Pour Bordeaux, un budget 2023 « offensif » mais un endettement difficile à contenir

La majorité écologiste a présenté hier son budget primitif 2023 en conseil municipal de Bordeaux. Derrière une politique qui veut « tenir le cap de la transition écologique » avec un niveau d'investissement toujours élevé, les capacités de désendettement vont être bien amincies par rapport à d'autres grandes villes. L’opposition dénonce une mauvaise gestion.
Pierre Hurmic et Claudine Bichet ont présenté un budget revu à la hausse dans un contexte de forte augmentation des dépenses municipales.
Pierre Hurmic et Claudine Bichet ont présenté un budget revu à la hausse dans un contexte de forte augmentation des dépenses municipales. (Crédits : MG / La Tribune)

« Malgré [un] contexte contraignant et préoccupant, nous avons souhaité présenter un budget que nous qualifions sans hésiter de responsable et offensif. Il fallait faire preuve de beaucoup d'audace et de courage : ce n'est jamais de gaité de cœur que l'on augmente la taxe foncière. [...] Ce budget vise à tenir le cap de la transition écologique » a fait valoir Pierre Hurmic en amont du conseil municipal du 4 avril.

Un mois après l'annonce d'une augmentation modérée de la taxe foncière, le maire de Bordeaux et son équipe ont mis aux voix leur feuille de route budgétaire pour l'année 2023. Avec une enveloppe globale de 599 millions d'euros, le budget bordelais est en hausse de 12 % par rapport à l'année précédente, du fait de l'augmentation de la fiscalité locale par la municipalité et par la base de calcul de l'État. Des finances regonflées qui vont permettre d'absorber un choc de 30 millions d'euros de dépenses supplémentaires subi depuis le Covid tout en poursuivant la forte dynamique d'investissement initiée depuis le début du mandat.

Ce que contient le budget

Le budget municipal prévoit notamment pour l'année 2023 la création d'une cinquantaine de places en crèche, de dix postes d'agents de sécurité municipaux et l'ouverture de la maison France services des Aubiers. Porté à un peu plus de 8 millions d'euros, le programme de végétalisation de la ville est en repli (-1 million d'euros par rapport à 2022). Les dépenses de fonctionnement augmentent pour leur part de 2,8 %.

« Ce budget permet de préserver notre épargne brute et, surtout, notre capacité à investir puisque ce sont 151 millions d'euros d'investissements qui sont prévus en 2023, en augmentation de 15 %, sans exiger d'emprunt massif et donc sans dégrader les perspectives financières à court et à moyen terme » a ainsi détaillé Caudine Bichet, adjointe aux finances.

Proche du seuil d'alerte

Pourtant, un indicateur montre que la situation va bien se dégrader du côté des capacités de désendettement de la ville. Le taux d'épargne brute, qui désigne le reste de trésorerie disponible pour rembourser les dettes une fois les dépenses effectuées, ne s'élèvera qu'à 7,2 % du budget en 2023 selon les projections des écologistes. Or, la barre des 7 % est considérée comme un seuil d'alerte pour les finances des municipalités qui se retrouvent alors en situation délicate pour assurer leur désendettement.

Cette chute est d'autant plus surprenante pour Bordeaux que le taux d'épargne brute des collectivités françaises doit tourner en moyenne autour de 15 % cette année selon Standard & Poor's. C'était d'ailleurs le niveau observé sous l'ancienne majorité, au moment où les écologistes ont remporté les élections en 2020. Malgré cette dépréciation, la majorité municipale maintient son engagement de maintenir sous le seuil de 10 ans ses capacités de désendettement d'ici la fin de son mandat.

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Une mauvaise gestion du budget selon l'opposition

Mais pour le centre et la droite, ce budget 2023 n'est pas cohérent. Thomas Cazenave, conseiller municipal du groupe macroniste Renouveau Bordeaux assure qu'il y avait d'autres possibilités que d'augmenter la taxe foncière pour lutter contre la hausse des prix de l'énergie, en demandant plus de soutien de l'État et en acceptant les 1,5 million d'euros au titre du filet de sécurité contre l'inflation énergétique. Claudine Bichet rétorque que les filets de sécurité de l'Etat n'auraient pu être obtenus qu'en 2024, n'ayant donc pas leur place dans le budget 2023.

Par ailleurs, le budget proposé par la municipalité refléterait faussement l'urgence écologique. « Si la hausse de la taxe foncière était la contrepartie d'un plan d'investissement massif dans la ville, d'accord, mais ce n'est pas non plus le cas. [...] Sur l'éclairage public, les investissements baissent, alors même qu'on vous avait demandé d'accélérer le déploiement des LED », a fustigé Thomas Cazenave en pointant aussi la baisse du budget de « reconquête végétale ».

Béatrice Sabouret, conseillère municipale du groupe Bordeaux Ensemble, a quant à elle déclaré : « Nous sommes en faveur d'un investissement ambitieux mais nous divergeons sur la façon d'y parvenir. Vous souhaitez augmenter les impôts alors que vous avez déjà fait les poches des Bordelais. [...] Effectivement Madame Bichet, il n'y a pas d'argent magique pour nous. Mais pas non plus pour les habitants. Dans le contre-budget proposé, nous avons montré comment faire des économies. » Le plan du groupe propose de maintenir le service public et l'investissement sans recourir à l'augmentation du levier fiscal. Ce plan d'économies chiffré à 7,5 millions d'euros porte essentiellement sur des dépenses minoritaires correspondant aux prestations de services, frais d'impressions et fêtes et réceptions.

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