Pays basque : la bataille entre classiques et modernes reprend

L’architecture fait à nouveau débat au Pays basque. D’un côté, ceux qui privilégient le classicisme d’un style néo-basque et ses colombages rouges ou verts. De l’autre, ceux qui souhaitent ne pas figer un territoire dans un style d’architecture mais la faire évoluer.
Une maison néobasque à Biarritz

C'est un peu la querelle des anciens et des modernes qui ressurgit ces jours-ci au Pays basque. « Mais les anciens ont toujours perdu », commente malicieusement Jean-Pierre Voisin, un spécialiste de l'urbanisme en charge du développement urbain à Anglet.

Plusieurs élus de l'Agglomération Sud-Pays basque envisagent ainsi la création d'une charte de « bonne conduite architecturale ». Refusant de « diluer l'authenticité du Pays basque », explique Odile de Coral, maire d'Urrugne, ou encore l'uniformisation, ils ont en ligne de mire plusieurs constructions récentes parmi lesquelles l'éco-quartier Alturan de Saint-Jean-de-Luz. Un projet audacieux assumé par Peyuco Duhart, le maire de la station balnéaire. « Cela fait longtemps que nous réfléchissons à cette question. Alturan a été imaginé en 2001, à un moment où l'on commençait à peine à parler du développement durable et où les éco-quartiers n'étaient pas encore nés. On a lancé un concours d'architecture et on a laissé parler les architectes. »

Pour Jean-Pierre Voisin, la clé est l'écoute et la concertation. « Pour le PLU d'Anglet, on a beaucoup bataillé, on a organisé 17 réunions et on a gagné un travail de qualité avec les associations », précise l'élu angloye.

Entre audaces et carte postale

Réalisé par le cabinet d'architecture de Xavier Leibar, installé à Bayonne et à Bordeaux, Alturan est un quartier « où l'on vit très bien », renchérit l'édile luzien : « En centre-ville, nous avons des contraintes avec les Architectes des Bâtiments de France dans un périmètre de 500 mètres autour de l'église Saint-Jean-Baptiste. Le programme "Ilot des Erables" est un projet privé, il est plus classique, c'est vrai », avoue-t-il.

« Il faut écouter les vrais créateurs, ceux qui savent regarder le paysage, travailler avec de nouveaux matériaux et proposer des innovations, estime Jean-Pierre Voisin. Il faut faire confiance à l'intelligence de nos concitoyens et se battre pour la qualité architecturale et l'environnement. » Le spécialiste de l'urbanisme note toutefois que « la situation est différente sur le littoral et dans le Pays basque intérieur qui est menacé par le mitage de son territoire par une pseudo architecture traditionnelle. Et de citer, à Anglet, les exemples de la villa Primkipo, de style « mauresque » ou de la villa Arguia, art déco. « Auraient-elles vu le jour si une charte avait encadré la créativité des architectes ? », s'interroge-t-il.

Membre de l'association patrimoniale Lauburu et élu luzien, Peio Etcheverry-Ainchart pose la question : « Vit-on dans un musée ou dans un pays qui continue d'évoluer et de créer ? » Une interrogation qui risque de faire débat pendant encore longtemps au Pays basque.

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