En Aquitaine, la batterie du futur fédère de grands groupes

Le développement de la batterie du futur en Aquitaine, soutenu dès l’origine par le président de la Région, se précise. La signature de trois conventions entre les principaux acteurs impliqués marque une étape.
Alain Rousset, président de la Région, et Thierry Le Hénaff, PDG d'Arkema

Alain Rousset était le 8 juillet dans les locaux de l'ENSCPB (Ecole nationale supérieure de chimie et de physique de Bordeaux), en compagnie de Thierry Le Hénaff, PDG d'Arkema (5,9 Md€ de chiffre d'affaires - 14.280 salariés), Karim Zagrib, président de SCE France, à Lacq (Pyrénées-Atlantiques), filiale d'Hydro-Québec, et Florence Lambert, directrice au CEA Tech Grenoble de Liten (Laboratoire d'innovation pour les technologies des énergies nouvelles et les nanomatériaux).

Trois conventions de coopération, entre la Région, Arkema, Hydro-Québec et le CEA Tech ont été signées à cette occasion. Le projet porté par SCE France consiste notamment à développer des batteries capables de stocker dix fois plus d'énergie que les modèles existants et de recharger les véhicules électrique aussi rapidement que l'on fait un plein d'essence.


Hydro-Québec, moteur d'une innovation de rupture


Dans ce dossier porteur d'une innovation de rupture, Alain Rousset joue l'homme-orchestre, décidé à mobiliser un maximum de compétences technologiques et de moyens financiers sur le sujet. SCE France est née du rapprochement de l'Institut de recherche d'Hydro-Québec (Ireq), le géant québécois de l'énergie (8,8 Md€ de chiffre d'affaires -20.243 salariés), avec Powertrend Energy Conversion, la jeune entreprise créée à Lacq par deux ingénieurs français, Alain Jullien et Denis Lagourgue, qui sont à l'origine de ce projet innovant.

"Arkema est l'héritier d'Elf Aquitaine et dispose d'un groupe de recherche à Lacq. Ce que l'on voit, c'est qu'il est possible de travailler en Aquitaine sur une innovation de rupture. Nous avons un peu joué le rôle d'entremetteur avec Hydro-Québec, confirme Alain Rousset. Le CEA Tech s'implante ici et je vais bientôt rencontrer, poursuit-il, les patrons d'EDF, de Schneider, etc. pour les mobiliser sur ce sujet. 80 % des batteries sont importées de Chine et du Japon, et ce que nous sommes en train de faire n'existe pas en France, où le seul acteur industriel dans les batteries est Saft."


Arkema, le chimiste indispensable

 
Un volontarisme économique régional salué par Thierry Le Hénaff.

"Nous nous sommes lancés dans l'aventure avec la Région Aquitaine depuis plus de six mois. C'est bien, parce qu'avec Alain Rousset nous n'avons pas affaire à un élu mais à un entrepreneur, qui partage avec nous une vision de long terme. C'est la raison pour laquelle nous avons accepté de coopérer avec la Région Aquitaine, ce que l'on ne fait jamais ailleurs", a détaillé le patron d'Arkema, qui a rappelé que les énergies nouvelles mobilisaient depuis des années le groupe, notamment impliqué dans les batteries lithium-ion.

La chimie joue un rôle déterminant dans le fonctionnement des batteries et l'expertise d'Arkema apporte au projet une indiscutable robustesse. Le CEA Tech, engagé dans la recherche sur les batteries du futur depuis une vingtaine d'années, entame en Aquitaine sa troisième phase de développement dans ce domaine, a souligné Florence Lambert.


Veiller à ce que la batterie soit fabriquée en France

Karim Zaghib a de son côté rappelé que les liens entre Hydro-Québec et le CEA sont très anciens et que les deux partenaires travaillent sur la complémentarité des matériaux. "Arkema est un chimiste et Hydro-Québec est capable de maîtriser le développement des batteries, sur la partie électrolyte (substance liquide assurant le transport ou la conduction de l'électricité, NDLR), avec la mise au point de nouveaux sels", résume Karim Zaghib.

Lambert-Zaghib

Florence Lambert et Karim Zaghib (photo J.-Ph. D.)

Des enjeux qui sont au centre de l'activité de SCE France, qui, à partir du 1er septembre 2015, va démarrer en tant que laboratoire en recherche et développement sur cette batterie du futur. La Région participe à hauteur de 3 M€ dans ce projet, appuyé non seulement par le CEA Tech,  mais aussi par les chercheurs de l'Université de Pau et des Pays de l'Adour.

SCE France va d'abord élaborer un modèle industriel  de cette nouvelle batterie, qui, en plus de stocker de l'énergie à l'échelle du mégawatt, devra être capable de proposer un temps de rechargement des véhicules électriques de l'ordre de quatre à cinq minutes. Thierry Le Hénaff a bien souligné qu'ensuite le gouvernement devra s'assurer que l'industrialisation de cette nouvelle technologie puisse se faire en France, grâce à des aides ciblées. Ce qui devrait générer à terme des investissements de l'ordre de 500 M€, a pronostiqué Alain Rousset.



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