Mostiglass, la moustiquaire rafraîchissante se prépare à piquer à l'international

Après avoir lancé la commercialisation de son produit en France où il est plébiscité par des collectivités et des particuliers, la société bordelaise GoCap qui a inventé Mostiglass est en cours de levée de fonds pour se lancer à l’international. Cette moustiquaire conçue à partir d’une plaque de polycarbonate a aussi l’avantage de rafraîchir l’air.
Les plaques de polycarbonate sont percées de trous en forme de cône.
Les plaques de polycarbonate sont percées de trous en forme de cône. (Crédits : GoCap)

« Il n'y avait pas eu d'innovation dans la moustiquaire en quarante ans d'existence, avec toujours le même fournisseur ! », insiste François Capitaine. Lui est docteur en sciences des matériaux, spécialiste des polymères, elle, Nathalie Capitaine, physicienne. Et c'est sur l'île Maurice où ils étaient en mission qu'ils ont commencé à réfléchir à un produit plus esthétique, plus efficace et résistant. « La vue était superbe mais toujours occultée par une moustiquaire constituée de fils entrecroisés qui forment un tissu avec des alvéoles », rapporte François Capitaine. Ni une ni deux, ils se mettent alors à réfléchir à une alternative et c'est ainsi que le concept de Mostiglass voit le jour.

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« Un matériau un peu magique »

« Nous avons pris le contre pied complet de ce qui existait en partant non pas de fils mais d'une plaque de polycarbonate. » La moustiquaire est donc rigide ou semi-rigide « Le polycarbonate est un matériau très transparent, léger qui résiste aux chocs -il est utilisé dans les boucliers des CRS- et supporte des écarts de températures entre -40 et 120 degrés. C'est un matériau un peu magique qui présente beaucoup d'avantages pour le client, mais est difficile à travailler. On nous avait d'ailleurs dit que nous n'y arriverions pas. Nous avons prouvé le contraire ! », rigole l'entrepreneur. Les plaques de polycarbonate sont percées de trous en forme de cônes. Mostiglass a donc aussi l'avantage de rafraîchir l'air.

« A l'époque, dans notre labo, nous pensions qu'il y aurait un rafraichissement. L'effet Venturi est un principe de la physique très connu dans l'aéronautique. En revanche, nous ne nous doutions pas de l'ampleur de ce rafraîchissement. C'est au cours de l'été 2022 que l'Université de Bordeaux a procédé à des essais. Bilan : Mostiglass permet un abaissement de la température de quatre à cinq degrés à l'intérieur d'un bâtiment. Mais, j'insiste, nous ne vendons pas de climatiseur ! Il existe d'autres solutions pour ceux qui souhaitent rafraichir l'air. Il s'agit avant tout d'une moustiquaire qui apporte un confort d'été », avance François Capitaine.

Mostiglass

Coulissant en action. (crédits : GoCap)

Un dispositif certifié par l'OMS

Après avoir déposé un brevet, Mostiglass est aujourd'hui certifié par l'Organisation mondiale de la santé. « Deux moustiquaires ont jusqu'à présent été validées. La moustiquaire en tissu qui est imprégnée d'insecticide et c'est l'insecticide qui fait son efficacité, et la nôtre », souligne François Capitaine. Le prix de Mostiglass : 200 euros en moyenne pour une fenêtre standard de 1,20 m2.

La société GoCap compte parmi ses clients 50 % de collectivités qui en font l'acquisition pour des crèches, des écoles, des Ehpad ou des locaux d'aération et 50 % de particuliers. La ville de Paris a été la première à passer commande, puis Bordeaux, Mérignac, Montpellier, Agde, Toulouse ou encore Puteaux. « La moustiquaire est d'ailleurs utilisée dans des endroits auxquels nous n'avions initialement pas pensé », admet François Capitaine. « Typiquement, dans les cuisines des collectivités où il est obligatoire d'avoir des éléments filtrants les insectes aux fenêtres. Or, les moustiquaires en tissu ne tiennent pas, elles s'abiment et l'ARS [Agence régionale de santé, NDLR] les épingle pour non conformité. Avec Mostiglass, ils se sont aperçus qu'ils n'étaient plus non conformes. Nous découvrons donc de nouvelles applications. Dernière en date, un client a fait un test dans les transformateurs EDF pour empêcher les rongeurs de rentrer tout en assurant une aération et tous sont positifs », développe François Capitaine.

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Levée de fonds en cours

Contrairement à ce qu'elle envisageait donc au départ, la France a tiré le marché et le carnet de commandes est aujourd'hui bien rempli. Sans dévoiler son chiffre d'affaires alors qu'une levée de fonds est en cours, elle annonce tripler son chiffre d'affaires chaque année depuis trois ans. « L'enjeu est aujourd'hui de grossir raisonnablement sans freiner la demande », confie François Capitaine. GoCap, jusqu'à présent installée à Pessac a ainsi déménagé son usine de fabrication près de Dax (Landes) en début d'année et devrait de nouveau changer de local d'ici à la fin de l'été en attendant de construire ses propres bâtiments. « Nous allons devoir doubler ou tripler la surface », précise-t-il, tout en conservant un local de R&D sur le campus universitaire de Pessac.

Aujourd'hui, plusieurs milliers de mètres carrés sortent annuellement de ses ateliers. « Nous avons multiplié par quatre la capacité de production depuis le 1er janvier 2022, nous avons embauché quatre personnes et préparons l'international. Car si la France a répondu présent, le gros marché est bel et bien ailleurs. La France n'a pas l'habitude des moustiquaires contrairement aux États-Unis ou au Canada où le taux d'équipement frôle les 100 %. En revanche, il va falloir être dimensionné pour y aller. D'où la levée de fonds prévue cette année. 2023 est une année charnière », reconnait François Capitaine. Après cinq ans d'activité, les deux fondateurs détiennent aujourd'hui 100 % des parts de l'entreprise.

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