A Bordeaux, les créateurs aquitains aiment les Internautes

Financer une création d’entreprise ou un développement de produit n’est pas toujours facile, malgré l’émergence du très séduisant financement participatif sur Internet, ce qu'a montré la Journée Economie Aquitaine.
En plus des technologies, l'innovation touche les usages et génère de nouveaux business models

La 11e édition de la Journée Économie Aquitaine, organisée par les Chambres régionales de commerce et d'industrie (CCIR), de métiers et de l'artisanat (CRMA), d'agriculture (CRA) d'Aquitaine, et par le Conseil régional d'Aquitaine, a fait salle comble hier dans l'amphithéâtre de la Cité mondiale à Bordeaux.

Centrée sur les financements publics-privés pour les très petites et moyennes entreprises (TPE/PME) elle a accueilli, en plus des présidents régionaux impliqués, Laurent Courbu (CCIR), Yves Petitjean (CRMA), Dominique Graciet (CRA) et Alain Rousset (Région), Louis Schweitzer, le commissaire général à l'investissement, invité en tant que président d'Initiative France, ainsi que de nombreux responsables de filières, comme Marie-Luce Ribault, pour la Fédération des banques françaises (FBF) d'Aquitaine, et des chefs d'entreprises et financeurs.

Une des questions au centre du financement de l'activité concerne l'adéquation des outils financiers aux situations les plus particulières et Dominique Graciet a fait valoir que sur ce plan, l'agriculture n'était pas un sujet facile. "Il faut développer une nouvelle ingénierie bancaire pour développer les investissements de production dans l'agriculture", a-t-il observé en substance.

Le crowdfunding séduit

L'ingénierie financière est un vrai métier et Marie-Luce Ribault a admis, après l'intervention de Jérôme Le Feuvre, directeur général de News Republic, à Bordeaux, qui développe en particulier des canaux d'information sur les médias mobiles comme les smartphones ou les montres, qu'avec tous ces changements d'usage "la sphère financière devait s'investir pour comprendre le business model" de ces entreprises innovantes qui surfent sur le changement. Il est rapidement apparu, au fil des interventions, que le financement participatif, ou crowdfunding, qui consiste à mobiliser des fonds auprès des internautes, est une source de financement qui séduit énormément les créateurs et chefs d'entreprises, même s'il est encore modeste en terme de poids (lire notre dossier consacré à ce sujet dans le magazine La Tribune Objectif Aquitaine actuellement en kiosque).

Laurent Deverlanges, PDG d'Huso (Caviar de Neuvic),à Neuvic (24) s'est ainsi félicité de l'appui que lui a apporté la plateforme toulousaine de crowdfunding Wiseed, sans oublier ce qu'il devait à des structures d'appui plus traditionnelles, comme Périgord Initiative, mais aussi à des industriels comme Delpeyrat, qui ont cru en son projet de production de caviar et accepté d'entrer au capital de l'entreprise. Julien Maisonnave, de la PME basque Art of Soule, à Mauléon (64), qui conçoit et fabrique des espadrilles haut de gamme, a dit tout le bien qu'il pensait de la plateforme de crowdfunding bordelaise Happy Capital.

Les banques critiquées

A la question de savoir si l'émergence de ces nouvelles sources de financement représentait un danger pour les banques, Marie-Luce Ribault a répondu que les établissements bancaires voyaient l'émergence de ces plateformes d'un très bon œil. La représentante de la FBF Aquitaine a dû ensuite faire face aux critiques portées sur le système bancaire par plusieurs dirigeants de jeunes entreprises, comme Amilys, à Martillac (33), dirigée par Jérôme Vinsonneau, spécialiste de la vente et de l'installation de produits fonctionnant avec des énergies renouvelables, Art of Soule ou même Caviar de Neuvic. Même la banque publique d'investissement, Bpifrance, a eu droit à une analyse critique de certaines de ses aides.

Lenteur du traitement des dossiers, taux d'intérêts élevés, importance de la caution personnelle : les reproches adressés au système bancaire contrastaient avec la souplesse, la transparence et la rapidité des décisions prises par les internautes via les plateformes de financement participatif, comme si deux mondes, l'ancien et le nouveau, se faisaient désormais face.

Entreprises : manque de coopération

Cette schématisation ne rend pas compte de la complexité des situations qui ont été présentées de façon parfois très détaillée, et qui, en plus des banques mettaient en jeu le comportement des créateurs eux-mêmes, par exemple entre ceux qui acceptent d'ouvrir le capital de leur entreprise pour attirer des investisseurs, et ceux qui refusent...

Président d'Initiative France, qui fédère 230 associations dans le pays, Louis Schweitzer a rappelé que cette structure, qui se définit comme le premier réseau de financement des créateurs d'entreprise, grâce à des prêts d'honneur de 2.000 à 25.000€, avec un service d'accompagnement, avait permis la création de 800 entreprises en Aquitaine l'an dernier. Il a souligné "qu'en France (contrairement aux autres grands pays européens) ce sont les petites entreprises qui financent les grandes et, autre fait marquant, il y a en France une absence totale de coopération entre les entreprises"

Alain Rousset, de son côté, a rappelé que la Région s'impliquait dans presque tous les compartiments du financement des entreprises, notamment via ACI (Aquitaine Création Investissement) et qu'il était impératif que les prises de décision pour le financement des entreprises soient locales.

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