Nouvelle-Aquitaine : comment et pourquoi "faire territoire (s) " ?

"Faire territoires (s)" : c'est le thème du dernier rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESER) de Nouvelle-Aquitaine, présenté fin décembre 2017. Plus qu'un rapport, il s'agit d'un questionnement sur les multiples facettes de l’identité de ce territoire né en 2016 pour devenir la région la plus étendue de France. Entreprises, collectivités, associations et citoyens sont invités à expérimenter localement pour donner corps à une identité commune au-delà des concurrences et des contradictions.
(Crédits : CESER Nouvelle-Aquitaine)

"Le cœur et la périphérie proche de Bordeaux ressemblent bien plus à ceux de Lyon et Lille - voire de Paris - qu'aux petites villes et villages de la Gironde, du Lot-et-Garonne ou des Landes", rappelle à juste titre le géographe Jacques Lévy, dans un entretien à Médiacités. Dans ces conditions, la Nouvelle-Aquitaine, constituée à la fois de 84 % de communes rurales, de 10 agglomérations de plus de 100.000 habitants et d'une métropole de plus de 760.000 habitants, a-t-elle une identité propre et doit-elle en avoir une ?

C'est au lendemain de la fusion, le 1er janvier 2016, entre les trois anciennes régions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes que la section "veille et prospective" du CESER s'est auto-saisie d'un travail au long cours sur cette notion de "Faire territoire(s)" en Nouvelle-Aquitaine. C'est-à-dire à la fois de "construire une identité cohérente, constituant un tout" et de "créer du lien entre ses parties sans en gommer leur singularité". Les conclusions de cette démarche participative - qui se veut un point de départ plutôt qu'une arrivée - ont été présentées le 21 décembre 2017 et sont consultables sur le site de l'organisme consultatif.

Cheminer... S'inspirer...

Organisée en deux volumes - baptisés "Cheminer" et "S'inspirer" - cette contribution tente d'esquisser les multiples facettes de l'identité néo-aquitaine, parfois complémentaires, parfois contradictoires, et de mettre en lumière des initiatives et expérimentations locales qui créent du lien à différents échelles. Le second volume est ainsi constitué de 53 fiches qui sont autant de porte d'entrée sur la réalité de la vie économique régionale, par nature, très variée : le festival d'art lyrique de Sanxay (Vienne), l'écosystème Darwin à Bordeaux, le territoire "Zéro chômeur de longue durée" à Mauléon (Deux-Sèvres), l'initiative citoyenne I-Ener au Pays basque, etc...

"Il peut sembler difficile de faire territoire alors que la région est traversée par des phénomènes de métropolisation et de littoralisation qui entraînent à la fois des sentiments de relégation de certaines zones et de saturation de la métropole. Mais le but des politiques publiques est précisément d'adresser ces enjeux, de limiter les potentialités d'éclatement du territoire", observe ainsi Jean-Michel Gautheron. Le président de la section "veille & prospective" souligne notamment l'opportunité que constitue l'élaboration du Schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (SRADDET), pilotée par la région.

La gouvernance, facteur de développement économique

Invité comme grand témoin, Olivier Bouba-Olga, économiste à l'Université de Poitiers, appelle à rompre avec "l'obsession française d'un modèle unique de développement des territoires" et tient à nuancer le dogme métropolitain. "Certaines métropoles sont dynamiques mais d'autres le sont moins et, surtout, il y a des territoires non-métropolitains très dynamiques", observe-t-il. Et l'universitaire d'insister sur les marges de manœuvre des décideurs et élus locaux : "La gouvernance est clairement un facteur de développement économique mais encore faut-il que les territoires se regardent et travaillent ensemble sur l'inter-territorialité en termes de logements, d'emplois ou de mobilité. C'est une notion déterminante"

Les approches inter-territoires mais aussi transfilières sont ainsi mises en avant par le travail du CESER qui suggère de décloisonner les secteurs et les acteurs économiques. Autres angles d'approche mis en avant pour façonner une identité régionale : l'économie circulaire, les monnaies locales, la démocratie participative renouvelée, le soutien aux expérimentations locales, les initiatives culturelles, le développement des tiers-lieux, la valorisation des savoir-faire locaux ou, encore, le renforcement des outils de connaissance et d'anticipation du territoire.

Autant de pistes locales qui doivent s'articuler finement avec les enjeux plus globaux en termes de réchauffement climatique et de transformation numérique notamment.

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