Stade Matmut Atlantique : vers une porte de sortie pour éviter le dépôt de bilan

Comment sortir d'une impasse financière qui dépasse désormais les 20 millions d'euros de pertes ? C'est l'objectif de la conciliation entre Bordeaux Métropole et SBA, le gestionnaire privé du stade Matmut Atlantique, qui vient de s'achever. Des hypothèses de travail sont désormais sur la table pour aboutir d'ici le printemps 2024 et sortir l'enceinte sportive de son déficit structurel.
Depuis sa mise en service en 2015, le stade Matmut Atlantique, à Bordeaux, enregistre un déficit cumulé de plus de 20 millions d'euros.
Depuis sa mise en service en 2015, le stade Matmut Atlantique, à Bordeaux, enregistre un déficit cumulé de plus de 20 millions d'euros. (Crédits : SBA)

« Ce stade est un succès puisque, sans lui, Bordeaux aurait été rayée de la carte des grandes tournées et grands évènements sportifs. Mais, même avec une très belle année, nous perdons deux millions d'euros par an... », expliquait très simplement à La Tribune Loïc Duroselle, le président de SBA, en janvier 2023. SBA, pour Stade Bordeaux Atlantique, est la co-entreprise de Vinci et Fayat chargée d'exploiter le stade Matmut Atlantique dans le cadre d'un partenariat public-privé de 2015 à 2045. Avec une nouvelle perte de deux millions d'euros enregistrée en 2022, le déficit d'exploitation cumulé de l'enceinte de 42.000 places dépasse désormais les 20,6 millions d'euros.

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Un budget prévisionnel tombé aux oubliettes

Si un déficit est logique lors des premières années d'exploitation de ce type d'infrastructure, la facture pour SBA est bien plus élevée qu'anticipé initialement. En effet, 20,6 millions d'euros de déficit c'est 13,8 millions de plus que le budget prévisionnel. Selon ce plan imaginé en 2015, le Matmut Atlantique devait enregistrer environ huit millions d'euros de pertes cumulées jusqu'en 2023 avant de passer dans le vert en 2024/2025 puis de devenir rentable. Un schéma depuis longtemps tombé aux oubliettes alors même que Bordeaux Métropole a déjà consenti un effort financier avec la diminution de ses recettes annexes pour prendre en compte l'impact de la crise sanitaire, sans quoi le déficit cumulé aurait été alourdi de plus de cinq millions d'euros.

Bref, l'enceinte sportive voulue par Alain Juppé pour accueillir l'Euro 2016 de football est dans une impasse financière et sans perspective d'équilibre futur, d'autant plus avec un Football club des Girondins de Bordeaux qui se dirige vers une troisième saison d'affilée en Ligue 2. À tel point que l'exploitant agite depuis plusieurs années le chiffon rouge d'un dépôt de bilan. Un scénario qui n'arrangerait personne et que chacun souhaite donc éviter tout en restant dans les clous du contrat initial jusque-là très protecteur des intérêts de la collectivité. Alain Anziani, le président de Bordeaux Métropole, a donc initié en septembre dernier une procédure de conciliation pour « avoir les idées claires sur les intentions des uns et des autres » et tenter de trouver une issue à la fois acceptable et respectueuse des engagements juridiques réciproques.

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Sécuriser la gestion de l'équipement

Cette procédure, par nature confidentielle, s'est achevée ces derniers jours et la Métropole s'en félicite : « Ce rapport conforte la position de Bordeaux Métropole [...] qui n'est en rien responsable du déséquilibre économique constaté depuis l'origine de l'exploitation, ce dernier résultant d'une mauvaise prévision des charges et recettes associées », indique-t-elle par communiqué ce 26 décembre.

Plusieurs pistes sont émises dans le rapport final de conciliation pour « permettre de sécuriser la gestion de l'équipement jusqu'au terme du contrat, impliquant que chacune des parties prenantes consente des efforts pour rétablir un équilibre économique durable ». Mais Bordeaux Métropole tient une position claire dans la perspective des futures évolutions qui devront être à la fois « équitables » et « conformes au droit des contrats publics et ne se traduisent pas par des profits pour les exploitants actuels ». En clair, pas question de renflouer massivement SBA avec de l'argent public ni de toucher à l'équilibre global du contrat. Deux lignes rouges qui, si elles étaient franchies, pourrait permettre aux concurrents malheureux de SBA en 2015 de remettre en cause l'ensemble du PPP devant les tribunaux.

Parmi les pistes évoquées l'an dernier, il pourrait être question de jouer sur le niveau des recettes reversées par SBA à la Métropole, actuellement de 4,6 millions d'euros mais déjà réduites de moitié en 2020, 2021 et 2022. Des mutualisations de fonctionnement avec les Girondins de Bordeaux, le club résident, étaient également évoquées ainsi qu'un développement des abords du stade pour développer de nouvelles recettes en matière de restauration et d'hôtellerie dans le cadre du futur quartier de la Jallère. Une stratégie de diversification à la marge déjà initiée à l'intérieur du stade avec l'accueil de l'école ESG Sports depuis 2020 et de séminaires d'entreprises.

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Bordeaux Métropole et SBA vont continuer à négocier « les nouvelles modalités de gestion du stade Matmut » dans le but de les formaliser au cours du premier trimestre 2024. Sollicitées par La Tribune, les deux parties n'ont pas souhaité s'exprimer.

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