Toray CFE : la direction déboutée au tribunal, la grève se poursuit

La grève illimitée lancée depuis le 18 octobre dans les usines de Toray CFE à Lacq et Abidos (Pyrénées-Atlantiques) se poursuit. La direction de ce fabricant de fibre de carbone avait assigné en justice trois représentants syndicaux pour grève illicite. Elle a été déboutée de toutes ses demandes par le tribunal de Pau lundi 30 novembre.
(Crédits : DR)

En Nouvelle-Aquitaine, comme en Occitanie, de très nombreux sous-traitants de l'aéronautique et de l'industrie, grands et petits, sont confrontés à de grosses difficultés économiques en lien avec l'effondrement du trafic aérien mondial en 2020. Dans la plupart de ces entreprises, les négociations entre directions et syndicats sur les suppressions d'emplois et le contenu des plans d'accompagnement sont plutôt constructives. Mais ce n'est pas le cas au sein de Toray CFE, à Lacq et Abidos, dans les Pyrénées-Atlantiques, où les relations sociales ne cessent de se durcir depuis l'annonce d'un plan de départs volontaires par la direction le 15 octobre dernier.

Une grève illimitée initiée dès le 18 octobre par la CGT (2e syndicat dans l'entreprise) puis avec FO (3e syndicat) depuis le 2 novembre, est toujours en cours. 42 postes sont menacés dont 29 dans le cadre d'un plan de départs volontaires qui viennent s'ajouter au treize non remplacés depuis début 2020. L'équipementier; présent sur les marchés de l'aéronautique, de l'industrie et des loisirs, accuse une chute de son chiffre d'affaires de 30 % en 2020 et n'espère pas rebondir avant 2025/2027.

Lire aussi : Toray CFE : 42 suppressions de postes et un conflit social qui s'envenime à Lacq

"Le droit de grève est un droit constitutionnel"

Pour tenter d'enrayer le mouvement de grève, la direction de cette entreprise de 412 salariés, est allée jusqu'à a assigner en référé d'heure en heure au tribunal de Pau trois responsables syndicaux de la CGT et de FO pour grève illicite. Une démarche rare. En vain. Le jugement en référé rendu lundi 30 novembre, que La Tribune a consulté, déboute en effet la direction de Toray CFE sur ses demandes et considère le mouvement social en cours comme légal.

"Les cessations de travail entraînent immanquablement une diminution de la production mais il convient de rappeler que le droit de grève est un droit constitutionnel qui ne peut être remis en cause qu'en cas d'abus de droit. [...] Aucune preuve n'est rapportée de ce qu'il y aurait dans le cadre de ce mouvement une atteinte à la liberté du travail des salariés non grévistes, pas plus que l'implantation d'un piquet de grève ou une restriction à la libre circulation des marchandises", écrit le tribunal.

"Le tribunal a rappelé que la grève est un droit constitutionnel qui n'a pas à être remis en cause", se félicite Timotée Esprit, délégué syndical CGT chez Toray CFE. Le mouvement de grève est donc toujours en cours et le syndicaliste assure que cette victoire sur le terrain juridique a même consolidé le mouvement.

De son côté, la direction de Toray CFE, qui demandait l'arrêt immédiat de la grève tournante par débrayages successifs et répétés avec une astreinte de 1.000 euros par personne et par infraction constatée, indique à La Tribune prendre acte de cette décision mais ne pas souhaiter s'exprimer. Mi-novembre, Toray CFE estimait déjà le coût de la grève à plus de 900.000 euros. La procédure d'information du plan de suppression de postes par un plan de départs volontaires puis, le cas échéant, un plan de sauvegarde de l'emploi, doit s'achever le 4 janvier 2021.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 04/12/2020 à 13:01
Signaler
Quand on aura plus de fibre de carbone fabriqué en France, les syndicats seront content d'avoir détruit une entreprise de plus

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.