Mundao : "Les produits upcyclés fabriqués en France ont un énorme potentiel"

La société bordelaise Mundao cherche à concilier produits upcyclés fabriqués à partir de matériaux récupérés), impact sociétal et une brique trop souvent laissée de côté, le design. Tout juste lauréats du concours national Make it happen, ses cofondateurs Stéphanie et Etienne Mazet jette un regard lucide sur le mouvement "consom'acteurs" et expliquent pourquoi l'économie circulaire peut réellement décoller.
La draisienne a été conçue par Mundao et réalisée à partir de bois de qualité non traités voués à partir à la poubelle

Le déclencheur de Mundao a pris la forme d'un long voyage en Asie en famille, "où nous étions parti chercher du sens. Là-bas, nous avons rencontré des ONG qui aidaient les populations locales à réaliser des produits à partir de déchets et qui arrivaient parfaitement à équilibrer leur business". De retour en France, Stéphanie et Etienne Mazet, installés à La Ruche à Bordeaux, établissent donc des ponts avec ces communautés de producteurs, artisans, artistes, ONG. Leur site internet propose surtout des accessoires, des sacs, des bijoux ou des objets pour l'intérieur. Avec une limite de taille malgré tout :

"Les produits que nous avions identifiés n'étaient pas toujours adaptés aux attentes françaises, il y a avait du travail à faire sur le design et surtout, ça faisait 8.000 km ! Nous nous sommes donc tournés vers du made in France."

Plus spécifiquement, le couple Mazet développe Mundao en s'appuyant sur les compétences des entreprises adaptées. Sa première création, une draisienne (vélo sans pédales pour enfant) est conçue en bois de qualité issu de caissons de transport destinés à la poubelle. Elle a été réalisée par des personnes en situation de handicap spécialisées en menuiserie dans une entreprise girondine. Le jouet a permis à Mundao de remporter l'édition 2017 du concours national Make it happen, lancé l'an passé par Soon Soon Soon, Ulule et WoMa. Partenaire de l'événement, la Camif a donc remis à Stéphanie et Etienne Mazet une dotation de 5.000 € et ouvert à la draisienne les portes de sa marketplace.

"On reste trop dans l'économie verte 30 % plus chère"

Les Mazet jettent un regard lucide sur le phénomène des "consom'acteurs" et de l'économie circulaire :

"Certains adhèrent spontanément aux valeurs de durabilité, de solidarité. D'autres y sont moins sensibles ont besoin d'entrer dans cette dynamique par le design des produits, qui est souvent un peu laissé de côté dans l'économie circulaire. Cette seconde porte d'entrée est donc très importante à nos yeux. Reste ensuite la question du prix. Réaliser une draisienne upcyclée et 100 % fabriquée en Nouvelle-Aquitaine vendue à 40 € pièce, ce n'est pas envisageable (le produit de Mundao est vendu 89 €, pas si éloigné de nombre de draisiennes fabriquées en Chine, NDLR). Il y a pourtant de vrais enjeux derrière car l'industrie française du jouet est moribonde. La matière première ne manque pas entre le bois et le plastique susceptibles d'être utilisés, même si beaucoup de progrès doivent être faits dans l'industrialisation."

Le savoir-faire des Esat

Les compétences existent sur place, elles aussi :

"On a été bluffé par les Esat, les entreprises et services d'aide par le travail. Leur savoir-faire est énorme. L'enjeu n'est pas la ressource, les gros récupérateurs ne savent pas quoi en faire, surtout depuis que la Chine ne rachète plus de plastique. Nous avons identifié beaucoup d'acteurs avec qui nous pourrions faire sortir une gamme de jouets en plastique recyclé en 2018. L'upcyclé fabriqué en France a un énorme potentiel. Non, le principal problème est celui du coût. On reste trop dans l'économie verte 30 % plus chère, et ce n'est pas comme ça qu'on gagnera la bataille."

En mission, les fondateurs de Mundao ? Pas vraiment.

"Nous ne sommes pas des ayatollahs, nous nous reconnaissons davantage dans une démarche pédagogique. Nous cherchons des distributeurs sensibles à la démarche de l'upcyclé et du made in France. Le problème est qu'en discutant avec les gros acteurs, on retombe dans de la négociation classique de la grande distribution, qui renvoie systématiquement et exclusivement à la question des coûts et des marges. L'enjeu est d'arriver à parler également de RSE dans ces discussions. On ne propose pas qu'un produit, on donne la possibilité à l'enseigne de communiquer sur une production locale et durable."

Après la draisienne, Mundao commence à commercialiser auprès des professionnels du cycle une sacoche à vélo, upcyclée elle aussi à partir de chambres à air.

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Commentaires 3
à écrit le 30/11/2017 à 12:11
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Un véritable cercle vertueux peut rapidement s'en détacher: Relance de l'artisanat, du design, de l’application personnalisée et du coup tout une panoplie d'acteurs nouveaux entrants dans la conception d'un produit. Maintenant deux barrières maje...

à écrit le 30/11/2017 à 10:12
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UPCYCLE....Cela veut dire quoi en français ? Votre article devient incompréhensible si vous utilisez des mots anglo-saxons.....Pitié pour notre langue qui a tout pour expliquer ce que vous voulez dire !!!! STOP les anglicismes qui tournent au snobi...

le 04/12/2017 à 10:30
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La traduction la plus adaptée serait semble t-il le "surcyclage". En anglais le terme "up" employé, donne rapidement l'idée d'un concept où l'on monte d'un cran. Ce qui est le cas avec le surcyclage, puisqu'un déchet se trouve sans transformation ...

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