Quand la Gironde craint de manquer de fonctionnaires

Département attractif, besoins de services publics en hausse et collectivité contrainte budgétairement : la rentrée médiatique de Jean-Luc Gleyze, président du Conseil départemental de la Gironde, s’est faite sous le signe de la problématique du maintien de la qualité du service public.
Dans son discours de rentrée face aux médias, le président du Conseil départemental, Jean-Luc Gleyze (PS), a rappelé qu'il préférait raisonner en termes qualitatifs plutôt qu'en termes quantitatifs comme c'est le cas du candidat à la présidentielle François Fillon (LR) parlant des fonctionnaires.

C'est en exhibant la carte de vœux signée du ministre de la Fonction publique Annick Girardin que le président PS du Conseil départemental de la Gironde a entamé son discours prononcé ce midi lors des vœux à la presse. "A quoi servent les fonctionnaires" : c'est en réponse à la question de la ministre, faussement provocatrice, qu'à l'instar du dessin qui rappelle, à l'intérieur de la carte, les services clés réalisés par les fonctionnaires chaque jour, que Jean-Luc Gleyze a réservé une bonne partie de son discours à rappeler l'importance du service public.

"Des candidats à la présidentielle raisonnent en termes quantitatifs. Nous, en Gironde, raisonnons en termes qualitatifs", assurait le président du Département en ouverture de son discours.

Si le président PS soulignait qu'il n'était pas là seulement pour défendre les fonctionnaires, il rappelait que dans "un département qui gagne 15.000 habitants par an, qui connaît une croissance démographique de +1,2 % quand la moyenne nationale s'établit à +0,5 %, les besoins de services publics vont grandissant."

"Il faudrait 60 fonctionnaires de plus au Département chaque année"

Et de rappeler que la croissance démographique actuelle sous-entend la création d'un collège supplémentaire chaque année.

"De la même manière, on peut se dire, si l'on raisonne simplement bien sûr, dans ces conditions, sachant que nous comptons 6.500 agents actuellement, nous devrions recruter 60  fonctionnaires de plus chaque année pour répondre aux besoins liés à cette croissance démographique."

Pas sûr que le discours soit audible actuellement alors que le Conseil départemental vient de voter un budget amputé de 36 M€ d'économies. "Il a fallu travailler comme des fous pendant six mois pour arriver à faire ces économies sans faire évoluer à la hausse les impôts", reconnaît Jean-Marie Darmian, vice-président chargé des finances. "Honnêtement, ce que l'on a réussi sur le dernier budget, je ne vois pas comment on pourrait le réussir sur les prochains, sauf à augmenter la fiscalité", glissait ce dernier.

"Nous ne sommes pas en capacité, budgétairement, d'accompagner la croissance démographique au-delà de la croissance de +1 % de notre masse salariale chaque année", rappelait d'ailleurs son président pendant son discours de rentrée ce matin.

"On ne peut pas seulement se réjouir de notre attractivité"

"On ne peut pas seulement se réjouir de cette croissance démographique sans nier les difficultés qu'elle génère. Il faut anticiper les besoins et ne pas oublier que 1/3 des nouveaux habitants se concentrent sur la métropole bordelaise, 1/3 sur la zone littorale et le 1/3 restant sur le reste du département. Nous ne devons pas négliger les zones rurales et leurs besoins de services publics de proximité. Nous devons nous inscrire dans une logique de justice sociale, et elle passe par le maintien, sur tout le territoire, d'un bon niveau des services qui relèvent de la fonction publique. N'oublions pas, non plus, que la ville, elle-même, s'organise autour des espaces publics... ", ajoutait Jean-Luc Gleyze.

Le président du Département a signalé qu'il venait d'écrire aux présidents de la Région, de la Métropole et aux présidents des Cobas, Coban... "pour évoquer collectivement ce sujet des investissements et du plan de déploiement des équipements publics. La dynamique métropolitaine est une bonne chose, mais elle a aussi des répercussions sur la densité, la hausse des prix de l'immobilier..."

Vers un établissement public foncier englobant Bordeaux Métropole ?

Le président du Département rappelait d'ailleurs à ce sujet de l'immobilier qu'il continuait de

"réfléchir à un outil de maitrise des prix du foncier dans le département. Si la création d'un établissement public foncier local, EPFL, ressemble toujours à un serpent de mer, ici nous venons de profiter du fait que l'Etat s'engage pour la création d'établissements publics fonciers d'Etat pour proposer la candidature du département à l'extension du périmètre de l'établissement public foncier, EPF, de Poitou-Charentes, afin qu'il intègre tout le périmètre de la Gironde."

La réponse du Premier ministre sur cette candidature girondine à cet EPF étendu (Ndlr : la mission d'une EPF est le portage foncier pour le compte de collectivités pour l'acquisition - amiable, préemption, expropriation, le portage - dépollution, démolition, confortement - ou les cessions à des opérateurs privés potentiellement après consultation) devrait prochainement intervenir. En cas d'acceptation, ce périmètre intègrerait de fait celui de Bordeaux Métropole... qui s'est toujours opposé à la création d'un établissement public foncier.

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