Malgré un PSE, le groupe Gascogne amortit le choc de la crise Covid-19 au 1er semestre

Le groupe Gascogne, leader régional des industries bois et papier, a dû appliquer un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) dans sa division bois, qui connait des difficultés complexes à résoudre. La crise du Covid-19 n'a fait qu'aggraver la situation tout en étant très amortie dans la division emballage, qui génère 90 % du chiffre d'affaires du groupe industriel landais, avec ses subdivisions papier, sacs, flexible.
Le groupe Gascogne traverse de fortes turbulences tout en conservant des marges de manoeuvre.
Le groupe Gascogne traverse de fortes turbulences tout en conservant des marges de manoeuvre. (Crédits : Reuters)

Le 1er semestre 2020 aura été marqué pour le groupe Gascogne, à Saint-Paul-lès-Dax (Landes), par le lancement d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), qui se traduit par la fermeture de la scierie de Castets (Landes). Au total 84 postes de travail (sur près de 1.600 emplois) ont été supprimés par ce PSE finalisé fin mai par le leader régional du secteur bois-papier-emballage. Globalement la crise du Covid-19 a modérément touché le groupe landais, dont le chiffre d'affaires consolidé ne recule que de -10,5 % sur un an, à 182,7 millions d'euros, au 1er semestre 2020. Ce recul a été de -6,6 % au 1er trimestre avant de monter à -14,5 % au 2e trimestre.

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L'évolution est un peu plus préoccupante quand on entre dans le détail et que l'on se penche sur l'évolution des divisions bois et emballage du groupe, la seconde étant subdivisée en trois : papier, sacs, flexible. Avec un chiffre d'affaires semestriel de 18,7 millions d'euros, la division bois est ainsi en recul de -35,9 %, après deux baisses d'activité successives, de -25 % au 1er trimestre et -46 % au 2e trimestre. Tandis que la division emballage, qui génère à elle seule 164 millions d'euros de chiffre d'affaires, ne perd que -6,2 %.

Bois : une division centrale et bien soutenue...

La division bois, branche d'activité historique d'un groupe né de la forêt et de l'association de sylviculteurs landais, est devenue l'homme malade de Gascogne. Dans un courrier adressé fin février aux salariés de la Division bois, rendu public par France Bleu Gascogne, le PDG du groupe landais, Dominique Coutière, prend ainsi le temps d'expliquer la situation au moment où le PSE a été mis en route.

"Depuis mon arrivée en 2014, j'ai toujours pensé et soutenu, et j'en suis toujours convaincu aujourd'hui, que Gascogne doit conserver une activité bois pour assurer son indépendance en approvisionnement de bois, pose tout d'abord Dominique Coutière. Ma philosophie et ma stratégie, poursuit-il, sont celles d'un industriel, qui investit sur le long terme, dès lors que la viabilité économique est démontrée. Depuis 2014, nous avons investi massivement dans l'outil industriel, plus qu'il n'en a jamais été réalisé, 150 millions d'euros en six ans, dont 10 % sur la division bois, ce qui est cohérent avec le poids de cette division dans le groupe (13 % du chiffre d'affaires consolidé en 2019)."

... mais qui pose des problèmes

Ce qui est aussi pour Dominique Coutière l'occasion de rappeler l'importance de la restructuration industrielle menée au sein de Gascogne depuis que les raiders boursiers parisiens d'Electricité et eaux de Madagascar (EEM) ont perdu le contrôle du groupe, au profit du retour d'une gouvernance landaise, qu'il incarne parfaitement. Comme il le souligne ensuite, les difficultés de cette branche d'activité sont profondes.

"Le problème est que nous ne parvenons pas à atteindre un équilibre économique minimum pour la division bois, qui ne mette pas en péril la pérennité de l'ensemble des activités du groupe. En effet, malgré deux restructurations industrielles en 2015 et 2017, qui ont vu la fermeture des sites et activités les plus périphériques, malgré des efforts considérables afin de diminuer les frais de structure, nous perdons encore six millions d'euros par an. Depuis mon arrivée, la Division bois a consommé 30 millions d'euros de cash et le groupe a soutenu la société Gascogne Bois en réalisant quatre augmentations de capital pour près de 50 millions d'euros. Ce n'est pas soutenable à long terme", prévient Dominique Coutière.

Forte baisse du résultat net global

Malgré cette préoccupation centrale, le groupe Gascogne n'a pas vu tous ses moteurs se mettre à l'arrêt. Si la division emballages a perdu un peu de puissance au 1er semestre, avec un chiffre d'affaires à 164 millions d'euros, soit -6,2 % sur un an, son Ebitda (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements) a très nettement progressé pendant la même période, à 15,2 millions d'euros (+43,3 %).

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La subdivision papier est le seul sous-ensemble de la division emballage a avoir vu son chiffre d'affaires progresser, en l'occurrence de +4,6 %, à 51,7 millions d'euros. La sous-division sacs est de son côté en baisse de -5,2 %, à 56,2 millions d'euros, et l'activité flexible de -15 %, à 56,1 millions d'euros. Une évolution dont le résultat net se ressent brutalement puisqu'il s'effondre de -85 % sur un an, tout en restant positif, à 400.000 euros.

Des flux de trésorerie qui restent bien orientés

La direction du groupe tient cependant à remettre cette évolution chiffrée en perspective puisqu'au global, l'Ebitda de Gascogne progresse de près de 30 %, à 14,1 millions d'euros. D'autre part, la direction souligne que les flux opérationnels de trésorerie "augmentent fortement" à 15,3 millions d'euros, soit +8,7 millions d'euros, grâce à la progression de l'Ebitda et à une diminution du besoin en fonds propres au 1er semestre.

"Ces flux couvrent largement les flux d'investissement de 7,6 millions d'euros, les investissements du semestre ayant été limités par la période de confinement", décrypte le groupe.

La direction souligne qu'au 3e trimestre l'activité commerciale est restée correcte sans avoir rattrapé son niveau d'avant la crise. Le groupe mise sur ses fondamentaux commerciaux, industriels et financiers pour passer cette crise.

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