À Bordeaux, une hausse anecdotique de la taxe foncière ?

Le conseil municipal de Bordeaux a acté ce mercredi une hausse de 4,53 % de la taxe foncière pour 2023, en l'absence des groupes d'opposition de la droite et du centre qui dénoncent un matraquage fiscal des propriétaires bordelais. La hausse est pourtant bien en-deçà de celles observées dans d'autres grandes villes.
Maxime Giraudeau
Les élus de la majorité écologiste réunis en amont du conseil municipal, boycotté par les groupes d'opposition de la droite et du centre, ce mercredi 8 mars.
Les élus de la majorité écologiste réunis en amont du conseil municipal, boycotté par les groupes d'opposition de la droite et du centre, ce mercredi 8 mars. (Crédits : MG / La Tribune)

« Aucune fermeture d'équipement, aucune réduction d'horaires, aucune réduction de service », promet la mairie. Mais une hausse de la taxe foncière pour 2023. C'est ce mardi 8 mars que le conseil municipal de Bordeaux a acté l'augmentation 4,5 % de la fiscalité locale pour les propriétaires de biens immobiliers. Un choix assumé par la majorité écologiste qui mobilise son seul levier fiscal à disposition pour la première fois depuis sa victoire aux élections municipales en juin 2020.

« On avait le choix. Mais ça aurait été au détriment de nos autres politiques : nous aurions été obligés de revoir à la baisse la qualité des services municipaux », s'est justifié le maire Pierre Hurmic en amont du conseil municipal.

Lire aussiImmobilier : pourquoi la taxe foncière augmente dans les grandes villes... et pas dans les campagnes

La hausse prévue de la taxe foncière doit rapporter dix millions d'euros de recettes supplémentaires à la municipalité. Et doit permettre d'absorber une partie du choc subi par les finances locales depuis la crise Covid, à laquelle succède désormais la poussée inflationniste. La facture annoncée par les écologistes est salée : les surcoûts s'élèveraient à 29,3 millions d'euros depuis 2020, dont la moitié rien que pour les dépenses énergétiques.

Pour autant, la politique de sobriété autour des dépenses de fonctionnement instaurée sous la nouvelle mandature aurait permis, selon la majorité, d'économiser l'équivalent de 16 millions d'euros. Sachant que l'équipe de Pierre Hurmic tient à maintenir les capacités de désendettement de la ville sous le seuil des dix ans, elle a déterminé qu'une hausse de 4,53 % de la taxe foncière lui suffirait pour tenir cet engagement à l'horizon 2026, date des prochaines élections municipales. Sachant que la majorité bénéficie aussi de la la revalorisation, décidée au plan national, de 7,1 % des valeurs locatives cadastrales qui servent de base au calcul de la taxe foncière. De quoi lui apporter près de 15 millions d'euros de recettes supplémentaires.

Lire aussiÀ Bordeaux, Pierre Hurmic mise sur l'autonomie énergétique

L'opposition veut une baisse dès 2024

« Dans ce contexte tout justifie que nous maintenions l'ensemble de nos orientations, il n'est absolument pas le moment de renoncer à la transition écologique », invoque ainsi Claudine Bichet, première adjointe en charge des finances, illustrant que les nouvelles recettes perçues serviront notamment à poursuivre la politique de végétalisation et de rénovation thermique des bâtiments.

Mais pour l'opposition de droite et du centre, la hausse fiscale demeure inacceptable. Selon le groupe macroniste Renouveau Bordeaux, les aides de l'État ont atténué les surcoûts énergétiques à hauteur de trois millions d'euros. En comptant que les prévisions 2023 prévoient une inflation moins forte qu'en 2022, Thomas Cazenave réclame que « Pierre Hurmic s'engage à baisser le taux de taxe foncière dès 2024 si cette baisse des coûts de l'énergie est confirmée. »

De son côté, la commission des finances, présidée par Marik Fetouh, du groupe Bordeaux Ensemble (LR), avait émis un avis défavorable à cette hausse fiscale dès le mois de février. Le camp de l'ancien maire Nicolas Florian, qui avait baissé d'un point la taxe foncière en 2019 à la veille des élections municipales, dénonce « un projet politique dont la variable d'ajustement se trouve dans la poche des Bordelais ».

Une hausse de 25 % en dix ans

Mais Bordeaux est loin d'être la seule grande ville à augmenter sa fiscalité. Et applique surtout une hausse très modérée par rapport à ce qu'il se pratique ailleurs : +9 % à Lyon, +14 % à Mulhouse ou +25 % à Grenoble cette année. Mais la capitale girondine fait tout de même partie des grandes villes où la taxe foncière moyenne est la plus élevée. L'augmentation se traduira par un surcoût de 106 euros sur un an pour une personne propriétaire d'un appartement de 63m2 et de 184 euros pour une maison de 120m2. À noter que la hausse globale s'est élevée à 25 % sur les dix dernières années à Bordeaux, pour une taxe foncière moyenne de 1.541 euros.

Lire aussiCoup de frein sur l'immobilier à Bordeaux mais hausse dans toute la Gironde

Maxime Giraudeau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 09/03/2023 à 8:36
Signaler
Bonjour, et un grand merci aux écologistes. Hausse de l'eau, électricité, alimentation, gaz, et le reste mutuelle, assurances.......... Et une couche de plus avec le foncier ,la rénovation énergétique (je signale, sans aides en étant non imposable)...

à écrit le 08/03/2023 à 18:41
Signaler
Une hausse "anecdotique" de +4,52% qui se traduira par une hausse de la cotisation payée par chaque contribuable de +11,62% pour la seule année 2023, après une hausse de +3,4% en 2022 et avec une perspective de hausse supplémentaire d'environ +5% en ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.