Le président du conseil départemental de Gironde prévient : « Nous n'allons pas être le miracle départemental mais nous faisons notre part. » À crise majeure, réponse d'urgence proposée par Jean-Luc Gleyze et sa majorité socialiste. Un RSA adapté en revenu de solidarité agricole va être lancé d'ici le mois de mars à destination des chefs d'exploitations les plus éprouvés par les difficultés financières.
Le principe : adapter les conditions d'octroi du RSA aux spécificités de la profession pour faciliter la démarche. Pour cela, la collectivité élabore un règlement d'intervention particulier en collaboration avec la Mutualité sociale agricole (MSA) et la chambre d'agriculture. « Nous devons garantir l'accès aux droits et aux aides », promet Jean-Luc Gleyze, disant vouloir « cibler les financements sur les aides à l'exploitation ». Alors même que dans le département, « un tiers des exploitations agricoles se trouvent en déficit structurel tandis que près des deux tiers des exploitants génèrent moins de 16.000 euros de revenus annuels », selon une estimation de la Chambre d'agriculture début 2023.
De quoi aller chercher une centaine de chefs d'exploitations en plus selon Sophie Piquemal, vice-présidente en charge de l'urgence sociale, au sujet d'« un public qui a du mal à passer les portes des maisons départementales des solidarités. » Ce dispositif sera déployé durant six mois. L'an dernier, 281 responsables d'exploitation ont sollicité le RSA en Gironde
Vers une sécurité sociale alimentaire
Un chiffre en hausse de 16 % par rapport à 2021 contre 6 % pour les salariés agricoles qui ont été 979 à faire la démarche l'an dernier. Preuve d'un recours aux aides sociales moins tabou mais souvent synonyme d'asphyxie financière et que tous les potentiels bénéficiaires n'osent pas solliciter. La création d'un système de valeur moins soumis aux subventions est d'ailleurs l'une des demandes les plus pressantes des agriculteurs qui manifestent à travers la France depuis deux semaines.
Une revendication qui passe par la mobilisation et le pouvoir d'achat du consommateur. Le département de la Gironde s'apprête d'ailleurs à activer ce levier en déployant une Sécurité sociale de l'alimentation : garantir un accès à une alimentation locale à des publics précaires. Un moyen d'offrir un nouveau débouché, certes marginal, aux producteurs locaux. Après plusieurs années d'incubation du dispositif, le lancement de l'expérimentation est prévu au printemps.
Sujets les + commentés