Agriculture : pourquoi les coop du Sud groupent leurs achats d'engrais

Mondialisé et soumis à la forte pression de la Chine et de l’Inde, le marché des engrais nécessite des regroupements de la part des acheteurs qui veulent garantir leurs approvisionnements dans de bonnes conditions économiques. C’est la raison du regroupement entre les cinq plus importantes coopératives agricoles du Sud-Ouest au sein d'une structure d'achat unique : Axso, basée à Toulouse.
L'agriculture chinoise achète, à elle seule, 30 % de la production mondiale d'engrais. Pour exister sur ce marché stratégique et assurer à leurs adhérents un approvisionnement économiquement compétitif, les coopératives du Sud ont décidé de regrouper leur puissance d'achat via Axso.

Afin de garantir les approvisionnements des agriculteurs du Sud-Ouest dans les meilleures conditions économiques, les groupes coopératifs Arterris, Euralis, Maïsadour, Terres du Sud et Vivadour viennent de décider de s'unir pour organiser leurs achats en fertilisants. Ils ont créé une structure commune qui va se charger de représenter leurs intérêts communs sur le marché des achats d'engrais : Axso.
Bientôt installée à Toulouse, où elle cherche actuellement des locaux, la SAS Axso va traiter environ 550.000 tonnes d'engrais/an pour le compte des adhérents des coopératives actionnaires et/ou adhérentes.
Cette structure répond à l'internationalisation du marché des matières premières que constituent les engrais azotés à base d'urée. Une grande partie de l'approvisionnement français dépend d'importations extracommunautaires, le plus souvent par voie maritime... Or Axso bénéficie précisément d'ouvertures sur la Méditerranée et sur l'Atlantique à partir des ports de Bayonne, Bordeaux, La Rochelle, Pasajes (Espagne), Port la Nouvelle et Sète. En regroupant en une seule structure leurs services achats respectifs, les coopératives ont l'occasion de réduire leurs coûts logistiques.

"Les groupes coopératifs adhérents ou actionnaires d'Axso utilisaient souvent les même ports, sur l'Atlantique ou la Méditerranée, pour acheminer, chacun par leurs propres moyens, les engrais azotés vers leurs coopérateurs. Désormais, nous allons faire bateaux communs", explique Pascal Ramondenc, qui vient d'être nommé directeur de l'Axso.

Du fait de la croissance économique et du développement de leur agriculture et alors que dans le même temps l'Europe et les USA réduisaient leurs consommation d'engrais pour des raisons environnementales, le centre de gravité du marché des engrais s'est petit à petit déplacé vers la Chine et l'Inde mais aussi vers d'autres pays émergents pour lesquels la réduction des engrais n'est pas une priorité.

Chine = centre de gravité mondial du business de l'engrais

En France, où l'on compte 26 millions d'hectares fertilisables, et ce même si les engrais organiques tirés des effluents d'élevages et les amendements minéraux basiques progressent en volume, la consommation générale d'engrais, qui s'élève environ à 8,4 millions de tonnes, baisse régulièrement.
Résultat : la France qui, aux débuts des années 60, consommait 8 % de la production mondiale d'engrais, ne représente plus que 2 % des achats mondiaux de fertilisants. Son agriculture, à la fois dépendante à 100 % des importations d'engrais azotés (elle n'en produit pas du tout sur son territoire) et à hauteur de 50 % pour l'ensemble des engrais, représente, dans le même temps, une "puissance acheteuse" en recul.
C'est donc sinon pour peser plus lourd, du moins pour mutualiser les coûts logistiques et peser assez pour négocier d'importants volumes et garantir des prix maîtrisés à leurs adhérents que les coopératives du Sud avancent groupées désormais...

Certes, le cours mondial des engrais azotés à base d'urée est resté stable ces dernières années. Mais la pression de la Chine (qui chaque année augmente sa consommation pour l'équivalent de la consommation annuelle de la France !) et de l'Inde qui, à eux seuls, consomment respectivement 30 %  et 17 % de la production mondiale d'engrais, pourraient changer la donne à l'avenir.
La capacité d'achat d'Axso, qui en fait le premier acteur du marché dans le Grand Sud, le cinquième au rang national, lui donne les moyens de peser, par son volume d'achat, lors de futures négociations de prix.

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Commentaire 1
à écrit le 13/11/2015 à 19:12
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Ben en fait, le mieux c'est de ne pas acheter d'engrais, car en réfléchissant bien, il n'y en a pas besoin, ou si peu.

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