Biocombustibles : Vinea Energie passe au payant sous la pression de l'inflation

La hausse des prix du gasoil contraint Vinea Energie à revoir le modèle économique de son service de recyclage des déchets viticoles, jusqu'ici fondé sur la gratuité. Les vignerons devront désormais s'acquitter de 350 euros par benne de ceps ramassés, un tarif qui reste concurrentiel, et doit permettre à la startup, qui a fermé ses portes quelques semaines, de redémarrer avec des perspectives de rentabilité.
Malgré les difficultés de son modèle économique, Vinea Energie affiche déjà 5.500 tonnes de ceps de vigne ramassés et recyclés. De quoi éviter l'émission de 4.850 tonnes de CO2.
Malgré les difficultés de son modèle économique, Vinea Energie affiche déjà 5.500 tonnes de ceps de vigne ramassés et recyclés. De quoi éviter l'émission de 4.850 tonnes de CO2. (Crédits : Vinea Energie)

L'inflation aura eu raison de leur modèle gratuit. Acculée par la hausse des prix du gasoil, la startup Vinea Energie, spécialisée dans la transformation de ceps de vignes en combustibles bois pour chaudières biomasse, facture désormais aux vignerons le ramassage de leurs ceps à 350 euros la benne. Une décision "difficile à prendre", concède Alice Shaw, co-fondatrice de la startup, mais qui s'imposait pour survivre :

"Nous avons arrêté l'activité en mars, et repris toutes nos projections : avec une telle hausse des prix du carburant, notre modèle n'était plus pérenne. Si nous ne passions pas sur un modèle payant, c'était l'arrêt définitif annoncé."

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La startup créée l'an dernier et désormais logée au Village by CA Aquitaine a donc re-mouliné son modèle économique : "Nous avons fixé un tarif de ramassage cohérent avec les tarifs d'arrachage pratiqués par les acteurs viticoles et légèrement inférieur aux tarifs d'évacuation des déchets verts, pour rester concurrentiels", poursuit la co-fondatrice, précisant que le service inclut désormais une prestation de tri des ceps et des piquets, qui incombait jusqu'ici aux vignerons.

Pour Alice Shaw, cette décision est d'autant plus "frustrante" que la startup fait face à une demande en constante croissance, en ligne avec les projections définies lors de la création. En un an et demi d'activité, elle affiche déjà 5.500 tonnes de ceps de vigne ramassés et recyclés ; de quoi éviter l'émission de 4.850 tonnes de CO2, ce que l'entreprise traduit par "l'équivalent de 1 200 voitures en circulation par an". "Surpris mais compréhensifs", les vignerons déjà familiers du dispositif répondent pour l'heure plutôt favorablement à cette nouvelle offre, assure l'entrepreneuse.

Une levée de fonds à l'automne

C'est bien le défi des mois qui viennent : stabiliser ce nouveau modèle, et engager Vinea Energie sur la voie de la rentabilité. Logiquement, les ambitions de départ - un chiffre d'affaires de l'ordre de deux millions d'euros en 2023 et le ramassage de 80 % du gisement entre le Nord Charente et l'Entre deux mers d'ici à 2025 - sont revues à la baisse, la startup visant désormais un taux de ramassage de 20 % dans les cinq ans. "Un objectif prudent", souligne Alice Shaw.

Mais le cap reste le même : industrialiser la transformation des ceps de vignes, en multipliant les plateformes logistiques, et en construisant une unité de granulation. Si la création de cette dernière est pour l'instant suspendue, elle reste un pilier de la stratégie de développement sachant que Vinea Energie n'opère pour l'instant aucun véhicule ni chauffeur en propre mais par le biais de prestataires. "Nous sommes en discussion avec des collectivités pour installer de nouvelles plateformes logistiques, en Charente et dans le Médoc", précise encore Alice Shaw. Un développement pour lequel la startup prépare une première levée de fonds, prévue à l'automne prochain, et via laquelle elle espère obtenir un million d'euros.

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