Les chiffres donnent une idée du gigantisme suédois à la sauce basque : 300 ouvriers actuellement et jusqu'à 1.000 pour la phase d'aménagement, un bâtiment principal de plus de 220 m de long, 3 niveaux, 76.000 m2 de surfaces de vente, 3.000 places de parking, 75 boutiques, 12 moyennes surfaces, 1 hypermarché, 10 restaurants, 900 emplois directs, 8 millions de visiteurs attendus, plus de 2 M€ de recettes fiscales annoncées et 250 M€ d'investissements.

Fin 2016, les premiers visiteurs pourront déambuler dans ce centre commercial dit "nouvelle génération". L'ambition d'Ikea Centres, la structure qui gère et commercialise le futur lieu de shopping, est d'accueillir des enseignes à la fois attractives, absentes de la région et complémentaires à l'offre existante. Autre maître mot du futur nouveau temple du commerce de la Côte basque : la convivialité. Ici tout sera fait pour retenir le client : tous les mails convergeront en un point unique ouvert sur l'Adour, des zones de détente avec des terrasses intérieures où prendront place des cafés et un immense rooftop extérieur réservé aux restaurants, des espaces de jeux pour les enfants ou encore toutes sortes de services que l'on retrouve désormais dans les plus grands centres de shopping mondiaux gérés par le groupe.

Crispations et communication

Outre le chantier, la commercialisation bat aussi son plein. Le directeur du développement d'Ikea Centres France, Laurent Saingarraud, annonce 65 % d'espaces déjà attribués avec des locomotives comme Carrefour, Sport 2000, Mango, Pepe Jeans, Séphora ou Desigual. Mais il refuse d'égrener davantage de noms, concurrence oblige !

Concernant les mélis-mélos des autorisations accordées par la Commission départementale d'aménagement commercial (CDAC) puis cassées par la Commission nationale (CNAC), pour les enseignes Primark (mode à petits prix) et Cultura (culture et loisirs créatifs), Laurent Saingarraud se dit serein dans l'attente des décisions actuellement élaborées en appel. Ces derniers recours s'inscrivent dans la lignée de ceux qui ont émaillé le projet Ikea depuis l'annonce de son implantation.

Consciente de ces crispations, la foncière du groupe Ikea multiplie la communication et les concertations avec les communes riveraines. Ainsi des discussions avec la mairie de Bayonne et son office de tourisme sont en cours pour préciser les modalités d'une collaboration afin de faire connaître les atouts de l'Agglomération Côte basque - Adour et de communiquer sur les actions mises en place dans le centre-ville. Il s'agit aussi de renforcer l'usage de la navette reliant déjà gratuitement le magasin Ikea au centre de Bayonne. D'autres contacts sont également initiés avec le Comité départemental du tourisme comme avec la CCI Bayonne Pays Basque.

Pour mieux appréhender ce contexte, une équipe franco-suédoise vient d'être nommée à la direction du site bayonnais. Il s'agit de Håkan Nilsson (directeur) et de Stéphane Biarez (directeur adjoint). Ils seront les interlocuteurs privilégiés des élus, des associations et des différents acteurs locaux "pour imaginer des passerelles entre le centre et tous ceux qui veulent faire bouger le territoire", indique-t-on chez Ikea Centres France.

Un impact économique certain

Pour accueillir les 8 millions de visiteurs attendus, 900 emplois vont être créés. La campagne de recrutement sera pilotée par chacune des enseignes et commencera dès l'été 2016. Un forum de l'emploi est prévu en lien avec Pôle Emploi sur le même modèle que celui mis en place pour le magasin Ikea. Selon les responsables d'Ikea Centres France, la structure "s'est engagée et veut travailler en concertation avec l'ensemble des acteurs locaux pour favoriser l'apprentissage et les contrats de professionnalisation".

Ces nouveaux emplois devraient concerner en grande majorité des personnes résidant dans un rayon proche du site. A titre d'exemple, 80% des employés du magasin Ikea habitent à moins de 30 minutes. L'emploi local et l'économie sont également directement impacté par le chantier puisque sur la vingtaine d'entreprises sélectionnées, 50% sont issues du Pays Basque ou du Sud des Landes et 40% du reste de la région Aquitaine parmi lesquelles DL Pyrénées, Faure Silva, Goyty, Etchenausia, Colas ou Cofely. Elles totalisent aussi 50% du budget engagé.

Un premier bilan pour le géant du meuble

"L'ouverture du magasin Ikea a rempli ses promesses", annonce fièrement Laurent Saingarraud. Ainsi depuis le 26 août, plus de 300.000 visiteurs dont environ 30% d'Espagnols sont déjà venus découvrir l'enseigne bleue et jaune. Parmi les clients français, 40 % font ½ heure de voiture et 25 % plus d'une heure, "ce qui montre le pouvoir d'attraction du magasin", souligne le directeur d'Ikea Centres France.

D'après ces premiers résultats, il semblerait que la zone de chalandise soit élargie et concerne 200.000 personnes supplémentaires sur une population déjà attendue de plus d'un million d'habitants, ce qui n'est pas pour déplaire aux dirigeants de l'enseigne.

Comme à son habitude le groupe suédois ne communique aucun chiffre d'affaires mais Laurent Saingarraud précise que le CA est actuellement supérieur de 15% à l'objectif et que le restaurant est classé n°1 en France ! Toutefois, cette satisfaction est ternie par les inquiétudes locales concernant le suréquipement commercial qui pourrait toucher le Pays basque et le sud des Landes et avoir un impact sur les commerces des centres villes voisins. Il reste un an aux différents acteurs pour travailler ensemble et réussir à monter une aire commerciale et conviviale, avec une notice aux couleurs basques.