Navette Air France : Bordeaux Métropole demande la reprise des vols vers Orly

Par Pierre Cheminade  |   |  652  mots
La navette Air France entre Bordeaux et Orly est à l'arrête depuis le printemps 2020. (Crédits : SA ADBM / APPA)
Réuni en séance plénière, vendredi 19 mars, le conseil de Bordeaux Métropole a adopté une motion demandant au gouvernement de rétablir deux liaisons aériennes matin et soir entre Bordeaux Mérignac et Paris Orly. Les élus EELV et En Marche et Philippe Poutou ont voté contre.

Votée par les élus PS, PCF et Générations de la majorité et par le groupe d'opposition Métropole commune (droite et centre) ce texte demande officiellement le redémarrage de la navette Air France quotidienne entre l'aéroport de Bordeaux Mérignac et celui de Paris Orly, au sud de Paris. Comme sur d'autres sujets, tels que l'aéroport et les Girondins de Bordeaux, la plupart des élus du groupe écologiste ont exprimé leur désaccord avec leurs alliés de la majorité en votant contre le texte.

A l'arrêt depuis le mois de mai 2020, à la suite du 1er confinement, la navette qui était fréquentée par 550.000 passagers par an, n'a pas redécollé depuis. Elle devrait, selon toute vraisemblance, rester définitivement au sol malgré les demandes des élus locaux et régionaux et de la CCI Bordeaux Gironde.

Lire aussi : Aéroport de Bordeaux : vers un accord politique local sur la navette Air France ?

"Cette suppression d'une liaison aérienne entre Bordeaux et Orly aura de graves conséquences sur l'économie et l'emploi du territoire qui n'ont pas été évaluées par le gouvernement. La métropole de Bordeaux accueille un bassin aéronautique de première importance générant 35.000 emplois et contribuant fortement au développement de la filière aéronautique française autour de groupes industriels de rayonnement mondial", est-il écrit dans la motion votée par le conseil métropolitain, qui assure que "le maintien d'un transport aérien minimal n'est pas contraire à une forte volonté de transition écologique comme le rappelle l'Union européenne qui admet la complémentarité entre l'aérien et le ferroviaire."

"Rétablir une offre minimale"

Alors que l'article 36 du projet de loi climat et résilience, actuellement examiné par l'Assemblée nationale en procédure accélérée, prévoit d'interdire les dessertes aériennes dès lors qu'une alternative de moins de 2h30 en train existe, les élus bordelais attendent un geste du gouvernement pour rouvrir deux liaisons le matin et le soir, contre dix aller-retour quotidiens auparavant :

"Il est demandé au gouvernement, au regard des enjeux économiques et sociaux d'une telle suppression pour notre territoire, d'introduire un amendement au projet de loi permettant, par exception, de rétablir une offre minimale (deux liaisons aériennes matin et soir) sur le fondement d'une analyse spécifique à chaque territoire. Cette disposition dérogatoire au principe général permettrait d'organiser une transition acceptable, incitative et encadrée dans le temps pour réduire progressivement les transports aériens de courte distance lorsqu'une alternative ferroviaire existe. Elle permettrait également de travailler à la sécurisation des transitions professionnelles."

Lire aussi : Aéronautique : la loi Climat met-elle en danger l'avion (du futur) ?

Le groupe Renouveau Bordeaux Métropole, qui réunit des élus LREM, soutien au contraire le gouvernement et a voté contre cette motion. "Passer à deux vols par jour concernerait peut-être quelques centaines de passagers mais ne serait pas un outil significatif pour le dynamisme de notre territoire. Sans compter que la viabilité économique de cette ligne ne serait pas au rendez-vous", écrivent les élus En Marche, qui ajoutent "cette transition écologique ne pourra se faire qu'avec des décisions fortes et des changements de comportements." Clément Rossignol-Puech, vice-président écologiste de la Métropole, juge lui le texte insuffisamment ambitieux, estimant qu'il faut prendre des décisions plus immédiates et plus strictes contre le dérèglement climatique.

A noter que Philippe Poutou (Bordeaux en luttes) a lui-aussi voté contre le texte tandis que Sébastien Saint-Pasteur (PS) et Typhaine Cornacchiari se sont abstenus.

Dans l'immédiat, à la fois l'aéroport de Bordeaux Mérignac (55 postes supprimés) et la direction régionale d'Air France (130 postes supprimés) ont annoncé d'importantes coupes dans leurs effectifs.

Lire aussi : Patron emblématique de l'aéroport de Bordeaux, Pascal Personne vient de mourir