Nouvelle-Aquitaine : les universités veulent des moyens pour financer le "Parcours de réussite"

La ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal, s’est rendue hier mardi sur le campus de l’Université de Bordeaux, au Laboratoire bordelais de recherche en informatique où elle a rencontré les responsables universitaires de Nouvelle-Aquitaine.
Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation.
Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation. (Crédits : DR)

Frédérique Vidal était là pour faire le point avec les autorités universitaires de la région sur la mise en place du "Parcours de réussite", qui doit permettre d'optimiser l'accueil des lycéens dans l'enseignement supérieur public et en finir notamment avec le scandale du tirage au sort des places à l'université.

Ce plan repose en particulier sur le financement d'une aide pédagogique destinée aux étudiants en difficulté, afin de réduire le taux d'échec à l'université. Il prévoit de nombreux aménagements, dont l'affichage des "attendus des filières". Ces prérequis, qui préciseront le menu pédagogique conduisant à telle ou telle licence, s'inscriront dans "un cadrage national" mais pourront être modulés par les universités "en fonction de leurs spécificités". D'où une ambiguïté latente dans le parcours diplômant que la ministre a tenté de dissiper.

Vérification des prérequis du bachelier

"Je suis venue à la rencontre des présidents d'université de Nouvelle-Aquitaine, en particulier pour échanger sur les attendus locaux, qui ne sont pas une obligation. Il s'agit juste de préciser le parcours de réussite. La licence de biologie, par exemple, est un diplôme national qui va donc répondre à des attendus nationaux" a ainsi souligné Frédérique Vidal.

La création de la nouvelle plateforme d'admission dans l'enseignement supérieur "Parcoursup", opérationnelle depuis ce lundi 16 janvier, fait partie de la réforme. A partir du lundi 22 janvier "Parcoursup" commencera à enregistrer les inscriptions pour la rentrée universitaire 2018-2019 et doit donner accès à l'ensemble des informations concernant les divers attendus par filières de formation.

Si le baccalauréat ne perd pas sa fonction de ticket d'entrée dans le supérieur, les choix des bacheliers seront désormais examinés à la loupe pour vérifier que le profil de chacun colle au type d'études qu'il veut poursuivre. Parce que le gouvernement juge inadmissible que "40 % d'élèves échouent après 4 ans d'études" pour essayer de décrocher une licence. De cette façon si le bachelier ne maîtrise pas les prérequis correspondant à la formation qu'il veut poursuivre, l'université pourra lui imposer un parcours personnalisé.

L'immersion du lycéen en milieu étudiant

En contrepartie, si l'on peut dire, la réforme du gouvernement Philippe adoptée au parlement en décembre dernier, prévoit la création de places supplémentaires à la rentrée 2018 dans les filières sous tension : Staps (sport), psychologie, droit, mais aussi les BTS. Si l'idée d'une meilleure prise en main du parcours des lycéens ne date pas d'hier, avec la réforme elle doit se traduire par une meilleure information dans les lycées, avec l'instauration de deux semaines d'enseignements obligatoires consacré à l'orientation en terminale, ou encore la désignation d'un second professeur principal dédié à cet objectif.

Hélène Velasco-Graciet

Hélène Velasco-Graciet, présidente de l'université Bordeaux-Montaigne (DR-Université Bordeaux Montaigne)

"L'orientation des lycéens passera aussi par leur immersion pendant deux jours dans le monde universitaire pour qu'ils découvrent logements et restaurants universitaires, bibliothèques, etc." a éclairé la ministre, qui a également évoqué la tenue d'entretiens personnalisés avec les étudiants. Une ambition qui doit se traduire par la mobilisation à l'université de davantage de moyens humains et financiers. "Les recteurs récupèreront les informations et ensuite les universités auront droit à des aides spécifiques puisque le gouvernement a décidé d'investir 1 milliard d'euros dans cette réforme" a souligné Frédérique Vidal.

Manuel Tunon de Lara

Manuel Tunon de Lara, président de l'Université de Bordeaux (DR)

Une plateforme enrichie par les lycées

Questionnée sur les filières les plus en tension, comme Staps, la ministre s'est montrée confiante, assurant que le ministère de l'Enseignement supérieur était capable de traiter tous les dossiers. Elle a observé que l'université offrait 13.500 formations différentes, hors IUT (Institut universitaire de technologie), et qu'à la rentrée 2018-2019 pas moins de 22.000 classes supplémentaires pourraient être ouvertes ! Hélène Velasco-Graciet, présidente de l'université Bordeaux-Montaigne, et Manuel Tunon de Lara, président de l'Université de Bordeaux, ont participé à cette rencontre avec la ministre. Sachant que Manuel Tunon de Lara défend depuis 2014 un rapprochement entre lycées et universités.

"La plateforme est techniquement au point maintenant. Les critères qui y figurent sont le fruit de la coopération entre les universités et les établissements du secondaire. En plus des prérequis nationaux des paramètres venant des lycées ont été intégrés. Nous allons tester la plateforme. Ce dont nous avons besoin c'est de davantage de personnel. Des personnels que nous allons recruter" a dévoilé Manuel Tunon de Lara.

Avant de préciser qu'il n'était pas encore possible de savoir de combien de personnels supplémentaires l'Université de Bordeaux pourrait être dotée dans le cadre de cette réforme.

Inquiétude financière à dissiper

Manuel Tunon de Lara veut surtout que l'université ne soit pas "un objet vers lequel on se dirige par défaut, il faut que ce soit l'endroit où l'on réussit". Le programme d'immersion des lycéens dans le monde universitaire lui paraît donc être une très bonne méthode, ce qui ne l'empêche pas d'être préoccupé.

"Les présidents d'université sont toujours sujets à l'inquiétude quand il s'agit des finances. Recruter davantage de personnel ne peut pas se faire à moyens constants" a-t-il averti, tout en se réjouissant de l'évolution actuelle. Manuel Tunon de Lara a ainsi rappelé que l'Université de Bordeaux avait déjà mis au point, il y a plusieurs années, un dispositif d'accompagnement des nouveaux étudiants articulé sur deux options pour la licence : "un parcours TGV", en trois ans, et un autre accompagné, en quatre ans. Une anticipation qui n'a pu être concrétisée car elle était en contradiction avec le règlement.

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