Lectra boucle son début d’année 2015 sur les chapeaux de roues

Malgré une déception sur l’évolution des nouvelles commandes, le groupe Lectra a bouclé son 1er trimestre 2015 en fanfare. Avec des résultats positifs amplifiés par une parité monétaire devenue plus avantageuse. André Harari, directeur général du groupe, décortique ce début d’année 2015 avec La Tribune - Objectif Aquitaine.
C'est dans la mode et l'aide à la conception des collections que Lectra s'est d'abord imposé

"Ces chiffres tournent un peu la tête." Incroyable mais vrai : Daniel Harari, DG de Lectra (près de 1.500 salariés), qu'il codirige avec son frère André (président), n'en revient pas de la montée en flèche des résultats du groupe au 1er trimestre 2015.

Lectra conçoit et développe des systèmes (logiciels et machines) de découpe pour les industries utilisatrices de matériaux souples, principalement la mode, mais aussi l'automobile ou l'ameublement. Au 1er trimestre, le chiffre d'affaires du groupe, dont le siège est à Paris mais la recherche et développement, ainsi que la production se trouvent à Cestas, près de Bordeaux, a progressé de 18 %, à 56,1 M€, tandis que le résultat opérationnel bondissait de 192 %, à 5,6 M€ et le résultat net de 134 %, à 3,7 M€.

"Nous n'avions pas prévu que l'euro tombe à une parité aussi basse avec le dollar. Nous avions parié sur une parité de 1,20 $ pour 1 €, alors que la moyenne s'est établie sur le trimestre à 1,13 $ pour 1 € ! D'où cet énorme impact sur le résultat net. Chaque fois que l'euro baisse de 25 centimes par rapport au dollar, nous gagnons 2,5 M€" explique Daniel Harari, dont le groupe fabrique ses produits en euros pour les vendre en dollars (Amérique du Nord) et en yuans : la Chine étant un nouveau marché stratégique pour Lectra.

Une vraie croissance

Ce retournement de situation est une victoire pour les frères Harari, qui avaient refusé il y a quelques années de délocaliser leur entreprise en Chine, comme une étude le leur avait conseillé.

"Avec une inflation quasi-nulle en France, ce choix stratégique joue désormais à plein. En plus des risques pour les produits, nous avions à l'époque anticipé la montée des salaires en Chine" résume le DG.

Daniel Harari (DR)

Ce puissant coup d'accélérateur monétaire ne camoufle pas une situation déséquilibrée, comme une peinture fraîche un cadre vermoulu. Sans l'effet dollar, le chiffre d'affaires aurait ainsi progressé de 8 % et le résultat opérationnel de 64 %. Ce tableau idyllique comprend toutefois sa part d'ombre, qui se manifeste par un cash flow libre (flux de trésorerie généré par l'activité) négatif de 1,2 M€, contre + 2,8 M€ au 1er trimestre 2014.

"Plusieurs faits expliquent cette baisse du cash flow. La part des rémunérations variables et de l'intéressement des salariés, décaissés au 1er trimestre, ont augmenté. Pendant cette même période, nous avons également décaissé le montant des travaux faits à Cestas, mais aussi les charges liées aux nouveaux prototypes. Enfin, les stocks sont un peu supérieurs à ce que nous attendions. Ces quatre événements sont assez conjoncturels et pèsent pour 4,2 M€ sur le cash flow" analyse Daniel Harari.

Stagnation des nouvelles commandes

Le volume des commandes enregistré au 1er trimestre est sans doute le bémol le plus notable apporté à un tableau plutôt idyllique. Si elles augmentent de 12 % à données réelles, les commandes de nouveaux systèmes (21,3 M€) sont en effet restées stables à données comparables par rapport au 1er trimestre 2014. Le commandes de nouvelles licences de logiciels, à 5,7 M€, sont par contre en hausse de 7 % et celles d'équipements de CFAO (conception et fabrication assistée par ordinateur) à 12,4 M€, de + 3 %. De leur côté, les commandes de formation et de conseil sont en recul de 22 %, à + 2,7 M€, par manque de projets significatifs.

"Le niveau des commandes est identique à l'an dernier alors qu'on attendait une croissance à deux chiffres. Nous devons rester très vigilants, car nous évoluons dans un environnement incertain. Mais cette stagnation ne présage rien pour la suite. Avec la hausse des demandes de licences et d'équipements, notre pipeline est chargé", observe le directeur général.

Assurer la croissance du CA

Avec un endettement nul, 99,6 M€ de capitaux propres et 43,5 M€ de trésorerie nette, Lectra affiche une bonne santé presque insolente. En fin de matinée, ce jeudi, le titre Lectra perdait 2,92 % mais là aussi le directeur général avait anticipé le mouvement.

"Le cours a pris plus de 40 % depuis l'annonce des résultats, en février dernier, et il a triplé depuis trois ans. Il ne serait pas impossible que les investisseurs qui sont rentrés en début d'année et ceux qui ont acheté il y a trois ans prennent leurs bénéfices. De nouveaux actionnaires sont susceptibles d'acheter du Lectra et les volumes pourraient être élevés" confiait-il ainsi hier soir après la clôture des marchés à La Tribune - Objectif Aquitaine.

Daniel Harari maintient une prévision de chiffre d'affaires 2015 à 240 M€ (+ 11 % à données comparables par rapport à 2014), pour un résultat net de 29 M€ (+ 39 %). L'objectif majeur des prochains mois est d'assurer la croissance du chiffre d'affaires, tout en rattrapant le retard pris sur le plan de marche, dans un contexte international qui limite la visibilité. Les prévisions du groupe sont assises sur une parité monétaire de 1,20 $ pour 1 €. Malgré les incertitudes qui subsistent, Daniel Harari précise que les fondamentaux du groupe sont aujourd'hui plus solides qu'en 2014.

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