Monkey Tie veut améliorer le recrutement... et embauche

Monkey Tie développe, via ses plateformes, une approche originale du recrutement, basée sur le développement professionnel. La startup vient d'être choisie par le ministère du Travail dans le cadre d'un programme de lutte contre le chômage, conclut actuellement une 3e levée de fonds et va recruter une douzaine de personnes à Pessac. Son fondateur et CEO, Jérémy Lamri, donne sa vision du marché de l'emploi en ligne et présente le guide de l'orientation interactif qui va voir le jour ce mois d'octobre.
Jérémy Lamri, fondateur et CEO de Monkey Tie

Ironiquement, tout part d'une démission. "Désabusé devant les armées de « singes en cravate » que je voyais chaque jour, j'ai quitté mon emploi de financier au Luxembourg pour Monkey Tie", résume Jérémy Lamri. Monkey Tie ou "singe en cravate" en anglais, cherche précisément à remettre un peu d'humain dans le processus de recrutement puis dans l'évolution professionnelle.

"Nous développons le premier site de développement personnel, précise Jérémy Lamri. Notre postulat est le suivant : lors d'un recrutement, les compétences ne suffisent pas. Elles ne montrent pas si la personne embauchée va se plaire ou non. Or, réussir ses recrutements et retenir ses collaborateurs sont devenus de véritables défis pour les entreprises. Chacune a ses propres leviers : le salaire, le prestige, la qualité du management, les opportunités à l'international, la taille humaine de l'équipe... Toutes les entreprises doivent apprendre à jouer sur ces leviers mais il faut aussi qu'elles identifient les moteurs de la motivation d'un futur collaborateur et sa personnalité."

Le "Meetic du recrutement"

Monkey Tie a donc développé une plateforme grand public s'appuyant notamment sur un questionnaire de personnalité, baptisé le Big 5, mis au point avec l'université Paris Descartes, et le Culture fit pour dresser la liste des critères de motivation. Elle compte désormais près de 200.000 utilisateurs à la recherche d'une entreprise qui leur corresponde. Parmi les 1.800 inscrites, il y a des grands comptes ou des petites PME d'une cinquantaine de personnes. Jérémy Lamri assume complètement l'étiquette d'un "Meetic du recrutement", tant les mécaniques sont similaires entre la séduction et l'approche affinitaire de la relation collaborateur / entreprise. Monkey Tie, partie sur un modèle payant, a fait pivoter son business model en rendant gratuite sa plateforme pour tous les utilisateurs et les recruteurs. Elle s'appuie dessus pour dégager de la donnée mais aussi pour créer une marque forte avec du contenu, des articles de coaching...

"D'ici peu, les sites consacrés aux ressources humaines feront tous pareil, analyse Jérémy Lamri. Les facteurs différenciants se réduisent, on retrouve les mêmes annonces sur de nombreuses plateformes. L'enquête que nous avons menée auprès de jeunes diplômés montre qu'une personne sur 8 seulement se rappelle du site sur lequel elle a repéré l'offre d'emploi qui l'a menée à son poste actuel. La plupart fait ses recherches sur Google et suit les liens trouvés. Nous voulons positionner Monkey Tie comme un tiers de confiance, donner du contenu et contextualiser les recherches. Pour que les gens vous aiment, il faut apporter de la valeur."

Le modèle économique de la startup s'appuie désormais sur les outils technologiques qu'elle injecte en marque blanche dans les intranets et sites carrières de ses clients. Pivot réussi : son chiffre d'affaires gonflera de 50.000 € l'an passé avec sa plateforme payante à plus de 1 M€ cette année malgré la gratuité mais grâce à son offre BtoB.

Internationalisation, levée de fonds et Investissements d'avenir

Jérémy Lamri mène en ce moment plusieurs gros dossiers de front. L'entrepreneur au profil atypique - il est ingénieur en physique quantique, fut financier et poursuit actuellement un doctorat en sciences cognitives et personnalité - revient tout juste du Canada où Monkey Tie va se lancer. Une nouvelle pierre après la France, la Suisse, le Luxembourg où elle est déjà présente. La troisième levée de fonds de son histoire, autour de 1,5 M€, est aussi en cours de finalisation.

La traction va aussi arriver avec le lancement d'une nouvelle plateforme. Monkey Tie vient d'être sélectionnée parmi les 4 startups choisies par le ministère du Travail pour "disrupter" le marché du travail. L'idée avait été lancée par François Rebsamen, alors ministre, elle a été reprise par Myriam El Khomri qui lui a succédé. Monkey Tie a donc intégré le consortium du Programme Net ("Numérique, Emploi et Travail") avec Pôle emploi, l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact), la Fondation Internet nouvelle génération (Fing) et trois autres jeunes pousses : Bayes Impact, Mindmatcher et Wetechcare. Les différents projets poussés par les startups vont bénéficier d'une enveloppe globale de 2,4 M€ piochée dans le programme Investissements d'Avenir.

Un super-guide numérique des métiers

Jérémy Lamri reste discret sur le montant exact alloué à Monkey Tie, évoquant simplement "l'équivalent d'une belle levée de fonds". Mais il évoque volontiers son projet retenu, qui va bénéficier d'un énorme coup de projecteur avec l'aide de la communication du ministère du Travail :

"Il s'agit d'un guide interactif d'orientation qui permet à l'utilisateur, en répondant à quelques questions ludiques, de définir quelques métiers vers lesquels il pourrait se diriger, en fonction de ses compétences, de sa personnalité et de ses motivations. La plateforme indique également ce qu'il lui manque pour y prétendre, et par exemple qu'il existe une formation correspondante à 12 km de chez lui ainsi que 10 offres d'emploi adéquates. Nous cherchons avec ces outils à contextualiser l'expérience et à montrer le champ des possibles pour que l'utilisateur prenne son parcours professionnel en main plus facilement. Notre plateforme gratuite va être lancée dans quelques jours et sera mise à disposition non seulement du grand public mais aussi des conseillers de Pôle emploi, des conseillers d'orientation, des centres de formation..."

Pour mener à bien ces différents chantiers, Monkey Tie va se renforcer. Si son siège social est à Paris, la jeune pousse a installé son équipe technique à Pessac près de Bordeaux.

"Notre premier développeur était à Bordeaux et voulait y rester, explique Jérémy Lamri. Tous les autres ont voulu quitter Paris. Cela nous va très bien : les développeurs sont moins chassés à Bordeaux qu'à Paris."

Des développeurs et des intégrateurs, Monkey Tie va justement en recruter une douzaine dans les six prochains mois pour son antenne de Pessac. Au total, la startup comptera une petite cinquantaine de collaborateurs d'ici un an.

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