Le rapprochement politique entre le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) et La France insoumise (LFI) acté aux élections municipales à Bordeaux l'an dernier et reconduit pour les élections régionales de juin derrière Clémence Guetté a-t-il donné envie à Lutte ouvrière de s'associer à la démarche ? "Pas une seconde !", répond Guillaume Perchet, tête de liste du parti trotskyste dans la grande région, et fidèle à sa ligne révolutionnaire. "Les élections servent à débattre mais pas à changer la vie des travailleurs. Ce qui compte c'est la lutte sociale et la confrontation, pas les élections, parce qu'à la fin tous les gouvernements et toutes les régions mènent la même politique capitaliste", précise-t-il.
Ce Girondin de 50 ans, électronicien chez le sous-traitant aéronautique Nexeya et militant LO depuis plus de trente ans, mènera donc à nouveau la liste aux élections régionales. En 2015, Lutte ouvrière avait obtenu 1,41 % des suffrages au 1er tour et la liste est créditée de seulement 1 % des intentions de vote le 20 juin prochain dans le dernier sondage disponible.
Les travailleurs oubliés qui font fonctionner la société
Cette année Guillaume Perchet entend pourtant "tirer toutes les leçons de la crise sanitaire, sociale, économique et climatique qui a d'abord frappé les travailleurs", notamment ceux qui se sont trouvés en première ligne pendants les confinements. "Ce sont les travailleurs qui ont fait fonctionné la société, c'est à eux de la diriger, mais ils n'ont eu que des applaudissements !", lance-t-il, pointant le manque d'investissement dans les services de santé et les licenciements dans l'aéronautique malgré les aides très importantes déversées par l'Etat comme chez Stelia, Lisi-Creuzet Aéronautique, Toray CFE, MAP ou encore Lauak.
"2.600 emplois de la filière aéronautique et spatiale ont été détruits l'an dernier en Nouvelle-Aquitaine, selon l'Insee, particulièrement chez les sous-traitants, mais ça n'a pas empêche Airbus, Dassault, Stelia ou Safran de faire des bénéfices tout en touchant les aides de l'Etat et en faisant payer les salaires par l'argent public. La crise elle ne s'est vraiment matérialisée que pour les travailleurs. Il y a 512.000 chômeurs dans la région, ce n'est pas acceptable !", regrette le candidat de LO, qui dénonce également le désengagement de Renault vis-à-vis des Fonderies du Poitou.
Couper dans les aides aux entreprises
Pour y remédier, Lutte ouvrière préconise de supprimer les aides aux grands groupes et aux entreprises qui licencient ou qui versent des dividendes à leurs actionnaires. Il est aussi question de supprimer les dispositifs de formation aux métiers demandés par les grands comptes de l'aéronautique : "Ces entreprises qui vivent notamment des commandes publiques ont les moyens de former elles-mêmes leurs salariés, ce n'est pas à la collectivité de le faire à leur place", assure Guillaume Perchet. "Avec tout cet argent, on renforcera les services publics, les hôpitaux, les écoles, les crèches, pour répondre aux besoins bien réels des travailleurs et des habitants de la région. L'argent public doit servir à financer les services publics !", martèle-t-il.
Au fond, LO milite pour l'expropriation et la nationalisation des grandes entreprises "pour que la création de richesses bénéficie à tout le monde". Pour défendre ces idées, Guillaume Perchet recevra Nathalie Arthaud, la porte-parole nationale de Lutte ouvrière, mardi 1er juin à 18h à l'Athénée municipal à Bordeaux.