Cellules souches : Treefrog Therapeutics vient d'obtenir le feu vert pour se lancer

En acquérant l’exclusivité sur les licences qui protègent la technologie de fabrication de cellules souches à haut débit, la startup Treefrog Therapeutics (Thérapies de la Rainette) vient de franchir une nouvelle étape. Alors que cette jeune pousse à très haut potentiel s’apprête à boucler une levée de fonds de plusieurs millions d'euros, d'ici la fin de l'année, la construction de sa première unité de production se rapproche. (Réactualisé 21/03/2019)
Kevin Alessandri et Maxime Feyeux de chaque côté de leur rainette totem, qui donne son nom à l'entreprise (Treefrog Therapeutics)
Kevin Alessandri et Maxime Feyeux de chaque côté de leur rainette totem, qui donne son nom à l'entreprise (Treefrog Therapeutics) (Crédits : J. Philippe Déjean)

Ce mardi 19 mars, la jeune pousse Treefrog Therapeutics (Thérapies de la rainette), installée dans les locaux de l'ENSTBB (École nationale supérieure de technologie des biomolécules de Bordeaux), a signé avec la Satt Aquitaine (Aquitaine Science Transfer - qui assure les transferts de technologie), dirigée par Maylis Chusseau, un accord qui lui permet de bénéficier de l'usage exclusif des licences protègeant les sept brevets à la base de l'innovation qu'elle porte. Cofondée par Maxime Feyeux, président et Kevin Alessandri, directeur général, la startup Treefrog Therapeutics, qui bénéficie aussi du soutien d'Unitec, a développé une innovation révolutionnaire qui permet d'encapsuler à grande vitesse des cellules souches pluripotentes, capables de fabriquer n'importe quel type d'organe.

Comme les capacités mondiales de production de cellules souches sont dérisoires et, qu'à l'inverse, les besoins thérapeutiques atteignent des sommets, les tarifs en vigueur témoignent d'une situation anormale pour un marché international aussi énorme que celui de la santé. Soit une moyenne de 10 M€ pour un kilo de cellules souches ! Ce qui explique que la clé maîtresse amenée par Treefrog Therapeutics pour débloquer cette trappe cellulaire soit une innovation qui rend possible la production de cellules souches (fournies par des donneurs volontaires) en très grande quantité.

"Nous sommes des fabricants de cellules souches"

"Par un procédé d'ingénierie inverse nous ramenons les cellules spécialisées dans la fabrication de peau ou de foie, qui nous sont apportées par des donneurs adultes, à leur état d'origine non spécialisé, c'est-à-dire pluripotent, qui les rend capables de fabriquer n'importe quel type d'organe. Puis nous les mettons en culture dans des capsules qui font 200 micromètres de diamètre, soit l'équivalent de deux cheveux. Nous sommes capables de produire 5.000 de ces capsules à la seconde. Ces petites coques sont biomimétiques et permettent aux cellules souches de se développer dans un environnement optimal. Nous sommes des fabricants de cellules souches. Nous ne nous occupons pas de la spécialisation cellulaire, du type d'organe ou de tissu qui va être fabriqué", déroule Kevin Alessandri, qui se définit comme un manufacturier.

L'objectif de Treefrog Therapeutics est de fournir aux grands laboratoires pharmaceutiques impliqués dans des thérapies géniques les stocks de cellules souches dont ils vont avoir besoin, sachant que chaque petite capsule peut contenir des milliers de ces cellules.

Coucouner ces cellules arrachées à leur environnement

Diplômé, comme son associé (biologiste), de l'Ecole normale supérieure, Kevin Alessandri, qui est physicien, a centré sa thèse de doctorat, passée à l'Institut Curie, sur le processus d'encapsulation des cellules souches, conceptualisé par son directeur de thèse, Pierre Nassoy. Si le bien-être animal commence à mobiliser les consciences d'un nombre croissant de personnes, celui des cellules n'est même pas imaginable pour le commun des mortels. Et pourtant, en plus de la capacité à produire des cellules souches à très haut débit, Treefrog Therapeutics travaille également d'arrache-pied sur l'environnement de ces dernières.

"Quand on arrache les cellules souches à leur environnement naturel pour les mettre en culture, c'est violent. C'est pourquoi les cellules souches, nous on les coucoune. Le combat que nous avons choisi c'est celui de l'amélioration de l'environnement cellulaire. Grâce à nos coques elles ont de la place, elles ne sont pas écrasées dans un espace à deux dimensions, comme dans une boîte de Petri. Elles ont d'autres cellules : au-dessus d'elles, au-dessous, à droite, à gauche avec qui elles peuvent échanger des messages. Dans les coques nous reproduisons les conditions de la vie, avec une solution à deux pourcent de sucre et quatre-vingt-dix-huit pourcent d'eau", résume Maxime Feyeux.

Fabriquer les pelles et les pioches de la ruée vers l'or

Les cellules souches cultivées font l'objet d'un contrôle qualité génomique assuré par l'Hôpital Necker enfants malades. Comme un membre greffé, les cellules souches peuvent faire l'objet de rejets mais, souligne Maxime Feyeux, leur fonctionnement évoque plutôt celui du sang, puisqu'il y a des donneurs de cellules quasiment universels, comme avec le sang du groupe O. Après avoir levé 600.000 euros en décembre dernier, Treefrog Therapeutics s'apprête à boucler une nouvelle levée de plusierus millions d'euros avant la fin de l'année et plus probablement d'ici cet été. Une somme importante mais plutôt modeste face aux enjeux.

"Nous privilégions la France. Avec Kevin nous nous sommes connus en Suisse et nous avons choisi de venir à Bordeaux, où nous comptons bien rester. L'idée c'est de créer notre première usine à cellules souches en Nouvelle-Aquitaine. La thérapie cellulaire c'est comme la ruée vers l'or. Nous on fabrique les pelles, les pioches et les marteaux-piqueurs", illustre le président de Treefrog Therapeutics.

Le calendrier n'est pas encore calé à la semaine près mais, grâce à la prochaine levée de fonds, la startup devrait réussir à créer sa première usine dans des délais relativement courts. Une unité de production miniaturisée dont la surface ne dépassera pas 40 m2 : suffisant pour produire assez de cellules souches pour traiter des centaines voire des milliers de patients.

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Commentaire 1
à écrit le 23/03/2019 à 8:16
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Bravo à vous messieurs qu'elle belle avencee

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