
« On ne peut pas rester comme ça sans rien faire, on est là pour ne pas se laisser marcher dessus. » Au lendemain du vote de la motion de censure qui n'a pas renversé le gouvernement, les syndicats reprennent le relais du mouvement d'opposition à la réforme des retraites. Comme Cyril Segard, technicien salarié chez Stryker à Cestas en Gironde, une petite centaine de personnes ont quadrillé la place Ravezies ce 21 mars au matin.
Au lendemain d'une motion de censure contre le gouvernement rejetée, les syndicats ont réagi place Ravezies à Bordeaux. (Crédits : Agence APPA / Sébastien Ortola)
Objectif : organiser un barrage filtrant et arrêter les automobilistes qui le veulent bien pour leur distribuer un tract. On peut y lire un appel à « libérer le mécontentement » et la promesse que « la victoire est à portée de lutte » si la mobilisation perdure. Un air d'insurrection souffle en ce jour de printemps.
Le barrage matinal a créé quelques ralentissements. (Crédits : Agence APPA / Sébastien Ortola)
Il ne manque que les brins de muguet pour se croire déjà en mai, tellement l'air est doux et la mobilisation sereine. « On n'est pas là pour casser », cadre Cyril Segard. A ses côtés, les branches de la CGT métallurgie, Renault, Saft et cheminots sont présents depuis 6h30 du matin sur ce vaste rond-point de la place Ravezies, nœud des embauches matinales en transport individuel ou en commun. « Le mot d'ordre, c'est pas de dégradations », exhorte Patrick Thenadey, délégué CGT de Saft Bordeaux.
Manifestations spontanées
Une quinzaine de salariés du fabricant de batteries sont mobilisés dans le cadre d'une grève reconductible jusqu'à vendredi pour l'heure. Un temps, il a même été évoqué le blocage de l'entreprise, située à quelques centaines de mètres à peine. « Mais on n'a pas assez de forces seuls » reconnaît le délégué syndical. Le site compte pas moins de 700 salariés. « À part Total qui bloque les raffineries et les éboueurs en grève, bloquer les usines ou limiter l'activité ne sont pas des actions qui rapportent assez de visibilité » juge-t-il.
L'intersyndicale réclame plus que jamais le retrait du projet de réforme des retraites. (Crédits : Agence APPA / Sébastien Ortola)
Les syndicats préfèrent interpeller directement les personnes qui se rendent au travail de bon matin. Les nombreux klaxons des automobilistes le leur rendent bien. Mais si le soutien populaire joue encore en leur faveur, la poussée des manifestations spontanées qui perturbent le centre-ville depuis l'activation du 49.3 la semaine dernière pourrait donner un tournant plus violent au mouvement.
Une « grève historique » ce jeudi ?
« Si c'est avec le chaos qu'on règlera le problème, on est prêt à aller jusque là. » Pour Baptiste, membre du nouveau Syndicat étudiant lycéen apprenti de Bordeaux, la situation du gouvernement appelle à un renouveau de la mobilisation. Mais, malgré la confirmation d'un mouvement qui dépasse ses initiateurs, son camarade Tim juge que « c'est bien le rôle des syndicats d'organiser la colère. » Contrairement aux actions syndicales, les regroupements en centre-ville, comme hier soir au départ de la place de la Victoire, ont créé des affrontements avec les forces de l'ordre.
L'intersyndicale appelle à une nouvelle journée de mobilisation ce jeudi 23 mars dès 12 heures au départ des allées de Tourny à Bordeaux. Les organisateurs espèrent une « grève historique pour faire reculer le gouvernement » après avoir échoué à mettre véritablement le pays et l'économie à l'arrêt comme annoncé ces dernières semaines.
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !