Région : Alain Rousset veut sauvegarder les matériaux composites

Lors de la signature de la convention de la Région avec le CEA, Alain Rousset, président de Nouvelle-Aquitaine, a tiré la sonnette d’alarme pour la sauvegarde de l’ensemble de la filière matériaux composites.
Jean-Pierre Giannini, Alain Rousset et François Geleznikoff

Alain Rousset, président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, et François Geleznikoff, directeur des applications militaires du CEA (Commissariat à l'énergie atomique), ont signé ce mardi 11 octobre une convention cadre pour le développement de technologies et collaborations duales. Cette convention de coopération entre la Région et le CEA/DAM (Direction des applications militaires) porte prioritairement sur trois axes : simulation et modélisation numérique multi-physique et multi-échelle ; lasers, photonique, électronique, électromagnétisme ; matériaux avancés et procédés associés.

Le CEA, avec le Centre scientifique et technique d'Aquitaine (Cesta), est installé depuis 1965 au Barp, entre Bordeaux et Arcachon, et les liens noués entre l'ancienne région et le complexe militaro-industriel sont tellement constitutifs de son identité que l'ex-Aquitaine était sur toutes les lèvres lors de la signature de cette convention. Car le côté militaire s'est graduellement ouvert aux activités civiles (recherche, innovation), constituant ainsi un espace technologique et scientifique dual, c'est-à-dire mixte, sous l'effet d'un volontarisme politique girondin, dont Alain Rousset incarne le versant régional.

Priorité aux matériaux composites

"Nous avons eu de nombreux échanges croisés, a entamé Alain Rousset en évoquant cette proximité entre Région et CEA, en particulier sur les matériaux composites et les matériaux avancés. Le Laboratoire des matériaux thermo-structuraux vous y êtes entrés en tant que CEA et c'est une bonne chose, a-t-il poursuivi. Vous appartenez à ce grand réseau consacré aux matériaux composites. Et mon rêve, a-t-il précisé, dévoilant ce qui pourrait bien être un nouvel axe de sa politique industrielle, c'est de reconstituer toute la chaîne des matériaux composites, que nous avons perdu avec l'effondrement de l'industrie textile. La France aurait intérêt à reconstituer au moins a minima un dispositif de veille technologique consacré à ce domaine. Parce que les ingénieurs les plus au fait de ces techniques commencent à avoir de l'âge, a tenu à avertir le président de la Région. Il n'agit pas de concurrencer les Japonais de Toray mais de tirer parti de cet acquis historique avant qu'il ne soit trop tard, pour que nous puissions sauvegarder les compétences".

Accès à la physique de l'extrême

Le président de la Région, qui était aussi à côté de Jean-Pierre Giannini, directeur CEA-DAM et Cesta, le fameux Centre d'études scientifiques et techniques d'Aquitaine, discrète clé du design industriel des armes nucléaires, est ensuite revenu sur l'aventure du Laser Mégajoule (LMJ). Ce gigantesque complexe, dédié à la simulation du fonctionnement des bombes atomiques de la force de dissuasion nationale, fait appel à de nombreuses technologies de pointe, comme le laser, l'optique ou la photonique, et génère de multiples retombées dans la recherche civile et le développement d'entreprises innovantes.

"La continuité de la relation de la DAM avec l'Aquitaine est plus industrielle, avec Airbus Safran Launcher, que j'ai d'abord connu, il y a quelques années de cela, sous le nom de Snias (Société nationale industrielle aérospatiale, NDLR). Je vois que des représentants de Safran et de Dassault Aviation sont venus assister à la signature de cette convention, a observé dans un sourire François Geleznikoff. L'Etat a pris en 1995 la décision d'implanter le LMJ dans cette belle région. Une opération considérable qui nous mène aujourd'hui des têtes nucléaires à la science puisque le laser est désormais ouvert à la communauté académique, avec la recherche sur la physique de la matière, via le laser Petal, grâce auquel nous avons accès à la physique de l'extrême : des millions de degrés de température et des milliards de fois la pression atmosphérique, a-t-il analysé. L'autre volet tient aux matériaux et procédés de mise en œuvre. Il y a 42 ans je suis entré à la DAM et l'année 1996 a été marquée par l'arrêt total des essais nucléaires. C'est ainsi que nous en sommes arrivés à la simulation numérique, grâce au développement par Atos Bull du calculateurs pétaflop, capable de traiter un million de milliards d'opérations à la seconde. C'est le premier ordinateur à avoir atteint ce stade en Europe. Nous en sommes désormais à 25 pétaflops (25 millions de milliards d'opérations par seconde)", a décortiqué François Geleznikoff.

Le laser Petal, de son côté, délivre une puissance de 3.700 joules, pendant une durée de 1 picoseconde, soit un millième de milliardième de seconde, c'est-à-dire 1.000 fois plus brève que celle du LMJ. A titre d'illustration on peut retenir qu'il y a autant de picosecondes dans une seconde, que de secondes dans 32.000 années...

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