Les ruches connectées de Miecolo au chevet des apiculteurs

Incubée d’Unitec et lauréate de la French Tech Tremplin 2021, la start-up bordelaise Miecolo commercialise les premières versions tests de ses balances connectées. Présentées comme un outil de prise de décision, elles favorisent l’optimisation du temps et les dépenses des apiculteurs. Mais l’engouement est mitigé pour le Syndicat apicole de Gironde.
Créée en 2021, la startup bordelaise Miecolo a déjà déployé une trentaine de balances connectées chez des apiculteurs.
Créée en 2021, la startup bordelaise Miecolo a déjà déployé une trentaine de balances connectées chez des apiculteurs. (Crédits : Miecolo)

En 2022, on comptait 1,3 millions de ruches et 76.000 apiculteurs en France : c'est 10 % de moins qu'il y a 30 ans mais c'est autant de potentiels clients pour la start-up Miecolo. Installée à Mérignac (Gironde) dans une maison qui n'a pas vraiment l'air d'un bureau, la jeune pousse a commencé à développer ses balances connectées en 2021. Depuis, elle a trouvé une trentaine de clients. Associé à son frère, c'est Quentin Valenti qui en est à la tête après des études en micro-électronique et systèmes embarqués. Leur volonté : proposer des balances connectées à un prix raisonnable, adaptées à la filière fragile de l'apiculture.

Breveté, le rucher connecté est composé d'une balance principale et autant de balances secondaires souhaitées qui transmettent les informations recueillies à une application : température de la ruche, poids, taux d'humidité,... Elles permettent de connaître l'état de santé des ruches et anticiper les évènements apicoles. Pour les apiculteurs, c'est une optimisation du temps et une facilitation de la prise de décision.

L'apiculture : une filière fragilisée

En 1995, la France comptait 85.000 apiculteurs contre 76.000 en 2022. L'an passé, la production tricolore a été comprise entre 12.000 et 14.000 tonnes alors que le pays en consomme trois fois plus. Sur le plan environnemental, 80 % des plantes ont besoin des abeilles pour se reproduire et une grosse partie de la production mondiale de nourriture en dépend, la filière de l'apiculture fait face à de nombreux dangers, comme le développement de la monoculture, l'urbanisation, l'utilisation de pesticides, l'exposition à la sécheresse et aux incendies, ou encore le développement des espèces parasites comme le Varroa et le Frelon asiatique.

Des ruches de plus en plus connectées

Mais Miecolo n'est pas seule sur le marché : le Négoce Cosset propose des ruches connectés dans les Deux-Sèvres tandis que d'autres startups comme Bee2beep ou Beeguard, à Toulouse. Ainsi, d'après Pierre Verger, président du Syndicat apicole de Gironde, « les balances connectées sont des technologies intéressantes pour suivre la croissance de la colonie mais elles sont déjà utilisées depuis longtemps ». Pour Quentin Valenti, la plus-value des balances de Miecolo réside dans leur autonomie en énergie, l'utilisation de fréquences non-nuisibles aux abeilles et sa légèreté de 2 kilos.

Miecolo met aussi un point d'honneur à adapter son prix aux ressources des apiculteurs. Une ruche rapportant environ 200 euros par an à l'apiculteur, le prix des premières versions de la balance connectée s'élèvent à 190 euros. Sachant que la plupart des modèles déjà présents sur le marché coûtent entre 400 et 500 euros. Alors qu'elles étaient construites en impression 3D, les balances de Miecolo sont en passe d'être industrialisées pour plus de qualité : « L'industrialisation, c'est de l'argent, un budget. C'est pour ça qu'on évite de payer un loyer avec des bureaux, on préfère le mettre dans notre industrialisation », sourit le fondateur.

Un modèle économique double

Pour l'instant, le modèle économique de la jeune pousse bordelaise se fonde sur la vente directe de la balance principale et des balances secondaires et d'un abonnement mensuel de 3 euros pour assurer des recettes récurrentes. « L'année prochaine, l'un des objectifs est d'aller signer des contrats avec des distributeurs pour qu'ils revendent nos produits », précise Quentin Valenti. Lauréate du programme French Tech Tremplin en 2021 et incubée par Unitec, Miecolo nourrit beaucoup de projets d'ici 2024. « Nous souhaitons faire nos première ventes dans plusieurs pays européens, passer le cap des 300 balances connectées, (...). Je pense que 50.000 euros de chiffre d'affaires en 2024 me semble atteignable, mais notre objectif est de 200.000 euros ! », ambitionne Quentin Valenti. Quant au produit, l'idée serait de développer une application mobile dédiée, lier les informations recueillis à des évènements apicoles concrets et, pourquoi pas, élargir le développement des balances à d'autres domaines au sein d'un bureau d'étude.

Un enthousiasme mitigé pour Pierre Verger pour qui, avant de connecter les ruches, il est surtout nécessaire de développer les ressources nécessaires aux abeilles, planter des fleurs et des arbres pour retrouver du nectar et du pollen. « Soutenir les apiculteurs consiste principalement à soutenir la production de la filière française et locale de miel, lutter contre l'importation de miels frauduleux et le mauvais étiquetage. Il faut investir directement dans l'économie de l'apiculture ! », insiste-t-il.

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Commentaire 1
à écrit le 08/07/2023 à 8:50
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Quand le canari s'asphyxie dans sa cage descendue au fond d'une mine de charbon en tant que sentinelles de l'air viendrait-il à l'idée d'une startup de lui confectionner un masque à gaz high-tech et de le proposer, même bon marché, aux aviculteurs ? ...

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