Tera, les pionniers du revenu de base à Paris pour réinventer le financement coopératif

Comment décoincer le système de financement des projets coopératifs de revitalisation des territoires ? L'écosystème Tera, qui expérimente le revenu de base en Lot-et-Garonne, a réuni ce lundi à Paris des acteurs privés et publics, dont une ministre, pour leur soumettre la question. Et imaginer ensemble un nouveau « véhicule financier » capable de soutenir les initiatives sans les contraindre à la rentabilité immédiate.
Maxime Giraudeau
Depuis 2014, l'écosystème Tera tente de développer un système de revenu de base en développant plusieurs activités aux confins du Lot-et-Garonne.
Depuis 2014, l'écosystème Tera tente de développer un système de revenu de base en développant plusieurs activités aux confins du Lot-et-Garonne. (Crédits : DR)

« Les véhicules financiers (apports en fonds propres, prêts) ne sont pas adaptés aux capacités d'autofinancement des systèmes coopératifs territoriaux. Il nous faut ce qu'on appelle des capitaux patients à intérêts modérés. Tant que ça n'existera pas, nous ne parviendrons pas à réunir assez de fonds pour aider les acteurs des territoires. »

Il y a plusieurs choses dans les mots de Frédéric Bosqué, membre originel de Tera, un écosystème multiple et coopératif qui œuvre au développement d'un revenu de base autour de Tournon-d'Agenais dans le Lot-et-Garonne. On y trouve à la fois une critique, un espoir et aussi la raison de sa présence à Paris cette semaine.

Pour la première fois, Tera a organisé ce lundi 13 mars une journée spéciale réunissant une petite centaine d'acteurs publics et privés sur la thématique des projets de revitalisation en milieu rural. L'occasion de mettre décideurs, investisseurs et représentants de projets soumis à des difficultés autour d'une même table. Et d'alerter sur des barrières au développement.

Lire aussiRevenu de base : le village laboratoire qui confronte l'utopie à la réalité

« Entre le millefeuille institutionnel et les capitaux proposés avec des durées trop courtes, on a besoin de faire travailler différemment les acteurs locaux entre eux » juge Frédéric Bosqué. Rien qu'à observer la structure de Tera, on comprend la complexité de l'affaire : l'écosystème lot-et-garonnais dispose de six entités juridiques différentes aux activités variées (monnaie locale, construction d'un éco-quartier, épicerie...) mais qui œuvrent toutes pour un même but : créer un revenu de base sur le territoire. L'entreprise a débuté il y a bientôt 10 ans et navigue dans l'expérimentation perpétuelle. « Regardez ce qu'on est obligé de faire pour revitaliser, ne pensez-vous pas qu'on pourrait introduire un peu de souplesse dans la façon dont on travaille avec les territoires ruraux ? » agite le tribun.

« Inventer un nouveau véhicule financier »

La ministre chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité, présente à l'événement, l'a en tout cas bien entendu. Tout comme les représentants du Crédit coopératif et de la Caisse des Dépôts. Autant de décideurs ou d'investisseurs qui ont un rôle à jouer pour « inventer un nouveau véhicule financier ». Les porteurs de projets visant à redynamiser les territoires se trouvent face à un mur : leurs besoins en capitaux sont élevés pour parvenir à leur but mais leurs perspectives de rentabilité à court terme sont trop réduites face aux exigences des créanciers. Pas sans rappeler les mécanismes de levées de fonds dans les startups ces dernières années.

Lire aussiBonne nouvelle ! C'est beaucoup plus difficile de lever des fonds

Au côté de Tera, d'autres écosystèmes comme la Chartreuse de Neuville ou les Régies de territoires ont exhorté les investisseurs à leur accorder davantage de temps, et même plusieurs années, avant de commencer à rembourser. Les acteurs coopératifs réclament un nouvel outil à mi-chemin entre le prêt à taux zéro et la prise de participation au capital.

« Les actions ne développent pas immédiatement de la richesse mais des valeurs immatérielles : la confiance, la coopération... » argumente Frédéric Bosqué. Pas évident à faire peser face aux contraintes financières. Mais les membres de Tera présents, parmi lesquels Marie-Hélène Muller et Christian du Tertre, se réjouissent des échanges qui ont eu lieu. Et comptent bien organiser encore ce genre de manifestation.

Une collecte de fonds atypique à (bientôt) 2 millions d'euros

En décembre, l'écosystème Tera a concrétisé sa toute première levée de fonds, pour un montant de 840.000 euros, via l'émission de titres participatifs. Bouclée par 256 investisseurs citoyens, elle permettra d'aménager un écoquartier rural à proximité de Tournon d'Agenais dans le Lot-et-Garonne et d'y ouvrir un centre de formation. La Fondation de France a également investit 700.000 euros. Des investisseurs doivent encore rejoindre le tour de table à hauteur de 500.000 euros.

Lire aussiFinancement participatif : Tudigo boucle une levée « pas indispensable » de trois millions d'euros

Maxime Giraudeau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.