

Xijian Zhou dit vouloir réaliser d'autres acquisitions et souhaite clairement investir à Bordeaux plus que les 3 M€ qui ont été nécessaires à l'acquisition de Courteillac et environ 1 M€ qui seront consacrés à sa rénovation.
L'homme aux 5 Md€ de fortune personnelle entend donner l'envie à ses partenaires commerciaux et aux actionnaires de son groupe de consommer son bordeaux, voire de devenir clients des produits oenotouristiques qu'il compte développer en Bordelais... ou même encore leur donner envie de se porter acquéreurs de vignobles et pourquoi pas devenir clients de sa filiale Daohe Wine & Spirit...
En ce qui concerne son Domaine de Courteillac, ancienne propriété de Dominique Méneret, le milliardaire chinois qui en a confié les rênes à Emma-Xin Le Bail et a conservé son directeur technique Stéphane Dubes, a profité de l'occasion pour présenter à la délégation la nouvelle marque qui sera destinée au marché Chinois.

"Cette marque c'est La Croix Bossugan", explique Emma Xin Le Bail. "Elle devrait représenter, dans un premier temps, 50.000 des 150.000 cols produits chaque année", poursuit la responsable du domaine qui souligne au passage que dans un marché chinois de l'alcool assez peu règlementé, le programme de visites organisé par Daohe Group visait aussi à rassurer sur la qualité de la production de Courteillac.

Une production étiquetée La Croix Bossugan qui sera écoulée à partir de 2017 (millésime 2014 et 2016) en Chine au prix de 30 € environ la bouteille.
Quoi qu'il en soit, ce matin, à 11 h, en s'installant à la table d'honneur aux côtés de Xijian Zhou, les représentants du monde viticole bordelais, à l'image du président des Bordeaux et Bordeaux Supérieur, des grands crus, ou encore du CIVB qui sont pourtant habitués à "ferrailler" commercialement sur les marchés du globe, ont eu droit, sur leurs terres, à une approche commerciale certes originale, mais qui témoigne surtout de l'appétit des riches chinois pour la France, sa culture, son histoire et ses vins... même si pour ces investisseurs et entrepreneurs habitués à gagner beaucoup et vite, le business modèle du vin bordelais s'apparente à un véritable saut dans l'inconnu.

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