Stationnement : ces horodateurs et amendes qui nous veulent du bien

Il n’est pas vraiment agréable de devoir passer à l’horodateur pour s’acquitter du droit de poser sa voiture en ville, ça l’est encore moins quand on quitte un stationnement avec une amende sur le pare-brise. Cela va être franchement pénible avec la dépénalisation à venir qui promet une hausse tarifaire importante aux fraudeurs et/ou distraits que nous sommes potentiellement tous. Sauf si on arrive à se convaincre que cela améliore la mobilité, l'environnement et donc la vie en ville...
L'horodateur, premier allié de la mobilité urbaine ?

"Il n'y a pas de bon programme d'amélioration de la mobilité, de la fluidité des transports sans une bonne politique de développement du stationnement payant."

Nicolas Andreotti, directeur de la Police municipale de Bordeaux, n'est pas du genre à donner des leçons. Il reconnaît même, comme tout citoyen, son lot d'amendes pour non paiement, ou dépassement de stationnement autorisé. Mais il est aussi persuadé que le développement du stationnement payant constitue un outil idéal d'amélioration de la mobilité urbaine. Mieux, il assure que la future mise en place (au 1er octobre 2016 normalement) de la dépénalisation du stationnement payant va constituer une "révolution" dans l'approche politique et citoyenne en matière d'utilisation des transports et de fluidité des circulations urbaines.

"En remplaçant les amendes à 17 € très peu dissuasives dans les grandes villes, où le prix horaire du stationnement de plein air atteint parfois les 4 € de l'heure, par des forfaits ou redevances de 90 € voire plus, on changera totalement la donne. L'incitation au paiement du parking sera maximum et la réflexion autour d'une meilleure utilisation des automobiles sera fortement accentuée.
Selon moi, il y aura, pour les voitures et vélos partagés, pour les transports en commun, pour la qualité de vie en ville, un avant et un après dépénalisation."

Doublement du parc auto

Les chiffres peuvent lui donner raison. Entre 1993 et 2013, le parc automobile a doublé en France. Dans les villes le nombre de rues et donc de places de stationnement ne progresse pas, lui. Le stationnement payant semble l'unique solution capable d'endiguer le phénomène d'engorgement automobile des villes.

"Bordeaux, c'est 500 rues, la pression sur les places de stationnement est intenable. Or, ce que l'on peut noter à Bordeaux, c'est que plus on se rapproche des secteurs payants, plus la voiture recule. Le taux d'équipement en auto des ménages de l'hyper centre est de 0,8 véhicule. Il passe à 1,8 dès qu'on approche des boulevards et dépasse les 2 autos par ménage au-delà. Le passage au stationnement payant change clairement la donne", assure le directeur de la Police municipale de Bordeaux.

Efficace sur le report modal

Dans les pays où la dépénalisation est passée, comme en Espagne par exemple, il apparaît que le circuit financier du stationnement payant de surface semble plus vertueux tant au niveau du paiement spontané à l'horodateur qu'au niveau du recouvrement des amendes forfaitaires ; mais, avant tout, c'est dans les enjeux de report modal qu'il s'avère souvent plus efficace, au moins dans un premier temps.

Reste que, financièrement, l'affaire sera plus intéressante pour l'Etat et les collectivités.
Le Gart, Groupement des autorités responsables de transport, en s'appuyant sur les chiffres des rapports Bolliet, Nègre et ceux du Certu (Centre des études sur les réseaux, les transports, l'urbanisme et les constructions publiques) estime que pour l'Etat, la dépénalisation pourrait rapporter 106 M€ rien qu'en TVA sur la redevance au réel, soit beaucoup plus que le système actuel de traitement des 183 M€ d'amendes de stationnement qui, lui, génère seulement un solde financier de 14 M€ par an (183 M€ de gain - 169 M€ de coût de gestion des amendes).

Pour les collectivités, toujours selon le Gart, après des surcouts liés au renforcement des contrôles et de recouvrement, le report modal et des comportements plus vertueux pourraient "permettre de générer des marges financières".

Bref, si le calendrier de la dépénalisation des amendes n'est pas forcément compatible avec certaines échéances électorales, il semble bien qu'il relève, à condition de bien expliquer, et d'oser faire face aux inquiétudes voire à l'opposition des citoyens, d'un certain bon sens économique et environnemental. Alors, convaincus, les usagers de la ville ?

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Commentaires 2
à écrit le 27/08/2015 à 0:41
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Il est evident qu'avec cette politique, le taux d'equipement en auto diminue. Mais cela concerne qu'une population aisee qui peut se permettre de vivre en hyper centre et aller en velo au boulot. Pour les autres il reste l'auto. Et quand on voit l'of...

à écrit le 24/08/2015 à 18:30
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A la place de l'horodateur il existe les disques pour zone bleue. Cela fonctionne encore dans de nombreuse ville et ça limite le temps de stationnement comme l'horodateur. Mais ça ne rapporte pas. J'habite à l'extérieur de Bordeaux et je remarque un ...

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