Derrière les cordialités de la visite d'État, il y a aussi les sujets de crispation économique. En particulier pour les filières du cognac et de l'armagnac qui attendent plus que des échanges de politesses entre Emmanuel Macron et Xi Jinping, à l'occasion de la visite en France du dirigeant chinois.
Alors que la Chine a ouvert une enquête anticoncurrentielle sur les brandys européens, le président français Emmanuel Macron a évoqué lundi le « souhait » de son homologue chinois de ne pas « voir appliquées » les « mesures provisoires » chinoises visant le cognac français, après lui en avoir offert des bouteilles.
Une bonne nouvelle pour le cognac français qui faisait l'objet d'une enquête antidumping lancée par les autorités chinoises. Une procédure lancée sous forme de représailles adressées à la Commission européenne, elle-même à l'initiative de mesures protectionnistes à l'encontre des véhicules fabriqués en Asie. Le gouvernement chinois soupçonnait les spiritueux d'avoir pratiqué des prix plus bas à l'export que sur leur marché national entre 2022 et 2023.
Les deux eaux-de-vie représentent à elles seules 95 % des spiritueux européens exportés en Chine et sont donc très inquiètes de l'enquête qui pourrait aboutir à une hausse des taxes douanières. La procédure qui va courir jusqu'en 2025 tombe d'autant plus mal que les exportations de cognac ont chuté de 20 % en 2023 après deux années records. Et que l'eau-de-vie charentaise comptait sur la Chine, son deuxième marché avec 20 % des ventes en volume, pour se relancer.
Sujets tabous
En coulisses, les interprofessions se sont organisées et ont pu rencontrer le ministre chinois du commerce début avril. « Tout en participant de façon rigoureuse à la dimension procédurale très contraignante de cette enquête, le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC) et tous les acteurs du cognac se sont mobilisés pour obtenir que ce dossier politique et diplomatique fasse l'objet d'un accompagnement du gouvernement français en vue d'une suspension de cette enquête injustifiée », indique le BNIC par communiqué.
Le 13 mars dernier, le ministère chinois du commerce indiquait vouloir intégrer les trois plus grosses maisons de cognac dans la procédure, à savoir Hennessy, Martell et Rémy Martin. Des marques qui se trouvent au milieu d'une guerre diplomatique et commerciale persistante. Emmanuel Macron, qui accueille ce mardi Xi Jinping dans les Hautes-Pyrénées, doit évoquer le sujet au cours de la visite officielle du président chinois. S'il se fait porte-parole des filières impactées, le chef de l'État va aussi marcher sur des œufs voire rester sur sa réserve, notamment sur un sujet plus grave, celui des droits humains. Il dit ainsi préférer évoquer « les désaccords » plutôt « derrière des portes closes ».
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