Treefrog Therapeutics : deux Bordelais industrialisent la fabrication de cellules souches !

Maxime Feyeux et Kevin Alessandri, viennent de faire sauter le verrou de la production industrielle de cellules souches pluripotentes, capables de fabriquer du poumon comme de l’os. Ces deux chercheurs bordelais ouvrent la voie à de nouvelles thérapies et relancent un quasi non-marché où les cellules souches valent 10 M€ le kilogramme !
La culture contrôlée de cellules souches est un enjeu crucial pour la biotechnologie et la médecine.
La culture contrôlée de cellules souches est un enjeu crucial pour la biotechnologie et la médecine. (Crédits : REUTERS)

Maxime Feyeux et Kevin Alessandri viennent d'être primés dans le cadre du concours i-Lab 2018, le Grand prix du concours national d'aide à la création d'entreprises de technologies innovante de Bpifrance, dans la catégorie "Pharmacie et Biologie". Ces deux chercheurs, soutenus par Aquitaine Science Transfert (accélérateur universitaire de l'innovation) et par Unitec (grosse structure d'accompagnement des startups dans l'agglomération bordelaise), ont été primés pour leur projet révolutionnaire baptisé "Tree Frog Therapeutics" (plus joliment "Thérapies de la rainette").

Ce projet vise à industrialiser la production d'une matière première rarissime : la cellule souche pluripotente induite. Ces deux chercheurs du LP2N (Laboratoire photonique, numérique et nanosciences), commun à Université de Bordeaux, au CNRS et à l'Institut d'Optique sont donc à l'avant-garde des biotechnologies.

Comment les associés ont levé l'obstacle

Ces cellules souches pluripotentes sont capables de fabriquer n'importe quel type d'organe. Elles sont dites induites car elles ne proviennent pas d'embryons mais de corps adultes. Contrairement à ce que l'on pourrait croire il est très difficile de faire fabriquer ce que l'on veut à des cellules souches pluripotentes. Ces dernières sont pourtant déterminantes pour mener à bien les thérapies cellulaires, seules capables de remédier au dysfonctionnement des cellules dans des pathologies comme la maladie de Parkinson, le diabète, les insuffisances cardiaque, hépatique ou rénale...

Les difficultés de production sont si intenses et les besoins thérapeutiques tellement énormes que les cellules souches pluripotentes se négocient au tarif surnaturel de 10 M€ le kilogramme ! Pour en finir avec cet obstacle Maxime Feyeux et Kevin Alessandri ont décidé de fabriquer des micro-compartiments "formant un environnement 3D contrôlé". C'est dans ces micro-compartiments, qualifiés de micro-incubateurs, que les deux associés produisent leurs cellules souches en masse, avec le même niveau de qualité que celles produites in-vivo. Ces micro- compartiments reproduisent un organe en miniature, comme par exemple le poumon (avec toutes ses fonctionnalités), et sont qualifiés d'organoïdes. Une stratégie qui a conduit à des résultats extraordinaires.

Une solution sûre et reproductible et sûre

"En deux ans nous avons réalisé deux premières mondiales : la première greffe de neurones matures chez l'animal et le test d'une production équivalente au trillion (un milliard de milliards -NDRL) de cellules pluripotentes !, rappelle Maxime Feyeux. Les cellules souches sont la première des thérapies cellulaires ; à 10 M€ le kilogramme, c'est l'une des plus rares et des plus chères au monde. Et pour traiter des millions de patients, poursuit-il, ce n'est pas gramme à gramme qu'il faudra les produire. Il faut un changement d'échelle. Tree Frog a inventé l'usine à cellules souches, un système de culture en 3D dans un bioréacteur dont la capacité de production est de 600 % supérieure à celle de l'Ebisc (Banque européenne de cellules pluripotentes induites). C'est la première solution alliant sûreté, reproductibilité et production de masse pour les cellules souches pluripotentes. Ce grand prix est une récompense magnifique pour l'équipe de Tree Frog Therapeutics et pour tout ceux qui nous soutiennent".

C'est grâce à l'appui d'Aquitaine Science Transfert, à hauteur de 1,2 M€, que les deux chercheurs de LP2N ont pu mener à bien la démonstration de faisabilité préclinique et de production de masse. Dans le même temps et en parallèle Aquitaine Science Transfert a lancé une « étude de marché de grande envergure afin de définir précisément le positionnement stratégique de l'offre de la future société ».

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Commentaires 2
à écrit le 07/07/2018 à 10:40
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mon mari âgé de 70 ans est atteint de la SLA depuis 2 ans et la maladie galope de plus en plus. Pourtant avant il allait à la chasse, faisait de la marche, coupait du bois, jardinais, un homme courageux et très bricoleur. Maintenant il est en fauteui...

à écrit le 07/07/2018 à 10:14
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Ce serait formidable qu on puisse remplacer les implants dentaires par des dents a base de cellules souches...y a t il de l espoir et ce serait pour dans combien d annees ?

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