Le jeune prodige de Biarritz à la conquête de l'espace

AQUITAINS D'AILLEURS. Enzo Bleze n'a que 22 ans mais son projet est déjà bien arrêté. Depuis Los Angeles, il compte envoyer dans l'espace une fusée réutilisable pouvant emporter jusqu'à 20 passagers. Le jeune basque a réussi à convaincre de le suivre dans sa folle aventure des anciens de Tesla, Space X ou de la Nasa.
Enzo Bleze pose avec l'astronaute américain Buzz Aldrin.
Enzo Bleze pose avec l'astronaute américain Buzz Aldrin. (Crédits : DR)

Vrai génie ou doux rêveur ? S'il a la tête dans les étoiles, Enzo Bleze garde en tout cas les pieds sur terre. Cela fait trois ans qu'il vit en Californie et y mûrit son projet. Autodidacte, le jeune entrepreneur fait figure d'ovni dans le paysage du spatial américain. Plus mature qu'on imaginerait un jeune homme âgé d'une vingtaine d'années, d'une voix posée, il détaille les trois phases de son projet : mettre en orbite une première fusée lourde d'ici cinq ans, convoyer des passagers, dans huit ans et vendre d'ici à dix ans sa technologie sous la forme de franchises afin de lancer depuis d'autres pays que les États-Unis. Rien que ça !

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« La mission de l'entreprise, résume le jeune homme dans un discours rôdé, c'est d'accélérer la présence humaine dans l'espace, particulièrement en orbite terrestre et d'accélérer les écosystèmes globaux. La demande est grandissante mais l'offre de véhicules de lancement lourds, pour emporter des passagers, du fret ou des infrastructures, est réduite. » Sa fusée pourra rejoindre par exemple la station spatiale internationale (ISS). Il n'exclue pas non plus, pourquoi pas, d'ici quelques années, d'aller poser sa fusée sur la Lune !

L'obsession des vols habités

Fils d'un couple travaillant dans l'événementiel et l'organisation de spectacles, Enzo partage sa vie depuis plus dix ans entre le Pays basque, où son grand-père dirigeait le golf de Biarritz, et les États-Unis. Le jeune homme n'a pas de diplôme d'ingénieur. Diagnostiqué autiste Asperger, obsessionnel des vols habités, il a vite déserté les bancs de l'école pour se former tout seul au spatial dans sa chambre d'adolescent en enchaînant les vidéos sur Youtube, de jour comme de nuit. À son arrivée à Los Angeles, c'est d'abord la douche froide : impossible en effet, pour un étranger, de travailler aux États-Unis dans le secteur spatial. Les fusées étant considérées là-bas comme des missiles balistiques et l'industrie y est ultra-régulée depuis la guerre froide.

C'est donc un peu plus tard, en 2022, et grâce à un simple visa d'entrepreneur qu'il finit par lancer sa startup, baptisée HStar Space Transport. «J'avais une compréhension complète des besoins de l'industrie et j'avais travaillé sur les erreurs que les entreprises avaient faites pour trouver de meilleures approches, avance-t-il, plein d'assurance. J'arrivais avec des idées qui allaient améliorer le futur de l'humanité. »

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Enzo Bleze se lance alors dans un tour des États-Unis, un « roadtrip » pour recruter des vétérans du spatial que la perspective de cette nouvelle aventure intrigue d'abord puis séduit. La petite équipe se forme peu à peu autour d'anciens collaborateurs d'Elon Musk ou de la Nasa. Ils sont aujourd'hui 22 dans l'entreprise, dirigeants, ingénieurs et conseillers, dont un ancien commandant de la base de Cap Canaveral, en Floride ! D'autres arrivent tout droit de l'US Air Force. « Ce sont des gens qui ont construit des choses exceptionnelles ensemble et qui veulent continuer à créer, assure le jeune Frenchie. Les gens les plus talentueux du monde ont tendance à oublier à quel point ils sont rares et que le monde a besoin d'eux. Entre nous on s'appelle les "Blues Brothers", comme dans le film. »

Cachet d'aspirine

Le jeune homme force rapidement l'admiration. « Cela fait deux ans que je le suis, je suis bluffé, témoigne un autre Français, Philippe Boissat, expert du secteur spatial, installé lui aussi aux États-Unis, à Miami en Floride. Il est visionnaire et à contre-courant. Enzo, c'est comme un cachet d'aspirine. Quand vous le mettez dans l'eau, il y a des bulles qui sortent de partout ! C'est quelqu'un qui est en effervescence permanente. » Mais le chemin vers l'espace promet d'être long et semé d'embûches. Enzo Bleze estime que son projet nécessitera plusieurs milliards de dollars pour envoyer sa première fusée en orbite. Pour l'instant il est sur le point de boucler une première levée de fonds de 30 millions de dollars qui lui permettra de commencer la production de ses fusées et il a de la suite dans les idées.

Après avoir fait ses preuves aux États-Unis, Enzo annonce déjà qu'il aimerait poursuivre l'aventure de ce côté-ci de l'Atlantique en ouvrant des bureaux en France. «Actuellement, il n'y a malheureusement pas de lanceur disponible en Europe, remarque-t-il. Ariane 5 a terminé sa carrière et Ariane 6 ne l'a toujours pas remplacée. L'Europe dépend donc uniquement des États-Unis pour avoir un accès à l'espace, ce qui est très dangereux. On est en discussion avec l'Agence spatiale européenne pour éventuellement lancer du continent. »

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