Olikrom veut "se donner les moyens de ses ambitions". Et ces dernières sont légitimement élevées. La startup basée à Pessac et pilotée depuis ses débuts par Jean-François Létard, a mis au point des pigments intelligents capables de réagir aux modifications de la lumière, de la température ou de la pression. Cette technologie brevetée a visiblement séduit les fonds français Starquest Capital, déjà présent au capital, et Social Family, ainsi que Bpifrance, la Banque populaire Aquitaine Centre Atlantique et la Région Nouvelle-Aquitaine, qui participent tous au tour de table. Il faut y ajouter également les fruits du programme Ademe « Route du futur » dont Olikrom est lauréat en consortium avec Eiffage. Ce qui donne au total une levée de fonds de 4,5 M€, intéressante car la startup, rentable depuis son premier mois d'existence grâce notamment à une longue période de transfert de technologie et à une stratégie mûrement réfléchie, aurait pu vivre sans. Les fonds collectés vont donc lui permettre d'accélérer son développement industriel.
"Depuis notre création en 2014, nous avons franchi très rapidement plusieurs étapes cruciales, explique Jean-François Létard. Ces derniers mois, notre croissance s'est encore accélérée avec le programme « Route du futur » de l'Ademe, que nous avons remporté avec Eiffage. Il est devenu urgent de renforcer nos équipes - 14 collaborateurs à date - et de nous munir d'un outil industriel performant, capable d'absorber une forte progression de l'activité. Ce tour de table va nous permettre d'accélérer le déploiement industriel, en renforçant l'offre commerciale et productive sur nos marchés stratégiques à l'échelle nationale et internationale. Cette levée financera notamment le nouveau site d'OliKrom à Pessac, prévu pour être opérationnel d'ici début juillet, et qui accueillera le siège social, le centre de R&D et une unité pilote de production. Nous allons également conforter l'avance technologique de l'entreprise avec l'ambition de devenir le leader mondial des pigments intelligents."
Olikrom est membre de la mouvance deeptech, ces startups innovantes basées sur des technologies de rupture et capables de bouleverser plusieurs marchés à la fois. Née des travaux de Jean-François Létard, ancien directeur de recherches au CNRS, menés au sein de l'Institut de chimie de la matière condensée de Bordeaux, la startup a initialement développé des pigments intelligents capables de changer de couleur en fonction des modifications de leur environnement : changement de température, contraintes de pression, modification de la luminosité, présence d'un solvant ou d'un gaz... OliKrom conçoit des pigments très résistants, programmables, proposant des changements de couleur réversibles ou non. L'idée : permettre de repérer d'un coup d'œil une pièce d'un avion qui a trop chauffé ou reçu un impact, imaginer des murs dont la peinture change de couleur en fonction du moment de la journée... Les applications industrielles sont infinies.
OliKrom se positionne comme partenaire des industriels cherchant à répondre à leurs problématiques en s'appuyant sur son portefeuille de brevets.
"Il faut préciser un point important : nous ne vendons pas les pigments intelligents que nous concevons, expliquait Jean-François Létard à La Tribune en 2017. OliKrom a pour objectif de créer et de produire des solutions complètes innovantes, à destination des industriels, basées sur cette technologie. Nous offrons donc une réponse globale à leurs problématiques en co-développant et en leur vendant ensuite des peintures, des encres, des revêtements... prêts à l'emploi.
Olikrom, qui vient d'intégrer la première promotion de l'accélérateur du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine tourné vers l'international, Up Grade, a choisi de resserrer son champ d'application autour des enjeux de la sécurité et de la traçabilité. Parmi ses clients partenaires figurent Airbus, Safran, ainsi qu'Eiffage avec qui elle a développé des marquages routiers au sol utilisant des pigments photo luminescents. Jean-François Létard le répète régulièrement : Olikrom n'a vocation à être ni un bureau d'étude ni un simple laboratoire mais un véritable acteur industriel générateur d'emplois locaux. Le bâtiment de 1.600 m2 dont elle a fait l'acquisition l'an passé est la première brique qui va lui permettre de commencer dans les prochaines semaines à pré-industrialiser ses encres, peintures et revêtements.
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