Dirigeants en difficulté : comment réagir à temps ?

PARTENAIRE. La 10e Matinale Manager organisée par la Mutuelle Ociane Matmut en partenariat avec La Tribune, ce jeudi 23 mars à Bordeaux, a mis l’accent sur les aides possibles pour les chefs d’entreprises en situation d’épuisement professionnel. La clé pour ne pas sombrer ? S’entourer et anticiper.
Selon une étude menée par Amarok, 17 % des chefs d'entreprises étaient en risque d'épuisement professionnel en 2019. Ils étaient 34 % en 2020, 37 % en 2021.

Un chef d'entreprise, des représentants des secteurs juridique et psychologique et du monde associatif. La 10e Matinale Manager organisée le 23 mars à Bordeaux par La Mutuelle Ociane Matmut, en partenariat avec La Tribune, a volontairement donné la parole à toute une chaine d'acteurs en capacité d'intervenir auprès d'un dirigeant en difficulté. N'attendez pas ! Tel aura été le leitmotiv de l'ensemble des intervenants. « Anticiper n'est pas facile mais c'est une obligation », a insisté Georges Simon, directeur général d'une enseigne locale, qui a subi ce qu'il compare à une chute d'avion.

Son entreprise qui surfait sur 35 à 40 % de croissance annuelle a été touchée par plusieurs crises en 2022 : la canicule, les incendies et donc les annulations de vacances, les effets de la guerre en Ukraine, l'inflation, les modes de consommation qui évoluent. « À un moment, la peur gagne les salariés. En juillet 2022, l'expert-comptable donne sa démission. Le 15 décembre, une banque annonce qu'elle ne nous suivra pas l'année suivante. Tous les signaux jusqu'à présent au vert virent au rouge. Mais c'est quand ils sont oranges, qu'il faut avoir le courage de prendre les bonnes décisions », assure Georges Simon.

Évangéliser tous les partenaires économiques

Reste que le chef d'entreprise est lui-même, à ce moment-là, en situation de stress. Les signes perceptibles sont les troubles du sommeil, de l'alimentation, la fatigue émotionnelle, physique, les troubles psychiques et l'isolement. « Quand on est tout seul, c'est la prison psychologique », témoigne Georges Simon qui souligne pour sa part avoir eu la chance d'être à la tête d'une association regroupant 1.200 commerces, Bordeaux Mon Commerce.

Quelles options dans ces cas là ? « Se rapprocher de son médecin traitant, contacter un psychologue, un psychiatre, une association de soutien, la MSA pour les agriculteurs, sa mutuelle », liste Nadège Cordente, psychologue du travail. Sur le volet économique, c'est prendre contact avec un avocat, un expert comptable, la CCI mais aussi le tribunal. Le tribunal, c'est Georges Simon lui-même qui en parle, tout en reconnaissant l'angoisse que cela représente.

« Il faut réussir à évangéliser tous les partenaires économiques pour qu'une entreprise s'y prenne suffisamment tôt pour négocier avec les créanciers », réagit Jean Luc Puyo, procureur de la République adjoint au tribunal judiciaire de Bordeaux qui précise malgré tout une évolution sur ce point : « S'il faut craindre une recrudescence des liquidations sèches, nous avons comptabilisé sur Bordeaux 70 ouvertures de procédures de conciliation en 2022 contre 45 en 2021 et 68 mandats ad hoc en 2022 (procédure préventive de règlement des difficultés destinée aux entreprises qui ne sont pas en cessation des paiements) contre entre 27 l'année précédente ». Lui préconise plus de prévention, plus de détection des souffrances et plus d'orientation vers des dispositifs comme Apesa pour Aide Psychologique aux Entrepreneurs en Souffrance Aigüe.

9.500 dirigeants pris en charge par Apesa

Créée il y a dix ans à Saintes, l'association présente dans 95 tribunaux de commerces sur 134 a précisément décidé d'aller vers les chefs d'entreprises sans attendre qu'ils ne viennent à elle. Elle a ainsi formé 5.500 sentinelles -juges, greffiers, banquiers...- capables d'identifier une souffrance et de proposer une écoute au chef d'entreprise. S'il donne son accord, les sentinelles peuvent établir une fiche alerte qui va déclencher l'appel d'un psychologue pour un premier entretien. Le dirigeant sera ensuite dirigé vers un psychologue proche de chez lui pour cinq consultations gratuites. 9.500 chefs d'entreprises ont été pris en charge dans le cadre de ce dispositif. « La responsabilité d'un chef d'entreprise, c'est de prendre soin de sa santé car elle est corrélée à la santé économique de l'entreprise », rappelle Jean-Luc Douillard, président de l'Apesa, pour qui un entretien régulier devrait d'ailleurs être obligatoire. « Parce que le jour où le dirigeant n'ira pas bien, il aura plus de facilité à le dire et il n'aura pas à chercher à qui le dire », assure-t-il.

Selon une étude menée par Amarok, 17 % des chefs d'entreprises étaient en risque d'épuisement professionnel en 2019. Ils étaient 34 % en 2020, 37 % en 2021. Dans le contexte de la crise, la Mutuelle Ociane Matmut a lancé en 2020, auprès de ses adhérents santé, un renforcement de l'accompagnement psychologique avec des rendez-vous remboursés chez un psychologue.

La 11e Matinale Manager, dont la thématique n'a pas encore été dévoilée, sera organisée le jeudi 12 octobre 2023.

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