Pour le village du réemploi ïkos, c’est maintenant que tout se joue

Les porteurs du projet ïkos avaient tablé sur une inauguration du village du réemploi dans la métropole bordelaise en 2020. Le terrain n’ayant pas été trouvé, ce ne sera finalement pas le cas. Mais loin de baisser les bras, les cinq acteurs locaux mobilisés depuis trois ans redoublent d’efforts pour faire connaitre le projet et engager des discussions avec les nouveaux élus. La question de la temporalité sera décisive.
La galerie marchande serait la première en France à proposer à la vente ou au don une telle palette des biens de consommation (textiles, livres, mobilier, objets de décoration, bricolage, électroménager, vélos...).
La galerie marchande serait la première en France à proposer à la vente ou au don une telle palette des biens de consommation (textiles, livres, mobilier, objets de décoration, bricolage, électroménager, vélos...). (Crédits : ïkos)

Cela fait trois ans que le projet ïkos a été initié à Bordeaux et désormais le temps presse. "Il y a un risque d'essoufflement", prévient Marion Besse, présidente de l'association ïkos qui redouble désormais d'efforts pour que ce projet, à environ 10 millions d'euros, finisse par voir le jour. "Nous nous donnons toutes les chances en faisant connaître ce projet au grand public, propriétaires de terrain et politiques. C'était tout l'objet de l'appel à soutien non financier que nous avons lancé en mai", confie Marion Besse.

17.000 m2 de bâti à trouver

ïkos, c'est le nom d'un village du réemploi, de la réparation et du recyclage imaginé par cinq acteurs locaux : Le Relais, l'Atelier d'éco solidaire, le Livre vert, R3 (traitement des encombrants des bailleurs sociaux) et les Compagnons bâtisseurs. Sur le papier, il comprend un centre de tri pour les livres, les textiles, matériaux de construction, objets et appareils, une recyclerie créative, une place événementielle, une galerie marchande et un pôle d'innovation et de R&D. "Le projet peut évoluer en fonction du foncier", explique néanmoins Marion Besse qui précise que 17.000 m2 de bâti seront nécessaires.

"L'appel à manifestation d'intérêt Aire lancé par Bordeaux Métropole en 2017 s'est soldé par un échec car le terrain était pollué. Il a ensuite été question de la Jallère. Des plans ont été établis, mais après le départ d'Alain Juppé, au printemps 2019, les rapports de force ont changé. Des oppositions se sont levées. Désormais, il n'y a plus de plan C", regrette Marion Besse.

Idéalement, l'objectif aurait été de s'installer en 2020 pour une raison très pratique.

"Les cinq structures initiatrices du projet sont locataires et nous avions une échéance de fin de bail cette année. Désormais, nous tablons sur 2023, ce sera la dernière chance. Les volumes que nous traitons sont en constante augmentation et nos locaux deviennent trop petits. Nous traitons plus de 6.000 tonnes de déchets et doublerons au sein d'ïkos pour réduire d'autant en amont la production de nouveaux biens et en aval la quantité de déchetsEt je précise que les tonnages se transforment en emploi, c'est mathématiques. A nous cinq, nous sommes à environ 120 emplois, nous passerions à plus de 200 emplois locaux."

Lire aussi : Comment le Smicval compte réduire les déchets avec un budget maîtrisé

Changer de regard sur l'occasion

Mais "ce village du réemploi, ne se résumera pas à une addition de nos activités", précise-t-elle encore. "Il n'y aurait pas de plus-value." Ainsi, la galerie marchande accueillera de nombreuses boutiques et donc d'autres acteurs. Une offre d'animation a également été pensée pour intégrer un volet sensibilisation et éducation auprès des scolaires et du grand public. "Il faut mettre le paquet pour changer les comportements et cela passe par un changement de regard sur l'occasion. Pourquoi ne pas organiser aussi des anniversaires, des enterrements de vie de jeunes filles pour mettre du sens derrière ces événements, des ateliers de couture ? Cela fait partie du modèle économique : des ateliers payants qui permettraient de financer d'autres événements gratuits, des festivals, des conférences par exemple."

"Il faut conserver le concept d'une offre pas chère pour ceux qui en ont besoin", précise-t-elle toutefois. "En revanche, nous avons une offre plus haut de gamme. Je pense en particulier à l'Atelier d'Eco solidaire qui récupère des tissus, des meubles, des décorations dans une démarche éco-responsable afin de les transformer en pièces uniques et originales ensuite proposées à la vente", explique Marion Besse.

Lire aussi : Comment l'Atelier d'Eco Solidaire recycle les déchets en emplois durables

"Pour que cela fonctionne, il faut aussi adopter les codes qui marchent. L'accès devra donc être facilité, accessible à la périphérie et nous trouverons ici toute une palette de produits. Le frein dans l'achat responsable, c'est le multi-adresses."

Marion Besse qui croit dur comme fer en ce projet a réponse à tout : "Il y a des rêveurs et des faiseurs. Nous faisons partie des gens qui réalisent."

Quelle temporalité ?

Après les élections municipales et la victoire de l'écologiste Pierre Hurmic, c'est donc le moment de relancer la machine. "Nous avons besoin de la métropole sur la partie foncier notamment", précise-t-elle. "Quand nous lisons le programme de Pierre Hurmic à Bordeaux sur la question de l'économie sociale et solidaire, dans trois des cinq points listés, on croirait voir ïkos ! Donc il n'y a pas de doute sur le fait que la nouvelle municipalité soutiendra le projet. En revanche, tout se jouera sur la question de la temporalité. La nouvelle équipe arrive, alors que nous travaillons sur ce projet depuis trois ans. Il va falloir que l'on soit fixé dès cet été !"

Lire aussi : Economie, PLU, mobilités : le détail des 28 nouvelles délégations de Bordeaux Métropole

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.