La recette de La Rochelle pour favoriser un tourisme d'affaires durable

Rénovation énergétique, menus décarbonés, réduction des emballages : la communauté d'agglomération de La Rochelle a adopté en 2023, une stratégie « d'équilibre touristique » dans laquelle le tourisme événementiel et d'affaires a toute sa part. Avec des obligations pour les professionnels qui sont accompagnés dans leur transition. La démarche commence à porter ses fruits.
À La Rochelle, l'espace Encan accueille chaque année 150 événements. Autant d'occasion de réduire l'empreinte carbone de cette activité.
À La Rochelle, l'espace Encan accueille chaque année 150 événements. Autant d'occasion de réduire l'empreinte carbone de cette activité. (Crédits : Farid Makhlouf)

Doté d'une grande halle modulaire de 3.000 m2, d'un toit en verre rétractable et d'un auditorium de 800 places, l'espace Encan de La Rochelle accueille chaque année 150 événements. Palais des congrès et centre des expositions, il surplombe le vieux port, à cinq minutes à pied de la gare SNCF et des principaux hôtels. Cette desserte locale à la faible empreinte carbone en fait un atout supplémentaire dans une agglomération pionnière de l'écologie urbaine, et qui a adopté en 2023 sa « stratégie d'équilibre touristique ».

C'est que le secteur y représentait l'année dernière 11 % des emplois du territoire et 595 millions d'euros de retombées économiques. Pesant 20 à 30 % des nuitées, le tourisme d'affaires et d'événementiel a été mis à contribution, représentant l'un des trois piliers de cette feuille de route intercommunale.

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Transport, alimentation et énergie

Ce n'est cependant pas sur le transport que portent les principaux efforts de Nicolas Martin, directeur de la société d'économie mixte La Rochelle Tourisme & Événements, une structure qui exploite à la fois l'office de tourisme et le palais des congrès. « Dans l'événementiel, il s'agit effectivement du premier poste d'empreinte carbone, mais nous n'avons pas la maîtrise de la façon dont les gens se rendent chez nous, même si nous les encourageons à prendre le train », commente-t-il.

Dans sa ligne de mire en revanche, l'alimentation et les dépenses énergétiques des bâtiments, qui constituent les deux autres leviers majeurs pour réduire l'empreinte carbone de cette activité. Concernant les dépenses énergétiques, la communauté d'agglomération s'est ainsi engagée cette année dans des travaux d'isolation du Forum des Pertuis, le second centre d'exposition de La Rochelle implanté aux Minimes, et va investir 18 millions d'euros dans la rénovation de 2025 à 2027 de l'espace Encan, un bâtiment des années 50 devenu passoire thermique. Reste que les gains en termes écologiques ne seront pas mesurables immédiatement.

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Côté alimentation, « plus de 100 000 repas sont servis chaque année à l'espace Encan. C'est là que nous pouvons obtenir les résultats les plus rapides », estime Nicolas Martin. Dans cet esprit, une charte traiteurs a été signée avec les professionnels intervenant au centre des congrès, visant à décarboner les menus proposés. Sont par exemple consignés l'obligation de proposer 30 % de pièces végétariennes servis dans les cocktails, l'utilisation de produits locaux, frais et bio, l'incitation de préférer la volaille au bœuf ou encore l'interdiction de viandes issues d'élevages industriels.

Des menus décarbonés

Pour accompagner le mouvement, une quinzaine de restaurateurs rochelais ont été sensibilisés à la décarbonation de leurs menus ou encore à la négociation avec les fournisseurs sur l'obtention d'une matière première sans emballage. Dirigeant de la société Cousin Traiteur, Philippe Paroissien est de ceux-là. Pour aller plus loin, il a fait appel à un formateur reconnu : tous ses cuisiniers passeront entre ses mains d'ici l'été. « L'enjeu est de nous rendre plus attractif, cette expertise peut nous aider à remporter des marchés, d'autant que tous les organisateurs de congrès ont leurs propres objectifs RSE. Maintenant, pour les dîners de gala, il faut bien reconnaître que les clients aiment bien avoir un filet de bœuf ou du fois gras », note-t-il.

Président de l'Umih (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie) de Charente-Maritime, associé aux réflexions de l'agglomération au sein d'un groupe de travail, Guillaume Jacques observe avec intérêt la stratégie de tourisme durable de l'agglomération de La Rochelle. « Sur la charte traiteur, il faut juste être vigilant à ce que les contraintes aujourd'hui imposées n'écartent pas les petites structures qui ne seraient pas en mesure de les respecter dans l'immédiat au profit de plus gros. Pour l'instant, les professionnels sont accompagnés dans leurs démarche de transition, mais quand sera-t-il à l'avenir ? », met-il en garde.

Assouplir certaines règles

Et s'il reconnaît que la montée en gamme qui accompagne le tourisme durable s'est répercutée sans trop de difficulté dans l'hôtellerie, les consommateurs se montrent en revanche plus réticents à une augmentation des tarifs dans le domaine de la restauration.

Nicolas Martin le reconnaît d'ailleurs lui-même : « Certains points de la charte ne sont pas applicables en l'état, comme le 100 % de produits frais et locaux sur les gros événements, en raison de la chaîne du froid et du manque de certaines filières pour s'approvisionner. Nous allons donc assouplir les règles en octroyant un peu plus de délais ».

La stratégie de tourisme équilibré commence en tout cas à porter ses fruits. En mars dernier, La Rochelle Tourisme & Evénements a décroché la norme ISO 20121, saluant son management responsable de l'activité événementielle. « Et en avril l'agglomération est devenue le quinzième territoire français labellisé "Destination innovante durable" par le bureau Veritas », se félicite Stéphane Villain, président de l'agence de développement touristique responsable Charentes Tourisme et vice-président de l'agglomération rochelaise ainsi que du conseil départemental de Charente-Maritime, où il est en charge du tourisme.

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Commentaire 1
à écrit le 04/06/2024 à 15:03
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Un si superbe ville. Autrement plus sympa et cultivé que le port de st tropez quand même hein... mais bon, berlines allemandes, villas à nice, voyages aux Seychelles, Prostitution, coke et-c... si les riches avaient du goût le monde se porterait beau...

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