Lectra va recruter plus de 130 salariés à Cestas

Le groupe Lectra lance un plan de recrutement de plus de 130 salariés sur deux ans à Cestas (Gironde), où se concentre l’essentiel de ses moyens d’action. Après une forte hausse conforme aux prévisions, Lectra intensifie des investissements en recherche et développement pour atteindre le stade d’entreprise industrielle 4.0 d’ici 2020.
Séquence consultation du processus de fabrication chez Lectra.
Séquence consultation du processus de fabrication chez Lectra. (Crédits : DR-Lectra)

D'ici fin 2019 Lectra, coté en bourse, dont le siège est à Paris, va recruter plus de 130 salariés pour renforcer son centre girondin de Cestas, berceau historique du groupe, où sont à la fois regroupés les moyens de production, la recherche et développement et le show-room international. "Nous allons recruter plus de 120 personnes pour notre service recherche et développement au cours des années 2018 et 2019. Recrutements auxquels vont s'ajouter 15 embauches cette année à la production" éclaire pour La Tribune, à Bordeaux, Daniel Harari, PDG de Lectra.

Société innovante dans la haute technologie depuis sa création à Cestas par les frères Etcheparre, en 1972, Lectra, repris par les frères Harari au début des années 1990, s'est imposé sur le marché de la découpe de matériaux souples (à lame ou à laser), dans les secteurs de la mode-habillement, de l'automobile et de l'ameublement. Devenu depuis quelques années le leader mondial sur ce marché de niche à forte valeur ajoutée, à la suite d'un choix stratégique fait sur la haute qualité, Lectra, qui compte 1.657 salariés, a réalisé un chiffre d'affaires de 277,2 M€ en 2017, en hausse de +8 % sur un an, pour un résultat net qui dans le même temps a atteint 29,3 M€, en croissance de +10 %.

26,6 M€ investis en recherche et développement

"Ces résultats correspondent à nos prévisions de chiffre d'affaires et de résultat opérationnel, à 39,3 M€, soit +10 % sur un an, qui marquent un nouveau record historique pour Lectra. En 2017 nous avons atteint tous nos objectifs, nous sommes en progression sur tous nos marchés. Le plan de marche pour renforcer le pôle recherche et développement a bien été lancé avec 62 recrutements et un investissement de 25,6 M€ en 2017. Auquel il faut rajouter il est vrai 1 M€ pour la mise en place d'une équipe innovation. Notre objectif est de porter le budget de recherche et développement à 10 % du chiffre d'affaires en 2018, contre 9,6 % l'an dernier" éclaire Daniel Harari.

L'automobile, avec la découpe d'airbags, l'habillage de sièges, reste le premier marché (44 % du CA), devant la mode et l'habillement (40 %) et l'ameublement (10 %), les autres industries représentant le solde. Les systèmes de conception et fabrication assistée par ordinateur (CFAO) sont un des socles historiques du groupe. Daniel Harari précise qu'en 2017 Lectra a vendu 468 systèmes de découpe Vector, soit "50 % de plus qu'il y a deux ans". Pour faire face à la hausse d'activité, Lectra continue à agrandir et restructurer ses bâtiments de Cestas, moyennant un investissement global de 10 M€.

Sur cette vidéo le témoignage d'un client mexicain de Lectra qui travaille pour le secteur automobile japonais.

Les industriels chinois commencent à penser premium

Les commandes de machines sont en progression dans toutes les régions, à commencer par les Amériques, à +14 %, devant l'Europe (+11 %). La zone Asie-Pacifique est toujours positive à +2 %. Dans cette région Lectra a vu ses ventes exploser de +32 % en Chine, pays où le groupe français commence à trouver ses marques.

"L'économie chinoise est en pleine mutation. Malgré cette forte hausse, la situation n'est pas encore satisfaisante dans ce pays, surtout dans le marché de la mode où les industriels fonctionnent encore sur la logique du "good enough", c'est-à-dire de l'assez bon pour que ça marche : pas question pour eux de payer plus pour avoir de meilleures machines. Mais le vent commence à tourner, de plus en plus de ces industriels achètent des technologies premium. Ils comprennent le profit qu'ils peuvent en tirer. C'est un peu pareil au Bangladesh où les enfants des fondateurs des sociétés de confection ont compris l'intérêt d'investir dans la technologie" décrypte le PDG de Lectra.

Des orientations de long terme positives, qui s'additionnent au dynamisme du marché automobile indonésien, sans pour autant gommer les sérieux problèmes que connaît aujourd'hui cette région à cause des énormes tensions qui s'accumulent dans la péninsule coréenne. La Chine applique ainsi une forte pression économique sur la Corée du Sud, qui est en train de se doter d'un bouclier anti-missile américain Thaad pour se protéger de la Corée du Nord, qui multiplie essais nucléaires et tirs de missiles. Une stratégie défensive qui déplaît à Pékin, qui a néanmoins desserré l'étau sur les voyages touristiques organisés en Corée du Sud.

"Depuis le début du boycott chinois des voitures sud coréennes, notre chiffre d'affaires auprès des constructeurs automobiles s'est effondré de 90 % en Corée du Sud" illustre Daniel Harari. L'autre foyer de tension, de bien moindre amplitude, est alimenté par la politique protectionniste et anti-mexicaine du président américain Trump. Le bilan 2017 a été l'occasion pour Daniel Harari de revenir sur la feuille de route 2017-2019, première étape d'évolution du groupe pour les dix prochaines années.

"D'ici 2020 nous voulons être un acteur industriel mondial 4.0, avec une offre totalement innovante. Nous avons expérimenté les premières solutions de ce type en 2016-2017, observe le PDG, et nous allons commencer à les déployer sur le marché cette année. Lectra va par exemple développer des salles de coupe 4.0, poursuit-il, accompagnées de la création chez le client de plateformes dans le cloud. Pour optimiser la production".

Les systèmes à la fois robustes et sophistiqués de Lectra, dont la base est formée par une machine de découpe, seront ainsi enrichis par des informations immédiatement accessibles et ciblées.

Des "tissuthèques" pour simuler le comportement de la matière

"Dans la confection, explique Daniel Harari, le client pourra simuler le comportement de la matière en fonction de l'humidité, qui rend très difficile la stabilisation des couleurs dans les pays émergents. Avec le cloud il aura accès à une "tissuthèque" où il pourra identifier la matière la plus adaptée à ses contraintes climatiques".

De plus Lectra va progressivement développer de nouvelles offres utilisant le mode logiciel en tant que service (software as a service ou Saas), avec des programmes d'abonnements. Le rachat de la startup italienne Kubix Lab, qui a développé un logiciel de traitement d'information centré sur les données, "data centric" comme le précise Daniel Harari, non focalisé sur les process industriels, devrait être la clé d'un bond encore plus puissant dans l'usine 4.0 (ou usine du futur) qui combine innovations matérielles et logicielles.

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Commentaire 1
à écrit le 18/02/2018 à 16:36
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Je suis prete pour travailler. Comment je peux faire s'il vous plait?

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