Randonner de port en port avec juste son casse-croûte et sa crème solaire dans le sac à dos ? C'est le rêve de tout marcheur, que la société Les Sentiers de la Mer se propose d'exaucer depuis trois ans. Et l'expression est à prendre au sens propre comme au figuré puisque le concept est de proposer un hébergement en demi-pension sur un voilier qui attend chaque soir les promeneurs à une nouvelle amarre, selon l'itinéraire concocté entre voyageurs et hôtes. Un séjour itinérant garanti bas carbone, d'autant plus que les hôtes sont invités à adopter des écogestes « Ce sont des plaisanciers particuliers, qui accueillent les randonneurs ou cyclistes, partagent leurs bons plans et un moment de convivialité. Nous en comptons aujourd'hui 80, répartis sur le littoral français », détaille Sophie Fournier, cofondatrice de la startup.
Favoriser la lenteur et les détours
Dans une veine plus terrestre, La Bulle Verte propose une cinquantaine de destinations rurales, souvent des propriétés ou des villages viticoles. « Notre idée est de faciliter les déplacements au sein de ces territoires en vélos, trottinettes, voire Méharis électriques et de co-concevoir avec les sites des itinéraires et expériences. Il s'agit de faire découvrir le patrimoine de proximité pour que les visiteurs prolongent leur séjour », note Cyrielle Nau, la cofondatrice de la startup bordelaise.
Quant à Loopi, implantée à La Rochelle, elle propose un calculateur d'itinéraires touristiques gratuit mettant en avant les mobilités douces. « Pas question d'aller au plus vite ! L'outil suggère des détours et incite les vacanciers à recourir à de nouvelles mobilités, qu'ils pourront continuer d'utiliser à leur retour », décrit Fabien Ferdinandy, président de la société fondée il y a trois ans.
Dans les territoires avec lesquels elle a contracté, l'entreprise enrichit son offre des balades et propositions des offices de tourisme. « Une version pilote en Maas (mobility as a service) est aussi déployée à La Rochelle, Royan et Angoulême, en partenariat avec Charentes-Tourisme et le conseil régional Nouvelle-Aquitaine. Elle propose des déplacements intermodaux incluant les circuits touristiques en transport en commun voire en bateau », poursuit-il. Un positionnement que Loopi est la seule à porter en France.
En quête d'équilibres économiques...
Surfant sur la vague du tourisme de proximité et des mobilités douces, largement portée par la période post-Covid, ces entreprises n'en ont pas moins un modèle économique encore fragile. « L'approche verte n'est pas ce qui fait la différence auprès des voyageurs, qui choisissent d'abord leurs vacances selon la zone géographique et le besoin d'accueil en termes de personnes. Il y a bien chaque année une étude de Booking qui pointe que plus de 70 % des voyageurs sont prêts à séjourner dans des hébergements responsables, mais on en reste encore aux intentions », observe Marie-Pierre Schaubroeck, cofondatrice de We Go GreenR, société bordelaise qui aide les hébergeurs à transformer leur offre dans une approche de transition écologique.
« Nous ne sommes pas encore à l'équilibre », convient Sophie Fournier. Les Sentiers de la Mer ont déjà vendu 600 nuitées (à partir de 94 euros par personne) et accueilli 120 voyageurs et se rémunèrent par une commission de 20 % sur la réservation finale. De son côté, Fabien Fernandy assure : « Nous n'y sommes plus, car ces derniers mois nous avons recruté beaucoup de profils marketing et investi dans des actions de communication qui devraient être rentabilisées à partir de 2025 ».
L'application Loopi étant gratuite pour le grand public, la startup tire ses revenus des professionnels du tourisme, principalement des offices de tourisme et collectivités avec qui elles déploient son calculateur d'itinéraires enrichi, mais aussi des agences de voyages (qui peuvent via son outil créer des carnets de voyage sur mesure) ou loueurs de vélos (qui ont la possibilité de bâtir des circuits adaptés).
... et de capitaux
Quant à La Bulle Verte, elle vend des prestations aux sites touristiques qu'elle recense sur sa plateforme internet. « Il s'agit de travailler à la fois sur leur offre, mais aussi de les accompagner dans un nouveau métier. Car si l'objectif est de valoriser leurs produits, il s'agit aussi de développer l'œnotourisme comme une diversification de leur activité », explique Cyrielle Nau.
À l'équilibre depuis sa deuxième année, La Bulle verte est aujourd'hui en phase de levée de fonds pour développer une expérimentation sur la mobilité et les derniers kilomètres en matière touristique. Une expérimentation, portée par la Tourisme Lab de la Région Nouvelle-Aquitaine, pour encourager les voyageurs à opter pour les transports en commun depuis leur domicile et pendant leur séjour.
Une levée de fonds se profile également à l'horizon fin 2024-début 2025 pour Les Sentiers de la Mer, qui souhaitent étendre leur offre sur le littoral français, mais aussi maltais, grec, espagnol et italien.
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