Développer les synergies entre recherche fondamentale quantique et tissu industriel : telle est la mission confiée au hub Naquidis, lancé en octobre 2020 par la Région Nouvelle-Aquitaine et cinq institutions scientifiques (1). "Il nous faut consolider et amplifier le terreau de créativité déjà bien fertile en Nouvelle-Aquitaine", indique à La Tribune Philippe Bouyer, directeur de recherche au CNRS et porteur avec l'Institut d'Optique Graduate School (IOGS) du projet Naquidis. Pour ce faire, "trois chaires thématiques de renommée internationale seront créées dans les six mois : sur les capteurs quantiques, les composants quantiques dans des technologies rapidement industrialisables, et l'ingénierie logicielle".
Fédérer les forces régionales
La quantique promet une rupture technologique dans de nombreux domaines (vitesse de calcul des ordinateurs, sensibilité des capteurs, systèmes de communication, cryptographie, systèmes de navigation), avec des applications possibles dans les secteurs de la santé, de l'environnement, de l'aéronautique... Mais développer ces futurs produits "impose un travail collégial", explique Philippe Bouyer, les technologies quantiques nécessitant d'être combinées à d'autres (photoniques et électroniques par exemple) dans une approche R&D interdisciplinaire. "Naquidis a cette ambition", résume-t-il : "fédérer toutes les forces de Nouvelle-Aquitaine, qu'elles soient académiques ou industrielles."
Ce prototype de centrale de navigation inertielle est développé dans le laboratoire commun entre le CNRS, l'IOGS, l'Université de Bordeaux et la société iXBlue. Grâce aux technologies quantiques, cette centrale permettra dans le futur de se déplacer et se positionner dans l'espace sans l'aide d'un GPS (crédits : CNRS).
Une ambition également portée par la Région, qui finance le projet à 50 %. "Les pouvoirs publics peuvent aussi accompagner cette coordination des acteurs scientifiques et industriels de leurs territoires", défend ainsi Alain Rousset auprès de La Tribune. "C'est ce que nous faisons depuis 20 ans et c'est une politique qui porte ces fruits. Prenez la route des lasers [en Gironde] : il y a 10 ans, on y rencontrait plus de scientifiques que de salariés dans des entreprises ; aujourd'hui, c'est l'inverse, on y compte 5000 emplois."
"Course contre la montre"
Alors que la France, leader avéré de la recherche fondamentale quantique, doit désormais négocier le virage de la rupture technologique qui se joue à l'international, la Nouvelle-Aquitaine entend donc se positionner "en tant que leader national".
"Nous mobiliserons les moyens européens" déployés par le programme Fet Flagship, sur les technologies futures émergents, assure Alain Rousset. Qui salue également l'annonce, le 21 janvier par le président de la République, de la stratégie nationale sur les technologies quantiques, dans le cadre de laquelle l'État compte déployer 1,8 milliard d'euros d'ici à 2030 pour constituer une filière industrielle génératrice de 16.000 emplois directs, et assurer au passage 1 % à 2 % des exportations françaises. "Une course contre la montre", pour garantir la souveraineté nationale sur ces technologies du futur, à laquelle l'exécutif régional compte bien participer.
(1) L'Institut d'Optique Graduate School (IOGS), le CNRS, l'Université de Bordeaux, celle de Limoges et le pôle d'excellence Alpha-RLH
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