Séismes : comment la construction bois fait de la résistance

Le sol a tremblé ce matin à Bordeaux. Rien à voir avec un nouveau séisme meurtrier au Népal. A Bordeaux, c’est dans l’enceinte de l’institut technologique FCBA, centre technique industriel pour les filières forêt cellulose, bois construction et ameublement, que le sol tremble, parfois très violemment, sur les 36 m2 de la dalle sismique capable de simuler les plus importants tremblements de terre de l’histoire afin de mettre à l’épreuve les constructions bois. Outre les tremblements de son outil, FCBA est agité aussi par un projet d’extension de site qui a été présenté, ce matin toujours, au président de Région Alain Rousset.
La table sismique développée en interne à Bordeaux, permet à FCBA de proposer des tests de résistances capitaux... à moindre frais pour les PME et PMI de la filière bois construction

Ce matin encore, la terre a tremblé. Au Népal où, après le séisme du 25 avril qui a fait au moins 7.800 morts, un tremblement de magnitude 7,4, vraisemblablement meurtrier, s'est produit dans la même zone. Aucune comparaison possible, mais à Bordeaux aussi, ce matin, et à plusieurs reprises, le sol a tremblé. Plus précisément, il s'agissait d'un séisme circonscrit aux 36 m2 du sol d'un des très rares simulateurs de tremblements de terre disponibles en Europe.  Ce simulateur, installé dans les locaux du centre technique industriel FCBA à Bordeaux, est même unique au monde puisqu'il a été entièrement ou presque réalisé en interne par une équipe de quatre personnes, ingénieurs et techniciens du laboratoire de mécanique. "Nous n'avions pas le choix. Les simulateurs comme ceux-là, et même beaucoup plus petits, étaient hors de portée de notre bourse", explique Patrice Garcia, chef du laboratoire de mécanique du FCBA (135 salariés en Gironde, à Bordeaux et Cestas, siège en région parisienne). "Nous avons développé notre table sismique nous-mêmes, à l'issue d'un chantier de un an et demi... et d'un investissement dix fois moindre de ce qu'il aurait dû coûter en l'achetant au USA, où réside le seul grand spécialiste de cet équipement."

Simulateur "low cost" mais "high tech" qui séduit à l'étranger

Le résultat supporte la concurrence... qui n'est pas pléthorique en France et en Europe sur ce type d'équipement. Du coup, le FCBA dispose, et ce depuis trois ans maintenant, d'un outil qui permet d'éprouver la résistance des structures bois en situation de tremblement de terre... voire de la prouver.
"Le séisme de magnitude 7,2 qui a eu lieu à Kobe en 1995 (6.400 morts, NDLR) a montré que les constructions et structures bois savaient résister. Grâce à cet outil, qui nous permet de reproduire un séisme trois fois plus fort que celui de Kobe,  nous savons pourquoi et jusqu'où, et surtout nous pouvons calculer les coefficients de sécurité des structures bois. Nous avons tous les moyens pour prouver la pertinence de la construction bois face au risque sismique."
Un outil qui s'avère également pertinent sur le plan économique pour la filière.
"Les entreprises du secteur bois ont besoin de se différencier face à la concurrence. Elles ont besoin d'innover, expliquent  Patrice Garcia et l'ingénieur Ronan Lacroze. La résistance aux séismes, mais pas seulement, est un des moyens de se différencier. La mise en œuvre de notre table sismique est peu onéreuse, elle permet aux entreprises du secteur un accès à des tests de résistance qui sont financièrement à leur portée."
Un atout qui séduit de plus en plus d'acteurs français... mais aussi étrangers. "Un acteur allemand du marché de la construction à ossature bois vient de faire connaître son envie de travailler à Bordeaux sur notre outils de simulation."

Projet d'agrandissement à 8,01 M€ en cours à Bordeaux

La simulation de séisme n'est qu'une des nombreuses innovations et batteries de tests réalisées par FCBA pour le compte de la filière bois. L'institut technologique, numéro un européen de la R&D sur le bois, fortement représenté en Aquitaine, (148 de ses 350 salariés sont mobilisés sur deux sites girondins à Bordeaux et Cestas), et qui a pour mission de promouvoir le progrès techniques et donc de favoriser la compétitivité des acteurs des filières bois, pâte à papier, scierie, charpente, menuiserie, structure, panneaux dérivés du bois, ameublement..., entend renforcer encore ses champs d'actions.
A l'occasion d'une visite d'Alain Rousset, président d'une région Aquitaine très impliquée dans le soutien et le financement de la filière et du centre technique, le directeur général de FCBA, Georges-Henri Florentin, a présenté un projet d'extension du site bordelais (Boutaut).
Le site qui compte 13.000 m2, construit actuellement, va s'étendre sur une parcelle de terrain supplémentaire de 1.000 m2. "Cela vise à répondre à plusieurs enjeux de la filière bois construction", expliquait Pierre Bonfils, de la direction clients de FCBA. "Nous devons être capables de répondre à d'ambitieux développements de marché et à un renforcement des performances des équipements scientifiques et technologiques", précise Georges-Henri Florentin.
Si tout se passe bien, fin 2017, le site bordelais de FCBA disposera d'espaces et d'ateliers supplémentaires pour une R&D qui sera particulièrement orientée vers le traitement acoustique, thermique, le vieillissement naturel  du bois... mais aussi vers la durabilité de sa performance au feu, la qualité de l'air intérieur et, bien sûr, vers le comportement au risque sismique des produits et des systèmes constructifs bois.
Cela sera possible à l'issue de deux phases distinctes de travaux et d'un investissement total de 8,01 M€.

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