Luz’ine, un premier pas vers la consigne des bouteilles de vin dans le Bordelais

Elle se positionne sur le réemploi des bouteilles de vin mais vise, à terme, la consigne. Après être passée par l’incubateur de Bernard Magrez, Annie Le Deunff, fondatrice de Luz Environnement, a lancé sa première ligne de nettoyage en mars 2023. Cet investissement de deux millions d’euros permet de traiter 50.000 bouteilles par semaine dans « Luz'ine », installée près de Langon en Gironde.
Annie Le Deunff, dans son usine de Verdelais, au bout de la ligne.
Annie Le Deunff, dans son usine de Verdelais, au bout de la ligne. (Crédits : Hélène Lerivrain)

« C'est incroyable ce que j'ai réussi à faire, vous ne croyez pas ? », lance d'emblée Annie Le Deunff tout sourire à l'entrée de son usine, baptisée : « Luz'ine ». Elle est la fondatrice de Luz Environnement, une entreprise dédiée à la mise en place du réemploi et de la consigne de bouteille de vin en verre en Gironde. L'entrepreneure a lancé sa première ligne de nettoyage en mars 2023 après être passée par l'incubateur de Bernard Magrez. Il a fallu convaincre afin de rassembler deux millions d'euros pour investir dans un outil industriel. C'est désormais chose faite. Plus de 50.000 bouteilles transitent chaque semaine par « Luz'ine » à Verdelais près de Langon à 40 kilomètres au sud-est de Bordeaux.

Lire aussiLuz Environnement s'apprête à industrialiser le réemploi des bouteilles des vins de Bordeaux

Sur la ligne, les bouteilles passent à la chaîne de machines en machines pour éjecter les défauts, gratter les étiquettes. Elles sont ensuite lavées à 75 degrés pendant vingt minutes puis enduites. Une mireuse électronique composée de huit caméras vérifie alors l'extérieur comme l'intérieur de la bouteille à la chasse au moindre défaut. Une fois cette étape passée, les bouteilles sont mises en palette. Sur la ligne, deux personnes s'affairent. Parmi eux, un travailleur de l'établissement et service d'aide par le travail (Esat) voisin. « Nous sommes quatre à faire tourner l'usine, avec moi ainsi qu'une personne en charge de l'administratif. Mais cela suffit. J'ai souhaité la mise en place d'une structure de petite taille facile à dupliquer », explique Annie Le Deunff.

À ce stade, Luz'ine ne traite que les bouteilles en vue de leur réemploi. « Les bouteilles destinées à la déchetterie », résume Annie Le Deunff. Son stock est constitué de bouteilles issues du don que Luz Environnement revend. « Je récupère de la fin de mise ou de la fin de collection. Cela évite du déchet et ce sont des bouteilles qui ont eu un emploi donc on est déjà vertueux. Cela représente 30 % du business. » Luz Environnement a aussi récupéré en septembre des palettes qui ont pris l'eau et ont rendu les bouteille inutilisables. « Nous nettoyons ces bouteilles pour le compte de clients qui restent propriétaires de leurs bouteilles. Nous sommes sur de la prestation. C'est ce que nous faisons le plus », explique-t-elle, travaillant, en circuit court, avec des viticulteurs de Gironde et du Marmandais.

Le réemploi avant la consigne ?

Mais l'objectif est bel et bien de mettre en place la consigne le plus rapidement possible. Pour y parvenir, plusieurs chantiers sont en cours. « L'outil, nous l'avons et il a l'avantage d'être petit, rapidement duplicable à partir du moment où il a déjà été conçu. En revanche, il faut aujourd'hui se mettre autour de la table avec les collectivités et les professionnels qui travaillent avec les cafés restaurants pour organiser la collecte. Le modèle ne sera viable économiquement que si nous travaillons sur de gros gisements », explique Annie Le Deunff. À une autre échelle, il s'agit aussi de travailler à la standardisation des bouteilles qui pourraient alors se mélanger les unes aux autres et être traitées de façon industrielle. « Mais pas tout. Pour moi, standardiser, c'est chouette sur des vins à forte rotation par sur du vin qui se garde en cave », lance Annie Le Deunff.

Lire aussiVins de Bordeaux : « L'objectif est d'atteindre 10 % de bouteilles réutilisées à l'horizon 2030 »

Alors qu'il s'agit de la première unité de ce type en France, Annie Le Deunff s'est rapprochée de la Suisse, chez Univerree, pour gagner en savoir-faire. « La grosse différence, c'est qu'ils n'ont jamais arrêté la consigne et ont toujours eu la même bouteille. Donc le schéma n'est pas le même », reconnait Annie Le Deunff. Peu avare sur les chiffres, elle reconnait viser le nettoyage de 3,5 millions d'euros par an. « C'est la laveuse qui définit la cadence de la chaîne. Il est préférable de commencer petit. Mais nous avons besoin de réussite », conclut-elle.

Pour cette cheffe d'entreprise au profil littéraire qui a tout appris et connait désormais ses machines sur le bout des doigts, s'il reste du chemin à parcourir, la mise en route de son usine est une première fierté. Son implantation sur une ancienne friche, occupée autrefois par Perrier, en est une autre. « Nous contribuons à réindustrialiser un territoire qui augmente en densité de population. » Son livre de chevet et de référence ? « La France sous nos yeux » de Jean-Laurent Cassely et Jérôme Fourquet.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.